Ce qu'il reste d'elle

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Le silence pesait dans l’air depuis qu’elle était partie.

Côme avait erré un moment, seul, les mains dans les poches, les yeux perdus dans les feuillages. Il n’arrivait pas à digérer ce qu’elle avait dit. Pas parce que c’était injuste — mais parce que c’était vrai.

Il la voyait encore s’éloigner, droite, digne. Ce n’était pas une fuite. C’était une décision. Et ça, c’était pire que tout.

Il ne pouvait pas rester là, à ne rien faire.

Alors il marcha. Jusqu’au vieux hangar. Là où Marin passait souvent ses fins de journée, comme s’il s’enracinaît dans la terre qu’il réparait.

Il était là, bien sûr. Assis sur une planche, un tournevis à la main. Toujours calme. Toujours là.

Côme s’approcha, la mâchoire tendue.

— Elle est partie, dit-il sans préambule.

Marin ne leva même pas les yeux.

— Oui.

— Et toi… t’as rien dit. Rien fait. Juste regardé.

— C’était sa décision.

Côme ricana, amer.

— C’est facile pour toi, hein ? De ne pas bouger. D’avoir l’air raisonnable. Serein. Ça te rend presque vertueux, non ?

Marin leva enfin le regard. Lentement.

— Tu veux quoi, Côme ? Que je me justifie ? Que je m’excuse d’exister ? Je ne suis pas ton ennemi.

— T’as toujours été là, souffla Côme. Comme une ombre. Comme une foutue alternative. Tu n’as jamais eu à faire d’erreur, toi. T’as juste attendu qu’elle soit assez brisée pour venir la réparer.

— Non, dit Marin, la voix plus grave. J’ai attendu qu’elle me voie. C’est pas pareil.

Côme se figea.

— Tu crois que j’ai pas vu sa douleur ? Tu crois que je l’ai pas sentie glisser entre mes doigts, jour après jour ? Je me suis tu, oui. J’ai eu peur. J’ai préféré me taire plutôt que de dire que je ne savais plus l’aimer comme elle le méritait.

Il se passa une main dans les cheveux, secoué.

— Et toi… tu dis rien, mais tu sais exactement ce que tu veux. T’es sûr de toi. Solide. Moi, je suis le type bancal. Le type qu’elle ne peut plus choisir.

Marin hocha doucement la tête. Il acceptait cette vérité, sans l’enfoncer.

— Peut-être. Mais moi, je ne me battrai pas contre toi, Côme. Ce n’est pas une question de mérite. C’est elle qui décidera. Et je serai là. Si elle revient.

Côme baissa les yeux. Le combat était terminé. Il ne restait plus que les cendres.

Il tourna lentement les talons, sans un mot de plus. Et Marin, seul au milieu des outils et du vent, reprit son travail. Lentement. Comme on attend quelque chose qu’on ne veut pas forcer.

Quelqu’un.

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