La lettre interrompue
La cafétéria de l’université était étrangement calme ce jeudi après-midi. Quelques étudiants dispersés, un léger murmure, le cliquetis des tasses… Marie-Louise s’était installée près d’une fenêtre, un carnet ouvert devant elle, un stylo en main. Écrire lui faisait du bien, l’aidait à calmer les tourments qui agitaient son cœur.
Elle prenait une grande inspiration, les yeux fixés sur la page blanche. Puis, doucement, les premiers mots glissèrent sous sa plume.
« Côme, je ne sais pas par où commencer… Tu es devenu ce souffle qui habite mes jours, ce silence qui apaise mes nuits. Mais j’ai peur, peur que tout cela ne soit qu’un rêve fragile… »
Chaque phrase était un pas vers la vérité, vers ce qu’elle avait toujours gardé enfoui. Elle voulait que cette lettre soit son courage, sa sincérité, un pont entre eux.
Soudain, une voix douce la tira de sa concentration.
— Marie-Louise…
Elle leva les yeux, le cœur battant plus vite. Marin se tenait là, un sourire calme sur les lèvres, un pli de papier à la main.
— Je peux te parler un instant ?
Elle hésita, le regard cherchant Côme à travers la salle. Il était à l’autre bout, plongé dans ses notes, inconscient de cette intrusion.
— Je suis en train d’écrire quelque chose, répondit-elle doucement, essayant de ne pas paraître trop froide.
— Juste une minute, s’il te plaît, insista Marin, avançant de quelques pas.
Marie-Louise sentit la panique monter, la gorge se nouer. Ses doigts tremblaient légèrement sur la feuille.
— D’accord… Mais ce sera rapide.
Marin s’assit en face d’elle, posant son regard sur la lettre, puis sur elle.
— Je sais que tu as reçu mes messages, murmura-t-il. Je voulais juste que tu saches… Je t’aime, Marie-Louise. Depuis toujours.
Le silence s’installa, lourd, vibrant d’émotions contenues. Marie-Louise baissa les yeux vers sa lettre, puis releva la tête, le souffle court.
— Je… je ne savais pas.
Marin sourit, tendre et sincère.
— Je comprends que ça puisse te surprendre. Je ne te demande rien, juste d’y réfléchir.
Elle sentit son cœur tiraillé entre cette confession et le lien profond qui l’unissait à Côme. La lettre, oubliée un instant, attendait son destin.
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