4 - Nuit blanche

27 minutes de lecture

Je ne sais pas combien de temps je suis restée sous la pluie fixant le ciel, le regard vide, j’avoue avoir également du mal à me souvenir précisément comme j’avais fait pour arriver ici. La déprime me saisit de nouveau, plus violement encore que ce matin. Je me sens perdu, horriblement triste, totalement seul, de plus ces vagues de tristesse me fatigue tellement. Je regarde autour de moi, la nuit est tombée et la forêt est devenue effrayante, les arbres se dressent dans la pénombre d'une manière inquiétante et mon sang se glace à cette vision, me rappelant inévitablement cette soirée et mes mauvais rêves. Cette soirée qui hante mes nuits comme mes journées, cette nuit qui a fait de moi la jeune fille que je suis, anxieuse, incapable de pleuré et de pouvant plus dormir normalement. J’ai tellement froid, je suis épuisé, et plus encore ici dans cette obscurité qui m’enveloppe je me sens à bout de force, comme lassé pour ces longues journées, ces longues semaines, années à me torturer avec ça. Le feu qu’avait allumé Alex dans cette salle de cours avait céder sa place à une montagne de centre qui ne fumé même pas. Cela fait déjà trop longtemps que je me bats contre mes démons et ceux de mon père. A qui parlait ? Qui pourrait me comprendre ? Après tout je suis la fille d’une femme qu’on avait tuée. Les regards, les remarques, les cauchemars, tout ça est trop lourd pour moi, et le fardeau devint de plus en plus lourd au fur et à mesure que le temps passe, je ne suis encore qu’une enfant. Alors pourquoi la vie me mettait tans à l’épreuve... Quand je pense à tout ce que j’ai perdu, il y a tant de chose que j’aurai aimé raconter à ma mère, que j’aurai aimé partager avec elle, tellement de chose que je ne sais pas et que seul elle aurait pu m’expliquer, elle était la seul à me rassurer, à chasser mes cauchemars. Malgré toute ces années ce n’est pas son fantôme qui me hante, mais cette vision, la dernière d’elle, celle qui a malgré moi effacé toute celle d’avant. Comment une seule seconde d’horreur peut-elle effacer des années de bonheur ? J’essuis mon visage d’un revers de la main, la pluie tombe plus fort à présent et je suis complétement tremper. Je tremble tellement que je pourrais me briser les os. La forêt autour de moi semble vouloir m’avaler, et, peut-être serais ce mieux pour moi ? Je ferme un moment les yeux, laissant l’obscurité m’engloutir, pourtant quelque chose en moi résiste, inévitablement j’ouvre les yeux. La sonnerie de mon portable me fait sursauter. Je le prends dans ma main tremblante et pousse un soupire soulager en voyant le numéro d’Emma s'afficher, mes noirs pensés commence à me faire peur, et, seul ici, je ne voudrais pas faire une erreur.

- Salut ! lança-t-elle d'un ton enjoué qui me fit sourire.

- Hey...

- Et ben, ça va pas ?

- Si, si, juste fatiguée.

- Mmmm, mouais... On va dire que c'est ça. Enfin bref t'es où là ? scrutant la forêt autour de moi, j'hésite entre lui mentir ou lui dire la vérité.

- Au milieu de la forêt... je n'ai pas l'énergie de lui mentir.

Il y eu un moment de silence, seul le grésillement de la communication et la pluie résonnait.

- Tu es OÙ ?

- Au mili...

- J'avais compris merci c'était une question rhétorique, mais qu'est-ce que tu fous dehors en pleine forêt sous la pluie et à cette heure-ci ?! le portable émit un bruit strident sous le cri hallucinant qu'elle venait de faire.

- Emma ne t’inquiète pas il y a personne à par moi et je sais me défendre.

- C'est pas la question tu peux pas aller te promener et rester seule dans une forêt en pleine nuit !

- J’avais besoin de courir et je me suis retrouvé ici…

- Toi et ta manie de courir n’importe où.

- Excuse-moi...

- Bon tu rentres là qu'est-ce que tu fais ? Tu veux que je vienne te chercher ? ma gorge se serra aussitôt et c'est dans un murmure que je lui répondis.

- Oui, s’il te plait...

- Ok je t’envoie quelqu'un.

Et elle raccroche. Quelqu'un ? Comment ça quelqu'un ? Je me relève avec peine et me dirige vers l'entrée de la forêt. Quelqu'un allait venir me chercher... Mais qui ? La forêt était devenue plus sinistre encore que tout à l’heure, et je me rends compte à quel point elle est grande, j’ai beaucoup plus couru que ce que je pensais.

