Détachée ou presque

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Les pleurs d’un parent qui se rend compte du détachement de son enfant. Ma position en tant que mère est délicate et inconfortable. Ma fille a vu son père ce week-end mais l’indifférence qu’elle a pu avoir m’a vraiment fait mal au cœur. Pourtant elle a été très proche de son papa durant les deux jours mais elle me réclamait. Le premier jour, à peine arrivée elle disait « aurevoir » à son père et voulait remonter en voiture, comme si deux minutes suffisaient. Je n’y ai pas prêté attention. Le lendemain il me la ramène à la voiture et me dit clairement qu’elle ne voudra pas rester chez papa. Qu’elle préfère sa mère. Petit orgueil improvisé tout de même et flattée de me sentir importante pour ma fille qui a été vite assombri par les pleurs du papa.

Malgré la rancune que je peux lui porter et les nombreuses fautes ayant été commises. Certaines choses ne peuvent pas lui être enlevées. Il a toujours été présent dans les débuts et s’occupait de sa fille très régulièrement. Petit à petit il s’est éloigné de ces tâches quotidiennes. Mais il aime sa fille très fort, à sa façon, pas forcément la meilleure, certes, mais tout de même. Je sais pertinemment que c’est un bon père et qu’il souffre quand même énormément, notamment de se rendre compte que tout comme son demi-frère, sa fille prend le même chemin du détachement de papa. Pas faute de l’avoir prévenu maintes et maintes fois.

Avec recul, malgré toutes les erreurs et son mauvais comportement, c’est quelqu’un qui a bon cœur. Quelqu’un qui a souffert dans son enfance. Qui a dû grandir plus vite que les autres. Je ne lui cherche pas d’excuses car sa façon de penser est très limitée, ses réactions sont très prévisibles et il reste toujours buté. Mais il a su fournir des efforts, pas forcément sur le long terme, mais il a essayé de changer. Le naturel revient au galop, trop souvent, très rapidement avec lui. Je n’ai pas été malheureuse, il m’aimait très fort, j’étais sa priorité, son trésor. Mais cela ne fait pas tout. Sa façon de se défendre était toujours de me rabaisser, de prouver que lui il portait la maison, qu’il se levait toujours en premier, etc. Quand la situation devient pesante, difficile, que les reproches fusent et que tu ne peux plus vivre. Tu t’éloignes.

J’ai essayé de panser ses blessures, de le pousser à changer, et d’une certaine façon il l’a fait. Bercé dans les addictions les plus intenses, il en avait pris le chemin : drogue, alcool. J’ai réussi non sans mal à lui faire prendre la décision d’arrêter la drogue, il se vengeait sur la boisson. Aujourd’hui il pense que je l’ai quitté pour ça. Alors même si cette raison faisait partie du choix de mon départ, ce n’était pas la raison la plus importante. Il a progressé tout de même, il est devenu plus patient, moins égoïste mais les changements les plus radicaux sont intervenus après notre séparation, quand il a voulu que je revienne. Ma confiance s’étant amenuisée, je savais pertinemment que si j’opérais un demi-tour, lui aussi. Dorénavant, il se prend en main, met les bouchés-double pour s’en sortir. Ce que je lui demandais depuis un certain temps mais il n’a jamais mis en place ce qu’il fallait. Dans un certain sens, je suis fière et heureuse pour lui, d’avoir provoqué ce changement. Je sais qu’il va devenir une meilleure personne, et je regrette qu’il ne l’a pas fait pour moi, car je l’aimais très fort et je souhaitais de tout mon cœur que ça fonctionne. Le fait est que je me rends compte aujourd’hui qu’il est pratiquement devenu la personne que je souhaitais avoir dans ma vie, sans moi. Je me suis aperçue qu’il est devenu un homme meilleur, mais pas pour moi. Et que par conséquent, je ne me permets pas d’y retourner car il replongera dans ses travers. La femme qui me suivra aura plus de chance que moi et elle sera certainement heureuse car il reste une belle personne avec ses cicatrices, ses qualités et ses défauts.

Pour ma part, j’ai changé aussi, je ne le nie pas. J’ai compris que le sacrifice et l’acceptation de tout et n’importe quoi n’est plus fait pour moi. Je mérite mieux. J’attends cette personne qui saura me rendre heureuse, celle qui acceptera d’être un bon amant, un bon beau-père également. J’ai accepté le fait que ma vie et mon bonheur ne sont pas auprès du père de ma fille. Je l’ai grandi comme il m’a fait mûrir également. On se doit mutuellement. Mais l’avenir n’est plus un chemin à parcourir ensemble.

Pour conclure, je me suis enfin détachée du papa. Ce que j’espère c’est que ma fille ne prendra pas le même chemin.

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