7 - Un baiser pour dormir

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Cette nuit j'ai étrangement bien dormis et me suis réveiller de bonne humeur. Alex et moi nous sommes beaucoup parler pendant la fin des vacances et notre escapade à la montagne avait renforcer plus encore nos liens. Nous avions passé presque toute les nuit à discuter musique, films, je lui avais beaucoup parler de mes dessins, il était venu quelque fois me rendre visite, et j’avais passé quelque soirée chez lui. C’est lors d’une de ces fameuses soirées qu’il m’avait de nouveau embrassé, nous étions seul chez lui et nous avions pu nous dévorer la bouche sans être gêner. C’est la première fois je pense qu’il m’a dit que je lui plaisais, j’avais ris si fort que ça avait interrompus notre baisé. Quand je suis rentrée ce soir-là mon vente pétiller de bonheur et une forte chaleur m’avait empêché de dormir, c’est bien plus agréable comme ça d’ailleurs. Rien que d’y repensé me fait monter une bouffé de chaleur qui m’oblige et serrer les jambes, ces soirées à se tourner autour commence à trop me frustrer, je ne pourrais bientôt plus me contrôler.

Le nouvel an je l’avais passé avec mon père, petite habitude notre part, rien de bien extraordinaire. Chocolat chaud, whisky, chips et téléfilms débille que lui et moi adorions décortiquer et analysé, la rentrée était arrivée bien trop vite à mon goût.

Mais je ne connais que trop bien ces sautes d’humeur et aussitôt la chaleur laisse place à l’angoisse et je triture nerveusement les files de mes écouteurs tout en regardant la cours se remplir petit à petit d’élèves. La cloche n'a pas encore sonné, et je décide de m'assoir sur un banc mes écouteurs dans les oreilles. Après de longue seconde qui me semble duré une éternité j’aperçois enfin Emma avec le reste du groupe, j’étire un sourire soulager. Je me jette dans ses bras et elle ouvre aussitôt de grands yeux.

- Et ben, qu'est-ce qui t'arrive ?

- Rien je suis juste heureuse de toute vous voir !

- Nous aussi on est contente de te voir pas vrai les filles ?

Elles me sourirent toutes. En passant Vivianne me fait la bise suivit de près par Marie qui me salut d’une tape de la main comme à son habitude, garçon manqué jusqu’au bout des ongles, quelle porte très très court histoire de ne pas se blesser lors de ses cours de boxe. Elles s'assoient toute à côté de moi sur le banc, nous serrant les unes contre les autres pour nous tenir chaud, nos souffles se mélange créant un immense nuage blanc, comme si nous étions entourées d’une douce brume protectrice.

- J'aimerais bien organiser une soirée pyjamas, nous confie Emma.

- Moi ça m'tente bien ! réplique aussitôt Marie.

- Ça... Ça me plairait aussi... murmure Vivianne, un demi sourire aux lèvres.

- Et toi Sophie ?

- Ouais ! Ça serait vraiment bien, mais ce serait chez toi Emma ?

- Oui, je pense que de nous toute c'est moi qui aie la plus grande maison.

- C'pas faux, renchérie Marie. Par contre j'suis pas trop habitué à c'genre de truc.

- Moi non plus... poursuivis Vivianne en se penchant vers nous.

- On va vous y habitué vous en fait pas ! réplique Emma sur son ton joyeux.

Elles continuèrent à discuter de cette soirée, mais je ne les écoute déjà plus, fixant l’entrer avec appréhension. Quand finalement Antoine passe le portail je me jette sur mes pieds et fonce sur lui, regardant tout autour.

- Antoine ! Salut ça va ?

- Bien et toi ?

- Ça va, t'es pas avec Alex ?

- Oh il n'a pas dû entendre son réveil ce matin, il arrivera sans doute un peu plus tard.

- D'accord !

- Sophie bouge où on va être en retard!!! Me hurle Emma.