Une fois à la lisière de la forêt, je m'assois sur le bord du trottoir en enroulant mon buste de mes bras pour me réchauffer, sans succès. L’obscurité de la forêt emplis ma tête et de nouveau les pensées noires qui ne me quittent plus vraiment depuis quelques jours s’emparent de moi. Je ne sais pas exactement combien de temps j’attendis quand soudain le bruit lointain d’une moto me fait lever la tête. Elle freine dans un bruit horrible de pneus et se stoppe juste devant moi, lançant quelques petits cailloux dans ma direction. Je me redresse rapidement près à fuir devant cet inconnu, mais soudain je reconnus Alex, il descend adroitement de sa moto et se dirige vers moi le pas lent et assuré avant d'enlever son casque et de s'ébrouer les cheveux. Il me lance un sourire en coin et me tends un second casque.

- Et ben alors ? On a besoin que quelqu'un vienne chercher la petite fille ? je lui lance un regard las, plus fatigué par la noirceur dans ma tête que par lui. C’est quoi cette tête, sérieux ?

- Rien, je suis juste fatigué.

Mon murmure le surpris, il doit sans doute s’attendre à ce que je réplique quelque chose d’un peu plus énergique, comme à mon habitude lors de nos échanges. Il me regarde de la tête aux pieds et son regard s’élargit quand il constate que je tremble comme une feuille. Il fait claquer sa langue sur son palais, puis sans rien dire, il enlève sa veste en cuir et me la pose sur les épaules. Je lève un visage mouiller vers lui, trop fatiguer pour être choquer, me contentant d’esquisser un sourie pour le remercier. Elle sentait la cigarette et la transpiration, mais elle était incroyablement chaude et réconfortante. Il monte sur sa moto et me fait signe de faire de même. Je grimpe difficilement derrière lui, pas très rassurer. Il m’indique où mettre mes pieds et se saisit de mes mains pour les caller autour de sa taille tout en me disant de bien le tenir. Il démarre alors si brusquement que j’en lâche un petit cri en m’agrippant plus férocement à lui, sa chaleur transperce ses vêtements et les miens, me faisant frissonner. Il éclate de rire, enclenchant le mien, ce que ça faisait du bien de rire. Je cale ma tête sur son épaule et regarde le paysage défiler, c'est magnifique, toute ses couleurs qui se mélangent à cause de la vitesse on dirait une aquarelle. J'esquisse un sourire tandis qu'il accélère, l’adrénaline me gagne et la chaleur m’envahit enfin. Je serre plus fort mes bras autour de lui, tout en poussant un hurlement de joie, car oui je me sens mieux et j’ai besoin de le crier. Il dut l'entendre car il accélère comme un dingue sous mes hurlements hystériques et joyeux, serrant de toute mes force son torse. Je me sens revivre, il me fait revivre et toute la noirceur se dissipe, du moins pour l’instant. Nous ne mîmes pas longtemps avant d'arriver chez Emma.

Je descends de la moto les jambes flageolantes, les joues rouges et réchauffées grâce à la veste de Alex et de l’adrénaline qui courait encore dans mes veines. Je tente d'enlever son casque mais mes mains tremblent encore, malgré la chaleur dans mon ventre et mon visage, j’ai les jambes à l’air et le froid mord furieusement ces dernières.

- Attend je vais t'aider, me lance Alex doucement, j’en lâche un petit rire narquois. Quoi ? Je peux me montrer sympa quand je veux !

Je lui fais un sourire en me moquant et il me donne un petit coup sur l'épaule avant de m'enlever se sataner casque qui me compressait le crâne. Une fois celui-ci enlevé, je secoue mes cheveux en soupirant d’aise. Je me dirige vers la porte d’entrée mais à peine ais-je eu le temps de toquer que Emma l'ouvre et me saute dessus et me fais tomber à la renverse. Elle me hurle dessus dans un mélis-mélos de mots dont je n'arrive pas à saisir le sens, rassuré de me voir.

- Emma pitié ! Tu m'étouffes...

- Ben tu le mérites... elle finit par se lever, me tendit la main pour m'aider à mon tour. Pourquoi tu es allée toute seule dans cette forêt hein ? je jetai un coup d’œil discret vers Alex et lança à Emma :

- J'avais besoin de prendre l'air, je ne me sentais pas très bien. En fait… ça fait déjà un moment que ça ne va pas tout court.

