Encore et toujours

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Quand bien même je peux espérer des changements. Quand bien même je peux espérer qu’il me prouve qu’il est le père que j’ai toujours voulu pour ma fille. Le seul mot qui me vient à l’esprit quand je pense à lui est déception.

Je n’aurais jamais pensé qu’une seule personne puisse me faire ressentir autant de regrets. Non pas que je sois triste ou dégoûtée, non c’est bien pire. En fait, plus j’avance loin de lui et plus je me rends compte qu’il n’est que pur mensonge. Il prétend se soucier de sa fille, de l’aimer plus que tout, d’avoir une relation fusionnelle avec elle mais finalement je m’aperçois que ses actes sont bien éloignés de ses paroles. J’ai envie de dire que vis-à-vis de moi je n’avais pas de surprise mais de là à ne pas appeler sa fille pour son anniversaire avant qu’elle aille au lit car il a son rituel du bar avec les collègues le vendredi soir …

Je suis déçue oui, j’ai envie de le cogner pour qu’il se rende compte du mal qu’il fait. La personne qui a consolé une petite fille en pleurs réclamant « papa » en pointant le téléphone du doigt, c’est moi. Et ça, c’est la pire douleur qui soit pour une mère.

Depuis qu’il n’a plus sa voiture et son logement, il ne voit quasiment jamais sa fille. Je lui ai proposé de lui emmener et de venir la chercher mais les demandes pour la voir sont rares. Il faut que ça vienne de moi. Je connais l’importance qu’il a pour ma fille, que c’est dur pour elle de ne pas le voir. Mais même si quand il en parle il pleure, il n’y a rien dans son comportement qui prouve ses sentiments. Je suis fatiguée de lui demander s’il veut prendre sa fille. Mais bon au final quand il l’a le samedi il va quand même dépanner son boulot plutôt que d’en profiter.

Oui j’ai la haine contre lui. Parce que comme depuis toujours, il ne pense pas aux réels besoins de ses enfants. D’ailleurs il m’a toujours dit « Elle est habituée à papa pas là », mais est-ce une raison pour continuer maintenant que tu ne la vois pratiquement pas ?

Il fait ressortir le pire en moi. La violence, l’envie de tout casser, de tout lui balancer à la figure. Également le poison des paroles blessantes pour le faire réagir. Tout ce que je veux est un père présent. Et que s’il continue, j’espère juste qu’elle ne l’oubliera pas, qu’elle sera toujours contente de la voir et non pas indifférente. Je me bats peut-être à tort. Ou à raison. Je ne sais pas. Mais ma patience et ma tolérance commencent à arriver au bout de leurs limites. Je n’ai jamais compris, je ne comprends toujours pas. Et je suis fatiguée de vouloir essayer de comprendre, de vouloir trouver des excuses, de réconforter ma fille qui pleure dès qu’on lui parle de papa.

Mon cœur de maman veut bien se sacrifier encore un peu, veut bien tenir le coup pour elle. Mais à force, sans différence, à quoi bon ? À quoi ça sert de se prendre la tête et forcer les choses quand derrière, en fait, ça ne fait ni chaud ni froid ? J’aimerais seulement voir ce qui se passerait si je ne donnais plus de nouvelles, si je ne proposais plus mon aide, si tout simplement je ne forçais plus les choses ? Je suis sûre que j’aurais encore des surprises, des mauvaises certainement.

Cela ne me rassure pas pour la suite. Quand j’habiterais à une heure de chez lui, et que je ne pourrais pas forcément faire les trajets. Que se passera-t-il ? Il m’a prévenue que ma garde déjà complète s’intensifiera. Les vacances et le mercredi je devrais me débrouiller, bien que ce soit en partie déjà le cas. Je m’inquiète sincèrement pour l’équilibre de ma fille. J’espère que cela ne pèsera pas trop sur son cœur et sa santé.

Même si dans ma vision des choses deux parents heureux séparément est préférable à deux parents ensemble qui se déchirent, je n’ignore pas l’importance pour l’enfant d’avoir ses deux parents présents et impliqués dans sa vie. C’est pourquoi j’insiste autant avec le père de ma fille. Mes parents, mes collègues me disent d’arrêter, de faire ma vie avec elle sans me préoccuper de lui qui visiblement, vit sa meilleure existence sans nous. Cependant une partie de moi croit dure comme fer qu’il n’est pas insensible, qu’il souffre aussi de cette distance que j’ai immanquablement imposée à lui et ma fille en me séparant et que par conséquent, c’est à moi de faire en sorte de maintenir leur lien.

Je ne sais pas, je ne sais plus comment me positionner dans cette situation. Mais tout ce que je sais c’est que c’est un poids sur le cœur, une colère mélangée à de la tristesse et de la déception. À un sentiment d’obligation mêlé à une petite pointe de culpabilité. Une prise de tête constante et une fatigue mentale beaucoup trop importante. Je vais devoir changer mes méthodes, prendre des décisions radicales et surtout décrocher afin de libérer mon esprit car après tout, s’il n’entretient pas son lien lui-même personne ne le fera. Il n’est plus un petit garçon qu’on doit prendre par la main pour lui faire assumer ses responsabilités, lui faire prendre les devants et tout faire à sa place. Je ne suis pas sa mère, je ne suis plus sa compagne. Et ce n’est plus à moi de maintenir ce lien père-fille en forçant les visites.

Plus facile à dire qu’à faire encore une fois. Certes je sais quelle direction prendre, maintenant il faut choisir quand s’engager sur la voie. Pour l’instant je ne pense pas être prête à lâcher totalement prise car beaucoup de choses vis-à-vis de lui et ma fille me tiennent encore trop à cœur. Mais au moins, cela m’apprendra au passage à contrôler mes sentiments et ressentis. À prendre le recul nécessaire sur certaines choses qui sont hors de ma portée.

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