L'éloignement

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Marie-Louise s’éloigna à grandes enjambées, le bruit de ses pas étouffé par la mousse du sous-bois. Elle ne savait pas où elle allait. Seulement qu’elle devait s’éloigner. De Côme. De Marin. De tout ce qui brûlait en elle comme une fièvre.

Ses mains tremblaient. Elle s’enfonça plus loin dans la forêt, là où les arbres formaient une arche de silence. Elle marcha jusqu’à ce que ses jambes crient, jusqu’à ce que son souffle s’apaise. Jusqu’à ce qu’elle puisse entendre autre chose que ses propres pensées.

Elle s’arrêta au bord du ruisseau, là où elle allait souvent, autrefois, quand elle avait besoin de solitude. L’eau coulait doucement, indifférente aux drames humains.

Elle s’accroupit, plongea ses doigts dans l’eau glacée.

Puis elle entendit des pas.

Elle se figea, le dos tendu, le cœur à nouveau en alerte.

— Je suis désolé.

La voix de Côme. Plus douce. Plus fragile.

Il s’arrêta à quelques mètres, comme s’il savait que s’approcher davantage serait trop.

— Tu aurais dû me laisser partir, dit-elle sans se retourner.

— Je ne pouvais pas.

Un silence.

— Tu veux que je m’excuse ? Je peux. Mais ça changera rien. Ce que je veux… c’est comprendre.

Marie-Louise ferma les yeux. Les mots se bousculaient, mais rien ne trouvait encore sa forme.

— Tu m’as laissé croire que c’était fini entre nous, murmura-t-elle. Tu t’es effacé. Lentement. Comme si tu voulais que ce soit moi qui parte, pour ne pas avoir à le faire toi-même.

Côme ne répondit pas tout de suite. Elle l’entendit s’asseoir dans l’herbe.

— J’avais peur, admit-il enfin. Peur de te dire que je me perdais. Que je ne savais plus qui j’étais… avec toi. Ou sans toi.

Elle tourna la tête vers lui. Il la regardait avec cette vulnérabilité rare, celle qu’il ne montrait jamais.

— Et maintenant ? demanda-t-elle.

Il haussa à peine les épaules.

— Maintenant, je me rends compte que je t’ai perdue avant même que tu partes. Et que je t’en ai voulu de ce vide que j’ai créé moi-même.

Le silence tomba à nouveau. Mais cette fois, il n’était pas hostile. Il portait autre chose. Peut-être le début d’une vérité.

Marie-Louise soupira, longuement. Elle sentit les larmes couler, sans colère, juste… un trop-plein qui se vidait.

— Je t’ai aimé, Côme. Mais j’ai dû apprendre à m’aimer aussi. Et ça, ça ne passait pas par rester là à attendre que tu reviennes.

Il hocha la tête. Il ne tenta pas de se défendre. Il comprenait, enfin.

Et dans ce frêle accord, quelque chose se relâcha.

Pas de pardon, pas encore.

Mais peut-être, un pas vers la paix

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