Au même moment la cloche sonne comme pour appuyer ces dires, je presse le pas suivis de près par Antoine qui discute de la fin de ses vacances avec moi, repas de famille, échange de cadeaux et tout le tralala. Une fois dans le bâtiment principal le groupe éclate en plusieurs petits groupes, chacun partant pour divers cours, je prends le bras de Vivianne et nous nous dirigeons vers la salle d’art. Nous nous installons à nos place habituelle, sortant feuille et matériel, une grande feuille s’échappe de son carton que je saisis au vol, un immense arbre si majestueux que je lui donnerais bien 300ans.

- Il est magnifique Vi ! Ou l'as-tu dessiné ?

- Près de chez moi, il est dans une pleine entourer d’arbre plus petit, je le trouve impressionnant...

- Il est magnifique, tu as bien réussi à faire la texture de l’arbre et à lui donner ce côté grandiose, je jette un regard dans son carton et entre-voies un portrait. Il est beau aussi celui-là...

Je me penche pour mieux le regarder et j'ouvre grand les yeux, quand je les repose sur Vivianne elle a les yeux écarquiller et les joues aussi rouges que son chemisier. Il s’agit d’Antoine, je reconnaîtrais sa mâchoire carrée et ses beaux cheveux entre mille. Le dessin est doux en couleur pastel, les ombres délicates soulignent son air calme et poétique, son regard plus intense que l’original nous incite plus encore à le contempler. Quelques mèches de ses cheveux encadrent son visage et tombent devant ses yeux, mystérieux et énigmatique.

- Ce... Ce n'est... Pas... Pas ce que tu crois !!!! elle rougit de plus belle, son bégaiement est si mignon que je souris.

- Tout va bien Vi, je ne dirais rien, respire tu vas nous faire une crise cardiaque, rigolais-je en lui passant une main rassurante dans le dos.

Elle cache son visage dans ses mains, si adorable, sa timidité extrême ma toujours attiré et je l'adore pour ça, elle est délicate et sensible et on le retrouve dans ses dessins. Le professeur entre alors en nous faisant sursauté, il nous parle un long moment de l’importance de cette année pour ceux qui veulent se spécialiser dans ce domaine et décide d’un sujet qui me fait sourire. Il faut dessiner un portrait d’une personne qui soit proche de nous, famille, amis, amour, il fallait de l’émotion. Dans un ton monochrome il fallait donner un aspect fantasque à notre dessin, quelque chose de surnaturel. Je lance un regard à Vivianne qui n'ose plus me regarder, je souris de plus belle en prenant mon crayon et mon carnet pour commencer mes esquisses. Je réfléchis un instant mais rapidement mon choix fut fait, Alex était devenu quelqu’un de très spécial et important dans ma vie, depuis que notre relation avait commencer il est vrai que j’étais tantôt anxieuse, tantôt euphorique, mais je trouvais surtout la paix avec lui et mes nuits en était plus calme.

Je commence doucement à esquisser son visage, ses épaules, sa mâchoire, son nez, je tente diverse position. Je finis par le faire de trois-quarts histoires de cassé les habituel portrait de face qui donne souvent un aspect empâté aux visages, puis je me lance dans le croquis général. Pour le côté un peu fantasque je décide de le vieillir un peu et de faire ses cheveux plus longs, relever en une queue de cheval, lui rajoutant également quelque piercing et la naissance d'un tatouage sur sa clavicule. M’imaginant alors un Alex dans un look plus rock et sombre qu’actuellement mais avec une expression sereine et apaiser, peut-être un Alex rock-stars comme dans ses rêves. Quand j’eu finis mon esquisse je donne un petit coup à Vivianne pour qu’elle se tourne vers moi, elle se détendra sans doute si je lui révèle mes sentiments. Elle me regarde timidement avant de poser les yeux sur mon dessin et ouvre grand la bouche en le reconnaissant. Je ris doucement en mettant mes écouteurs, et en la bousculant un peu histoire qu’elle se reconcentre sur son croquis. Après une seconde de réflexions je décide de faire divers aplats de bleu pour donner un côté sombre et froid à mon dessin. Je commence directement sur ma base de crayon, mon trait se mélange un peu à la couleur ce qui donne un effet un peu flou, je repasserais certain bord avec un bleu très sombre pour donner plus de profondeur. Comme toujours je suis tellement concentré dans mon art que je n’ai pas fait attention au regard haineux que me lance Sarah de l’autre côté de la salle ; Soudain un froid glacial me transperce le dos, je pousse un cri à demi étouffer en me levant précipitamment. Sarah se tenait droite derrière moi un sourire mauvais visser au visage, Vivianne se leva précipitamment pour aller me chercher des serviettes, le visage blême. Quand je lève les yeux sur elle, elle me sourit plus encore, un verre vide à la main.

