Promenades en échos et silences
Les écouteurs vissés sur les oreilles, Marie-Louise avançait le long des quais baignés d’une lumière douce de fin d’après-midi. Les rythmes entraînants de sa playlist de Kpop explosaient en cascades de sons vifs et mélodieux, un contraste saisissant avec la tempête silencieuse qui faisait rage dans sa poitrine.
La musique était son refuge, son échappatoire, un mur invisible dressé entre elle et ses pensées trop lourdes. Pourtant, même derrière ce bouclier vibrant, les questions revenaient, lancinantes, implacables.
Pourquoi maintenant ? Pourquoi ce message de Marin ?
Le simple fait de penser à lui lui serrait la gorge. Marin, le garçon populaire, doux et discret à la fois, celui qui lui avait envoyé cette déclaration qui la tourmentait encore. Elle ne savait pas quoi faire. Ne pas ouvrir le message avait été son premier réflexe, un refus silencieux, une tentative de s’éloigner de ce trouble. Mais le cœur ne ment pas. Elle sentait ce frisson d’excitation mêlé à la peur.
Soudain, elle sentit un regard sur elle. Retirant un écouteur, elle croisa le regard de Marin, assis sur un banc à quelques mètres. Son regard était doux, presque tendre, mais avec une intensité qui la fit vaciller.
— Salut, Marie-Louise. Dit-il d’une voix calme, presque hésitante. Tu as vu mon message ?
Elle détourna les yeux, la gorge sèche, un poids lourd dans la poitrine.
— Je... Je ne l’ai pas encore lu.
Marin se leva doucement, s’approchant d’elle.
— Je comprends que ça te surprenne. Je voulais juste que tu saches que je t’aime, depuis longtemps. Je n’ai jamais voulu te mettre mal à l’aise.
Elle prit une grande inspiration, cherchant ses mots.
— Je ne savais pas, Marin. Je... C’est beaucoup à digérer.
Un silence s’installa, mais la proximité de Marin, sa voix posée, calmaient un peu la tempête qui bouillonnait en elle.
Pourquoi est-ce que ça me trouble autant ? Pourquoi cette peur ?
Elle regarda autour, voyant les passants, les couples main dans la main, la vie qui continuait, alors qu’elle semblait figée dans cette incertitude.
— Et Côme, alors ? demanda-t-elle finalement, la voix tremblante.
Le visage de Marin se referma un instant, une ombre passa dans ses yeux.
— Je sais que vous êtes proches. Je ne veux pas gâcher ça. Mais je voulais être honnête, parce que tu mérites la vérité.
Marie-Louise sentit ses émotions se bousculer, le poids des choix qui s’imposaient à elle.
Elle se mordit la lèvre, la peur mêlée à l’espoir.
— Je ne sais pas quoi faire... J’ai peur de perdre des amis, de faire mal, de me tromper.
Marin posa une main légère sur son épaule, un geste rassurant.
— Prends ton temps. Je serai là, si jamais tu veux parler.
Elle hocha la tête, incapable de répondre autrement.
Puis, un pas derrière elle fit tourner son regard.
Côme était là, calme mais le visage fermé.
— Marie-Louise... Je voulais te parler.
Elle se détourna légèrement, le cœur battant.
— Pas maintenant, Côme. J’ai besoin de réfléchir.
Il s’avança un peu, mais respecta sa distance.
— Je comprends. Juste... Je tiens à toi, tu sais.
Elle ne répondit rien, le silence lourd entre eux.
Ses pensées s’emballaient.
Est-ce que je peux faire confiance à mon cœur ?
À qui dois-je me fier ?
Est-ce que l’amour doit faire mal ?
La musique reprit dans ses oreilles, plus douce, presque triste.
Elle ferma les yeux un instant, laissant ses doutes, ses peurs, s’entrelacer dans ce moment suspendu.
Le soir tombait lentement, et elle marchait encore, entre le poids du passé et l’incertitude du futur.
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