Elle ouvre de grands yeux tristes, puis prend mon bras et m’entraine dans la maison, laissant Alex seul devant la porte, je n’ose pas le regarder. Je jette un coup d’œil à Emma qui continue de discuter sans s'arrêter de Maxime et du dîner qu'il organise avec son frère pour qu'ils puissent faire plus ample connaissance. Que je l’aime, elle comble le vide avec des joyeuseté pour que je ne me sente pas obliger de parler. Derrière nous Alex ferma la porte d’entrée et posa sur le sol casque et chaussures. Nous finnisâmes par nous installer dans sa chambre suivit par Alex. Il y a déjà Antoine qui pianote sur son portable, il nous saluts chaleureusement avant d’être rejoins par Alex. Emma me pousse dans la salle de bain en me balançant un pyjama.

- T’es trempé, alors va prendre une douche chaude et reviens après ok ?

J’embrasse sa joie et ferme la porte derrière moi. La douche réchauffe mes membres à vive allures, une fois que le froid m’a quitté je me sèche vite et enfile tout aussi vite le pyjama d’Emma. De retour dans sa chambre, les conversations vont à vive allure, Emma allonger sur son lit fait face à Alex et Antoine assit sur son canapé lit, je me glisse à côté d’elle et me blottis dans un des nombreux plaides de mon amie tout en les écoutant distraitement discuté.

- Bon, Sophie, as-tu quelqu'un en vue ? un silence se fit soudain, Antoine et Alex ont tout comme moi, ouvert de grands yeux.

- Tu peux m’expliquer d’où elle sort cette question ?

- Pourquoi tu évites le sujet ?

- Pourquoi tu parles de ça aussi ?!

- Oh mon-dieu !!! Tu as quelqu'un en vue ? Tu passes enfin à quelque chose d'autre !

- Non... J'ai rien dis de tel c'est juste que...

- Il y a un garçon qui t'attire ?

- Non, j'ai trop de choses en tête pour penser à ça, mon école, mon père...

- Sophie arrête un peu ! Tu as le droit de vivre, arrêtes de t'en faire pour ton père il va très bien, cette histoire remonte à trop loin pour qu'il veuille sauter par une fenêtre !

Je la regarde avec des yeux écarquillés, elle se tourne vers moi en blêmissant, se rendant compte de ce qu’elle venait de dire. Je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine et un frisson glacé courut le long de ma colonne vertébrale.

- De quoi tu parles Emma ? mon sang se fige, et Emma pose sa main sur sa bouche se souvenant que nous n'étions pas seules, Alex venait de me poser une question atrocement délicate et je n'avais pas du tout envie de lui répondre.

- Rien, réplique Emma. Rien du tout.

- Tu mens très mal...

Je regarde du coin de l’œil Alex qui ne me quitte pas des yeux, je me sens mal à l'aise et heureusement pour moi Antoine du le remarquer et prit la parole.

- Bon, et si nous allions chez Alex pour que nous puissions vous faire entendre notre musique ?

- Oh oui, ce serait vraiment génial ! répliquais-je en m'engouffrant dans cette sortie de secours qu’il me tendait.

Je me levai précipitamment suivis de près par Emma qui avait compris la ruse. Alex se redresse à son tour non sans me lancer un regard sombre, il n’en avait décidément pas fini avec moi. Après avoir mis des vêtements prêtés par Emma nous sortîmes tous de chez elle qui tentait par tous les moyens de faire oublier son horrible boulette. Une fois dehors nous nous séparâmes, Alex sur sa moto avec moi derrière, et Emma et Antoine dans la petite voiture de la mère d’Emma qui ne comportait que deux places. Le trajet fut incroyablement rapide et une fois arrivés devant chez Alex nous montâmes chez lui pour attendre le reste de la troupe. Comme toujours son petit appartement sent fort la cigarette, pourtant tout est étonnamment propre à part quelques verres qui trainent et un cendrier qu’il faudrait vraiment vider. Démon vient rapidement m’accueillir, mais après deux-trois caresses il retourne se vautrer dans son panier, il me rappelle un peu Alex. Je m'assois dans son canapé en poussant un soupire d'aise, il est vraiment confortable malgré son état avancer de décomposition. Il vint s’asseoir à côté de moi, trop près à mon goût, toujours en me regardant. Je sais qu'il n'a pas oublié les paroles d’Emma et qu'il meurt d'envie de me reposer les questions qui doivent se bousculer dans sa tête.

- Tu répondras pas à ma question hein ?

- Non...

- Pourquoi ?

- Parce que ça ne te regarde pas.

- Et pourquoi ?

- Parce que je te déteste.

Il y eu un moment de flottement pendant lequel je pu prendre conscience de mes paroles, je détourne les yeux de lui pour ne pas à l’affronter. Il est évident que je ne le déteste pas, bien au contraire, j’apprécie de plus en plus sa compagnie et même les vacheries qu’il me lance sont d’une certaine façon agréable. Mes mots ont dépassé ma pensée, je prise au piège et la seule sortie de secours qu’à trouver mon cerveau fut de dire le seul truc qui m’est venus à l’esprit. Je me tourne vers lui et sa réaction me surprise. Il a le sourire aux lèvres.