- Oh, excuse-moi, j'ai trébuché et mon verre c'est renverser sur toi ! lance-t-elle dans un jeu d’actrice à faire pâlir les plus grandes stars.

Je lui passe devant en lui lançant un regard noir, traversant la salle sous le regard méduser des autres et les chuchotements affliger du professeur. Au moment où je sors de la pièce Vivianne vint vers moi, elle n'a pas trouvé de serviette, je lui souris gentiment tout en me dirigeant rapidement vers les toilettes. Je claque violemment la porte en poussant un râle de colère. Je déteste cette fille, depuis quelques temps elle me lance des piques et me fait des vacheries franchement gamines. Pour qui elle se prend... J’enlève mon t-shirt et le passe sous le sèche mains en tentant de calmer le volcan qui bouillonne en moi. Une fois sec je me regarde dans le miroir et pousse une plainte, je suis affreuse. Les cernes sous mes yeux sont encore plus noirs que d'habitude et je suis de plus en plus pâle. Je me passe un peu d’eau sur le visage, l’eau fraiche me fait du bien et je retrouve quelques couleurs, malgré la bonne nuit que j’ai passé cette nuit ça ne peut effacer des mois et des mois de mauvais sommeil. Je respire un grand coup pour faire ralentir mon cœur, je ne me mets que très rarement en colère et heureusement pour elle je ne l'ai pas giflé. J'aurais peut-être dû, un œil au beurre noir lui aurait fait les pieds ! Je sors des toilettes et retourne en cours tout en lissant mon haut. Le calme de la classe est si palpable que le bruit de mon entré ressemble à un vacarme, toutes les têtes se tournent vers moi pour aussitôt se replonger dans leur dessin. Je regarde l'horloge, et retourne m’asseoir tout en commençant à ranger, il reste à peine dix minutes ça ne sert plus à rien que je travaille. La cloche sonne au moment au Vi finit de ranger sa palette, nous sortons rapidement pour rejoindre les autres. Vivianne tente de me détourner de ma colère mais je la remercie du regard, mais étrangement la colère ne voulait pas redescendre.

J'aperçois Alex parmi le groupe, je ne peux m'empêcher de sourire sentant mon cœur accélérer mais cette fois de manière agréable. Il tourne son regard acier vers moi et mon ventre brule, j’ai envie de la toucher, de l’embrasser, de passer mes doigts dans ces cheveux. Il me lance un clin d’œil et mon sourire s’élargit davantage. Mais rapidement mon sang se glace dans mes veines, Sarah passe à toute allure à côté de moi en me bousculant et se jette dans les bras d’Alex. Ce dernier la repousse en grogna mais aussitôt elle revint à la charge, Vivianne et moi nous approchâmes et saluâmes Alex et Antoine. Je me tourne vers Alex qui a ma plus grande surprise repousse une nouvelle fois Sarah pour me prendre dans ses bras. Une exclamation choquée s’élève de notre petit groupe, je ne saurais dire qu’il venait de moi ou de Sarah. On me tire soudain brutalement en arrière et je me retrouve sur les fesses, au sol, sans avoir rien compris. Quand elle se penche vers moi rouge de colère je soupire en levant les yeux vers elle.

