Le bord du lac
Le soleil déclinait lentement sur l’eau, tissant sur la surface des reflets d’or et de cuivre. Le vent caressait les roseaux, et le monde semblait retenir son souffle.
Marie-Louise était arrivée en avance. Trop en avance. Assise sur le vieux banc de pierre, elle observait le lac comme si elle essayait d’y lire l’avenir.
Elle avait les mains posées sur ses genoux, les doigts entrelacés pour ne pas trembler. Elle portait une robe simple, claire, comme si elle voulait apparaître telle qu’elle était : sans défense, mais droite.
Le silence autour d’elle n’était pas celui de la solitude — c’était celui de l’attente. Un silence dense, traversé de mille pensées.
Elle ne savait pas qui arriverait en premier.
Ce fut Marin.
Elle le vit surgir du sentier boisé, silhouette fine, silhouette rapide. Il marchait avec cette énergie qui le caractérisait toujours : tendue, fébrile, comme si chaque pas pouvait être le dernier.
Lorsqu’il aperçut Marie-Louise, il s’arrêta. Une seconde. Juste une seconde.
Puis il reprit sa marche, plus lente.
— Tu es là, dit-il simplement.
Elle hocha la tête, un sourire à peine dessiné.
— Merci d’être venu.
Il ne demanda rien. Ne posa aucune question. Il s’assit à ses côtés, sans effleurer son épaule, sans frôler sa main. Il respectait l’espace. Peut-être pour la première fois.
Et quelques minutes plus tard, Côme apparut à son tour.
Son pas était plus mesuré, presque hésitant. Lorsqu’il vit Marie-Louise, il sourit, doucement.
Puis il vit Marin.
Un bref silence s’installa dans son regard.
Marie-Louise se leva. Elle ne voulait pas qu’un seul mot soit prononcé trop vite.
— Je vous ai demandé de venir sans vous dire que vous seriez deux. Parce que je ne veux plus être un choix à faire. Ni un terrain de lutte. Ni une fuite.
Elle inspira.
— Je suis là, maintenant. Et je veux vous parler. Vous écouter. Mais surtout… je veux qu’on soit vrais. Sans jeu. Sans façade.
Les deux hommes ne dirent rien tout de suite.
Le vent soufflait légèrement. Le lac semblait tendre l’oreille.
Marin baissa les yeux.
Côme, lui, regarda droit devant lui, vers l’eau.
— Alors, parla Marin le premier, est-ce que c’est une fin ? Ou un début ?
Marie-Louise les regarda tous les deux, et répondit simplement :
— C’est un carrefour. Le reste… je ne le sais pas encore. Mais je suis prête à avancer. Si vous l’êtes aussi.
Et le silence qui suivit ne fut pas un malaise. C’était un espace, ouvert. Un moment suspendu. Un instant de vérité.
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