- Ah ouais tu me détestes ?

Je ne réponds rien, trop gêner par les pensées qui me traversent l’esprit, mes joues prirent feu et mon ventre se tordit.

- Et pourquoi ?

- Parce que... Parce que tu me mets mal à l'aise...

- Mmmm... il s'approche plus encore de moi.

Je pose une main sur son torse comme pour l’inciter à reculer, il n'en fait rien et la prend dans la sienne elle est chaude et emprisonne la mienne, son sourire se flétris sur ces lèvres. Il plisse les yeux tout en continuant de me regarder, un regard sérieux et sombre, j’ai la bouche pâteuse et de nouveau ma tête s’emplis de pensée sombre, mon visage se voile sans doute car sa mâchoire se crispe légèrement. Il passe sa seconde main dans mon dos la faisant au préalable glisser sur mon épaule, son geste est si doux qu’il me fait frissonner. Il incline la tête et, doucement, se colle à moi, posant sa tête dans le creux de mon épaule, son souffle sur ma clavicule me rassure, j’en ferme les yeux. Nous restâmes un petit moment ainsi, lui la tête poser sur mon épaule, une main dans mon dos l’autre tenant la mienne, et moi, perdu entre la chaleur de son corps et la froideur de mes pensées. Quand ses lèvres effleurent soudain ma peau mon cerveau s’arrête et je lâche un hoquet de surprise, je me sens alors étrangement calme, en sécurité et ma tête se vide de toute pensée, bonne comme mauvais. Je place ma main libre dans son dos et sens son cœur battre aussi fort que le mien, cet échange le bouleverser autant que moi à parement.

La sonnerie de l’entré nous fait sursauter tous les deux et Démon aboi comme un fou, nous arrachant un rire, il se décolle de moi et se lève pour ouvrir le regard pétillant de bêtise, je reste un moment assis, glissant une mèche de cheveux invisible derrière mon oreille pour reprendre mes esprits. Des échos de voix m'indiquent que Emma et Antoine viennent d’arrivé, je me dirige vers eux suivis par Démon heureux de voir du monde, les caresses pleuvent mais comme tout à l’heure il retourne bien vite dans son antre ! Nous nous dirigeons ensuite vers une petite pièce composée d'un canapé noir et de plusieurs instruments ainsi que d'un micro à pied et de diverse enceinte. Emma et moi nous installâmes sur le canapé tandis que Alex prenait sa guitare et Antoine se postait derrière le micro. Ils mirent quelques instants à s’installer, réglant de ci de là des choses qu’Emma et moi ne connaissent pas, je lui jette un regard amusé et elle sourit face à ma bonne humeur. Aussitôt la musique envahit la pièce et j'en fus envoûtée. La musique a toujours eu une place importante dans ma vie, souvent un remède à ma dépression et à mes insomnies, elle est aussi un lien avec ma mère, elle qui était une si bonne musicienne. Ils sont si beau tous les deux, Antoine a vraiment une belle voix, clair et un peu aigu, elle est d’ailleurs par moment accompagné de celle plus profonde d’Alex. Ce dernier se balance doucement au rythme de la musique, grattant ces cordes avec vivacité et adresse, elle est énergique et poétique, elle leur ressemble vraiment. Mon regard croise alors celui d’Alex qui me sourit, et ce sourit fait naitre une multitude de papillon dans mon ventre. J’en ris, ce gars a décidément réveiller quelque chose en moi. Et j’en suis infiniment heureuse…

