Ce que l'on ne dit pas

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Le regard de Côme pesait lourd, si lourd que l’air autour d’eux sembla se figer.

Marie-Louise ne bougeait pas. Son cœur battait dans sa gorge. Son souffle s’était raccourci, comme si tout son corps hésitait entre reculer ou parler. Elle sentit une brûlure monter dans sa poitrine — une colère mêlée à une tristesse qu’elle ne comprenait pas entièrement.

— Qu’est-ce que tu fais là, Côme ? demanda Marin, d’une voix basse, mais ferme.

Côme ne répondit pas immédiatement. Il fixa Marin avec une froideur qui tranchait avec la douceur habituelle de ses yeux. Il semblait... blessé. Non, plus que ça. Ébranlé.

— Ce n’est pas à toi de poser la question, répliqua-t-il enfin, en détournant un instant les yeux vers Marie-Louise. C’est à elle.

Marie-Louise serra les dents, se redressa. Mais aucun mot ne sortit. Son regard allait de l’un à l’autre, perdue, étranglée par l’émotion.

Marin se leva à son tour. Son ton restait calme, mais une tension discrète faisait trembler ses épaules.

— Elle a le droit d’être ici, Côme. Elle a le droit de parler à qui elle veut. Tu n’es pas...

— Je veux parler à Marie-Louise, seul, coupa Côme. Pas avec un public.

Il ne criait pas. Mais sa voix était tranchante. Inflexible.

Un silence brutal tomba. Marie-Louise sentit son cœur se rétracter.

Elle se retourna lentement, croisant le regard de Côme.

Il avait mal. Elle le voyait. Il ne savait pas comment le dire, alors il blessait. Comme elle l’avait redouté.

— Tu n’as pas à me parler comme si j’étais coupable, dit-elle enfin, à voix basse.

— Tu ne l’es pas, répondit-il immédiatement. Mais tu es partie. Sans rien dire. Et maintenant, je te retrouve… avec lui.

Marin avança d’un pas, protecteur.

— Tu dépasses les limites, Côme. Ce n’est pas une compétition. Elle n’est pas un objet.

— Je le sais, répondit Côme en le fusillant du regard. C’est pour ça que je voulais lui parler. À elle.

La pression devenait insupportable. Les mots, les regards, les tensions non dites. Marie-Louise sentit sa gorge se nouer, ses jambes se raidir. Une brume montait dans son esprit.

— J’en peux plus, murmura-t-elle.

Et elle recula.

Un pas. Puis deux. Puis elle tourna les talons, sans un mot de plus. Elle courut presque, le souffle court, les larmes au bord des cils. Loin d’eux. Loin de leurs attentes, leurs silences, leurs blessures.

Loin de ce qu’elle ne savait plus gérer.

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