Trois semaines au fil de l'eau
Chaque matin, le premier rayon de soleil caressait doucement le visage de Marie-Louise, la tirant hors de ses rêves nocturnes. Elle ouvrait alors son carnet, devenu son compagnon de solitude et de vérité. Les pages noircies racontaient son combat intérieur : la peur de l’abandon, le poids des non-dits, mais aussi des éclats d’espoir furtifs.
Elle avait appris à observer chaque détail du lac : la danse des libellules au-dessus de l’eau, le léger frémissement des roseaux, le glissement silencieux des poissons sous la surface. Tout semblait lui murmurer que la vie continuait, même dans l’attente.
Parfois, elle revoyait en son esprit les visages de Côme et Marin, leurs sourires, leurs silences partagés. Elle se demandait si eux aussi, loin d’elle, étaient en train de se chercher. Et parfois, cette pensée lui serrait le cœur ; parfois, elle lui apportait une douce consolation.
Elle s’était aussi imposée des rituels pour garder un rythme : chaque matin, une promenade autour du lac, les pieds nus sur la terre fraîche, pour sentir la réalité sous ses pas. Chaque soir, un moment d’écriture au coin du feu, où elle laissait couler ses émotions, sans jugement.
Le plus difficile restait d’accepter l’incertitude. Elle ne savait pas combien de temps durerait ce retrait, ni si ce retour à elle-même changerait la donne. Mais petit à petit, elle sentait ses peurs perdre de leur emprise, remplacées par une curiosité nouvelle, une envie de découvrir ce qu’elle voulait vraiment, au-delà des attentes des autres.
Un jour, en écrivant, elle trouva ces mots qui résonnaient comme une promesse :
« Peut-être que se perdre un peu, c’est la seule façon de vraiment se retrouver. »
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