Il c’était à présent écoulé plus de deux semaines depuis qu’Emma et moi avions assisté à la démonstration d’Alex et d’Antoine. Aujourd'hui nous sommes vendredi soir, et nous nous retrouvons tous chez Diana's, un petit bar sympa dans lequel Alex et Antoine jouent de temps en temps depuis environs trois semaines. J'aime ce bar, cette ambiance un peu vieillotte avec ces grandes banquettes rouges, ce bois sombre et cette lumière orangée qui donne au commerce une ambiance des années 50. Assises dans un angle, Emma devant moi en train de siroter sa bière brune, nous écoutons avec entrain notre duo d'amis sur scène. Ils sont de plus en plus bons, et il y a de plus en plus de monde qui vient les voir. Ma relation avec Alex est de plus en plus étrange, par moment il est d’une douceur presque dérangeante avec moi, et à d’autre moment il est fidèle à lui-même, dure et brutal, imbuvable et sarcastique. Il y a des hauts et des bas, mais je ne sais jamais sur quel pied danser. J’ai dû, avec le temps, me faire à l’idée que plus qu’une attirance, il s’agissait d’un véritable coup de cœur, je ressens de vrai sentiment pour lui. Mais Antoine m’a vite fait un topos sur Alex, il est, parait-il, sortit longtemps avec une fille et l’histoire se serait très mal finit, depuis il serait très hermétique aux sentiments des autres, particulièrement ceux des filles. Il évite soigneusement ce genre d’histoire. Pourtant je ne peux m’empêcher de penser qu’avec moi, peut être… Mais ça ressemblerait beaucoup trop à ces clichés de la gentille petite fille qui tombe amoureuse d’un vilain Bad-boy et qui, miraculeusement, le fais changer. Sauf que moi, j’aime Alex comme il est, avec ses côtés sombre, et que moi je ne suis pas si gentille que ça. La chose qui, je pense, me fait le plus peur c’est la réaction qu’il aurait fasse à mon propre côté sombre, cet aspect de moi que personne ne connait, ni mon père ni même Emma. Cette part de moi qui, quand elle prend le dessus, noies tout ce qui est bon et joyeux, ne reste alors plus que ces images, cette douleur, et cette colère sourde qui me fait terriblement peur… Néanmoins ces derniers temps notre petite bataille tire plus sur le bon, moins de méchanceté, plus de rire et de sourire. Je vide la fin de ma bière rousse comme pour accentuer mes pensées embrouiller, et lève la main pour que Steve, le barman gay, me resserve. Avec l'accroissement massif de clients, Diana, la gérante, avait racheté l'étage au-dessus pour faire une seconde salle ainsi qu'une petite piste de danse où nous pouvions danser, faisant de cette endroit une véritable adresse à connaitre. La chanson finie, je lève les yeux vers eux et je souris en mettant de côté mes questionnements et ma déprime montante. Alex éponge son front tandis que Antoine vide d'un trait la fin de sa bière, Alex me jette un regard en me souriant, je lui tire la langue en lui faisant signe d'approcher. Il s'assoit à côté de moi, pressant exagérément sa cuisse contre la mienne pour me faire râler, je me penche près de son oreille.

- Vous pouvez jouer la dernière chanson que vous avez écrit ?

- Tsss … Et j’y gagne quoi ?

- Une bière ?

- Mmmm mais encore ?

- Rooh aller ! S’il te plait.

Je lui fais alors mes yeux de biches comme me l’a appris Emma, battre des cils doucement et le regarder par en dessous. Il sourit de plus belle en me poussant gentiment l’épaule.

- Bon allez, si tu veux fillette.

- Arrête de m'appeler comme ça, murmurais-je en souriant.

Je me recule un peu et prend la bière que me tend Steve, je le remercie d'un signe de tête tout en posant mes lèvres sur le verre. Alex se penche vers moi, fixant ses yeux dans les miens et comme toujours je me perdis de l’insoudable profondeur de ces derniers.

- Et comment tu vas m'en empêcher ?

Je lui pousse l’épaule pour le faire taire tout en posant ma bière, il sait très bien que j’aime bien ce surnom et que je râle plus pour la forme qu’à cause d’une véritable gêne. Je lèche mes lèvres pleines de mousse en roulant des yeux dans sa direction, il lâche un sourire franc sans me quitter des yeux. Finalement, Emma lui saisit le bras et le tire si fort en arrière qu’il glisse et tombe par terre, déclenchant nos rires, à Emma et à moi. Il nous lance un regard noir mais amusé et partit de nouveau sur la scène, murmurant quelques mots à Antoine, ils montèrent dessus et s’installèrent pour les derniers morceaux de la soirée. Dès les premières notes, Emma pousse un cri de joie et prend ma main pour m'entraîner sur la piste de danse m’extirpent de la banquette. J'adore quand elle fait ça, me prendre la main et m’entrainer derrière elle comme si elle ne pouvait pas le faire sans moi. Cette chanson que les garçons ont écrit il y a déjà un petit moment est notre préféré, bien qu’elle ne soit pas encore tout à fait au point elle est tout simplement incroyable, et plus que tout, nous adorons danser dessus. Nous nous mîmes donc à nous tortiller dessus tout en chantant en même temps les paroles que nous connaissons par cœur, nous hurlons même pendant le refrain. Collées l'une contre l'autre et à bout de souffle, nous regardons les garçons en les acclamant comme des dingues, sifflant et applaudissant à outrance. Autour de nous les applaudissements se font aussi entendre, l’ambiance est au goût du moment et la température monte encore d’un cran, j’enlève rapidement ma petite veste que je pose sur la banquette.

La soirée se déroule bien, et il n'y avait pas beaucoup de monde pour un vendredi soir. Une fois la chanson terminée, les garçons prirent une pause et vinrent s'asseoir avec nous. Je bus quelques gorgés de ma bière, assise entre Emma et Antoine, Alex en face de moi. Nous nous mîmes à discuter, riant aux éclats. J'écoute les garçons se disputer gentiment sur la prochaine chanson qu'ils veulent faire tout en finissant ma bière.

- Alex ne peux-tu pas comprendre que les paroles ne me viennent pas comme des illuminations !

- Parce que tu crois que j'le sais pas ça ?

- Eh bien des fois il m'arrive même de penser que tu es idiot.

- Pardon ?!

Il rigole en lui lançant une œillade entendue, dans leur petit duo, Alex s’occupe de la composition musicale tandis qu’Antoine s’occupe des paroles, il but une longue gorgé de sa bière et répliqua :

- Mais tu sais bien que je plaisante.

- Saleté va ! il cogne l'épaule d’Antoine en ricanant. Perso', j'ai des tonnes d'idées pour une chanson.

- Ah oui ?

- Ouaip !

- Eh bien je t'écoute.

- Ok alors …

Je ne les écoute déjà plus, comme souvent depuis quelques mois j’ai des moments de flottement pendant lesquels je suis comme détacher de mon corps, heureusement ça ne dure jamais longtemps. Je pose mon verre vide sur la table et jette un coup d’œil à Emma. Elle participe avec dévotion à leur discussion, leur disant que l'amour est le sujet premier de toute chanson à succès. Ils rient avec exagération tout en lui disant qu'ils ne feraient pas de chanson sur l'amour. J'explose de rire face au visage boudeur de mon amie, malgré ma veste enlever j’ai toujours trop chaud et j’eu envie d’aller prendre un peu l’air. Je me lève tout en prenant mes affaires, murmurant à Emma que je revenais. Elle tente de me suivre, mais je l'en dissuade d'un signe de tête.

Dehors, l'air est froid, j'enfonce mes mains dans mes poches, profitant de la chaleur que mon écharpe me procure. La nuit est déjà tombée, et les rues sont désertes, permettant à cette dernière d'être délicieusement silencieuse. La porte s'ouvre, et se referme sur les rires de mes amis et le brouhaha des autres clients. Ils se pressent autour de moi, leurs bouches crachant la même brume blanche que moi.

- On avait envie d'aller en boite comme on a fini notre petit concert, tu viens ? me lance Alex.

- Pourquoi pas !

Nous nous dirigeâmes donc vers la boite de nuit la plus proche toujours en rigolant, les rues sont désertes et seul nos rires ricochent contre les maisons au fenêtre noir.

À l'intérieur de la dites boite la chaleur est étouffante, et l'odeur âcre de la transpiration se mélange à celles de la cigarette et de l'alcool. La musique, excessivement forte, fait vibrer mon corps et me donne envie de danser. Je saisis la main d’Emma une fois le vestiaire passé et fonce sur la piste. Nous nous mîmes à danser en rythme, bougeant nos bras et nos cheveux, nous rions à en avoir mal aux mâchoires. Pour cette soirée Emma avait enfilé une petite robe noire, légèrement décolletée et cintrée à la taille avec un ruban blanc, et lui arrivant aux genoux. Elle porte de petits talons noirs également et ses longs cheveux sont attachés en un chignon désordonné. Moi, je porte un shorty blanc et un top un peu long, gris, avec de la dentelle dans le dos, mes rangers noires et grises avec des chaussettes hautes. J’ai laissé mes cheveux détacher, de toute manière ils sont encore trop court pour que je puisse faire des coiffures convenables. Au bout d’un moment j’eu soif et fais signe à Emma que je rejoins les garçons, elle me murmure un oui presque inaudible tout en continuant de danser. Les garçons sont tous deux en train de discuter au bar, je m’avance vers eux en essayant de ne pas me faire écraser. Enfin arrivée à leur niveau, je me penche entre eux deux et commande un daïquiri rhum-citron, mon cocktail préféré depuis peu. Le barman me sourit en le posant devant moi. Grâce à Emma qui me fait sortir plus que nécessaire, je commence à être habituée aux boites et aux bars. Je lui fais un sourire aguicheur en faisant mine de sortir un billet. Il me fait un signe en disant que c'est pour lui, je le remercie et me concentre ensuite sur la conversation des garçons. Je sirote mon verre tous en observant tour à tour les garçons. Antoine simplement habiller avec sa chemise blanche habituelle et son jeans foncé, et Castiel avec un jean bleu cintré à la taille que je ne lui connais pas et une chemise rouge ouverte sur son torse, les manches remontées jusqu'aux coudes. Ils sont penchés l'un vers l'autre pour mieux s'entendre, Antoine un verre de rhum à la main et Alex une bouteille de bière aux lèvres. Je sens soudain un souffle chaud dans mon cou et une main se poser sur ma hanche. Je sursaute et me retourne, un garçon pas très grand me sourit d'un air débile. Il n'est pas beau et sent beaucoup trop l'alcool et la cigarette.

- Alors beauté, on veut danser ?

- Heu non merci …

J'enlève avec violence sa main de ma hanche et me reconcentre sur Antoine, qui me parle de ses paroles de musique, à peine quelques secondes s’écoulent que je sens le garçon se collait carrément contre moi. Je tente de le repousser mais rien n'y fait, je n’ai pas assez de place pour le repousser comme je le voudrais. Soudain je me sens tirée en avant, et l'autre garçon me lâche enfin. Je me retrouve dans les bras d’Alex qui, à son tour, enlace mes hanches de ses bras.

- Dégage mec, elle est avec nous ! siffla-t-il d’une voix si grave que je ne la reconnu pas.

Je jette un coup d’œil à l'autre, qui lève les mains en l'air et retourne vite sur la piste. Alex me tint plus fermement par la taille le regard à présent fixé sur Antoine qui ne semble pas déranger par la soudaine proximité d’Alex et moi. Je lève le nez vers lui, il luit un peu sous les néons de la boite et il sent un peu la transpiration, mais je réussis aussi à percevoir les effluves de son parfum. Ses doigts touchent ma peau et ce contacte semble me brûler et enflamme mon ventre. Il finit par tourner les yeux vers moi et, se rendant compte qu'il me tenait toujours, me lâche en passant sa main dans ses cheveux, gêner. Il prend sa bouteille et la vide tout en faisant signe au serveur de le resservir. Je prends à mon tour mon verre en faisant comme si rien ne s'était passé, je jette un coup d’œil à Antoine qui me lance un clin d’œil tout en souriant derrière son verre de rhum. Je me tourne ensuite vers la piste de danse et glousse en constatant que Emma est entourée de beaucoup de garçons qui la dévorent des yeux. Elle finit par voir que je la regarde et me fait un petit signe, je lui souris en lui demandant silencieusement de venir. Elle quitte la piste de danse sous les regards désespéraient des garçons, je ris dans ma gorge tandis qu'elle me chipe mon verre pour boire dedans. Je lui fais des gros yeux et elle me lance un sourire amusé en plantant un baiser sur ma joue. Elle se penche sur le bar pour interpeller le barman, tandis que Antoine et Alex se dirigent vers la piste de danse. Je prends la place de Alex et Emma s'assit en face de moi son verre à la main, elle me lance un regard et nous explosâmes de rire. C'était notre truc, dès qu'on se regardait on ne pouvait pas s'empêcher de rire comme des folles, sans raison particulière, et plus nous étions ivres pire c’était. Depuis un certain temps mes démons reculaient, grâce à Emma, Antoine, mais surtout Alex, la puissance de son regard réussit à vidé totalement mon esprit. Les yeux brillants, je regarde Emma engloutir un autre verre d'alcool en grimaçant.

- Mais qu'est-ce que tu bois ?

Elle regarde son verre un instant, le porte à ses lèvres et me lance d’un regard amusé :

- Aucune idée !

J'éclate littéralement de rire face à son aveu et me rend compte que je n’ai plus rien à boire. Je lance la main vers le barman et lui en demande un autre.

- Vous êtes seules les filles ? nous demande-t-il.

- Non, lance Emma, nous sommes avec des amis.

- Oh, si ce ne sont que des amis, j'ai peut-être une chance.

- Désolée mais moi je suis prise, répliqua-t-elle. Mais mon amie par contre … enfin sauf si tu t’es enfin décidée à accepter tes sentiments et à m'en faire part.

Je lui lance un regard halluciné, comment pouvait-elle le savoir ? Elle pose la main sur la mienne en lançant un regard entendu au barman qui, levant les yeux au ciel, partit s'occuper d'autres clients après nous avoir posé nos deux verres. Son regard voulait tout dire, et je sentis le rouge me monter aux joues.

- Comment …

- Je le sais ? j’hoche la tête. Écoute Sophie, tu es ma meilleure amie, je connais presque tout sur toi, et tu connais aussi presque tout sur moi, mais tu dois savoir un truc super important ?

- Quoi ?

- Que t’es pas douer pour cacher tes sentiments, encore moins à moi !

Je la regarde, le sourire aux lèvres, et pose ma main sur son épaule, embrassant sa joue brûlante et collante.

- Je t'adore Emma !

- Moi aussi je t'adore Sophie …

- Et nous, vous nous adorez ? nous nous tournâmes d'un même mouvement pour voir Antoine et Alex à côté de nous, Alex souriait de toutes ses dents.

- Mmmm je sais pas … lança Emma en regardant Antoine. Antoine c'est vrai que je t'adore, mais Alex …

- Quoi ? Mais qu'est-ce que j'ai fait ? il lui lance un regard plein de tristesse, quel acteur.

Elle me regarde un long moment avant de dire d’un voix étonnamment clair vue tout ce qu’elle avait bus :

- Rien, enfin j'espère !

Tous deux la regardèrent avec des yeux ronds, sans comprendre ce qu'elle voulait dire. J'éclate de rire et retourne sur la piste de danse. Emma ne me suivit pas, elle me montre ses pieds et je compris, voilà pourquoi j’avais mis des chaussures plates et confortables. Nouvelles chaussures plus boite de nuit égale mauvaise combinaison. Je lui lance un sourire amusé tout en reprenant ma destination.

Je me mets alors à danser, bougeant mes hanches au rythme de la musique, je ferme les yeux pour en profiter un maximum. La sueur perle dans mon dos, et mes pieds commencent à me faire à chauffer mais je ne m'arrête pas, la chaleur dans mon ventre me pousse à continuer de danser. La musique m'embrouille délicieusement l'esprit, me fait un peu tanguer, mais pas m'arrêter, depuis que nous sortons tous ensemble je me suis prise de passion pour la danse, ça me permettait de totalement libérer mon corps. J'ouvre soudain les yeux, on m'a saisi les hanches, mais cette odeur m'est trop familière pour qu'il s'agisse d'un étranger. Je me retourne et me retrouve nez à nez avec Alex. Il se penche vers moi, se mouvant contre mon corps. Je me sens prendre feu, tellement de choses tournent dans ma tête, l’alcool commence à me faire chavirer, et il n’aide pas à ce que je garde les pieds sur terres. Je lève les yeux vers lui et mon regard reste soudain bloquer sur ses lèvres. Un peu gercées par le froid, je les fixe avec intensité. Il me sourit, de son sourire carnassier que j'aime, je lui lance un regard amusé et passe mes bras autour de son cou. Je me colle plus encore à lui et bouge mes hanches contre les siennes. Son sourire ne le quitte plus et ces yeux brillent davantage. Je glisse mon visage dans son cou et inspire de son odeur, il frissonne un peu tout en se pressant plus contre moi, son odeur me donne le tournis, nous perdîmes l’équilibre pendant une fraction de seconde, nous rîmes et mon souffle sur sa nuque le fit de nouveau frissonner, l'alcool le rendait sensible. Je me recule alors, fixant mon regard dans le sien, souriant de plus belle. Je me sens bien ainsi, dans ses bras, il penche un peu la tête sur le côté en rigolant. Ces sans doute son rire qui me pousse à l'embrasser au coin des lèvres. Il ne bouge pas, se contentant juste de fermer les yeux, son souffle caresse mes joues et mon nez, c’est un geste tendre, fait sous le coup de l’alcool et de l’émotion. Moi je n’ai pas fermé les yeux, préférant le regarder, je fais glisser ma bouche jusqu'à l'autre coin de ses lèvres. Il soupire de nouveau, et quand je me recule il me lance un regard intrigué.

- Tu es vraiment énigmatique comme fille …

- Et toi un beau crétin !

Il fut troublé par ma réflexion et il perdit un peu de son sourie. Notre relation était compliquée, tordus même, nous nous cherchions sans nous chercher, lui ayant peur des sentiments et moi de mes démons intérieurs. Il passe sa main sur ma joue, en dessine la courbe, glisse sur mon menton, il tire alors doucement dessus comme pour demander la permission. Une demande qui est un premier pas, un premier mot, quand mes lèvres se posent sur les siennes il n’y eu pas de feu d’artifice, pas de papillons dans le ventre, juste une douce chaleur qui se répands dans tout mon corps. Elles ont le goût de la bière et de la cigarette, ce goût c’est un peu de lui, un peu de cette soirée, un début de quelque chose, un début de promesse. Je finis par me reculer, le sourire aux lèvres. Il me regarde, les yeux dans le flou en souriant aussi, un sourire un peu de travers. Je ne sais pas s’il a réellement saisi le sens de notre échange, mais maintenant je sais, je sais qu’il éprouve quelque chose pour moi et ce quelque chose me fait doucement rêver.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Awdur-Pennaf ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0