- Mais pour qui tu te prend de me voler mon Alex !

- Sarah merde je t'appartient pas ! elle fait mine de ne pas l'avoir entendu et se redresse en rigolant d’un rire qui ne me plait pas.

- Qu'est-ce qui te fais rire ? je lui lance acerbe.

- J'ai entendus des rumeurs sur toi.

- Ah ouais ?

- Oui... Enfin pas vraiment sur toi... plutôt sur ta mère.

Je manque de m'étouffer et la regarde la bouche grande ouverte. Je sens Emma et le reste des filles se crisper, les garçons eux, échange un regard interrogateur, Antoine lance un regard atterré à Emma qui me saisit le bras. Mais mon regard s’ancre soudain dans celui d’Alex dont le visage affiche un air des plus interrogateurs.

- Je ne vois pas de quoi tu parles… je réponds d'une voix qui ne me ressemble pas.

Elle glousse de plus belle en croisant les bras sur son opulente poitrine. Je me mets alors inconsciemment à prier, espérant qu’elle ne soit pas aussi horrible, que la scène qui se déroule dans ma tête ne se réalise pas.

- Tu mens très mal Sophie ! Je sais pour ta mère et c'est franchement horrible. Tué dans sa propre maison ! À parement en plus tu as vu son corps, tout se sang... ma gorge se serre et je détourne mon regard de celui d’Alex. Surtout que le meurtrier cours toujours... Mon père qui connaît des gens dans la police m’a dit qu'ils n'avaient même pas eu une piste, et que le seul témoin été ton père... Franchement c'est bizarre tu ne trouves pas ? son sourire me fait froid dans le dos. Oh ! Mais si ça se trouve c'est ton père qui l'a tué !

Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé à ce moment précis, il y eu comme un voile noir sur mes yeux. Je ne me souviens ni de l'élan que j'ai pris pour la frapper, ni de la sensation de sa joue sur mon poing, ni du bruit qu'a fait sa mâchoire et son nez. Je me souviens juste du cri hystérique qu'elle a poussé, du sang qui coulait abondamment de son nez sûrement cassé. Je ne me souviens pas de mes dents s'enfonçant dans ma lève à me faire saigner, ni du regard des garçons ou d’Emma qui tenta de me tirer loin d’elle. Mais je me souviens de son regard. Horriblement dure, horriblement chaleureux, triste pour moi, de la compassion, de la peine, ou de la pitié ? Oui de la pitié, il a pitié de moi, son regard taquin et brûlant avant est maintenant empreint d’un profond malaise. Quoi qu'il en soit je pris mes jambes à mon coup le cœur tellement serré que j’eus l'impression de mourir.

Le cerveau vide je me dirige vers nulle part, laissant juste ma respiration haletante et la douleur dans ma poitrine me guider. Je traverse la ville à toute allure, le vent gifle mes yeux tandis que j’essaie désespérément de faire disparaitre les images qui envahisse ma tête. Je finis par m'engager dans la forêt sans trop savoir pourquoi, je cours si vite que je n’ai pas le temps de voir où je vais, mais à quoi bon, je veux juste fuir le plus loin possible et faire cesser ces images. Celles de ma mère dans cette marre de sang, de mon père penché sur elle tentant de la ranimé, son visage si pâle qu’on aurait dit de la porcelaine. Je ne sais pas où je suis, il n’y a plus de chemin, plus de panneaux, juste des arbres immenses qu’ils pourraient envelopper toute entière. Je finis par découvre une falaise, bordé d'un petit espace dégager où aucun arbre n'a poussé comme si eux même avait peur de tomber dans le vide. La vue est imprenable sur la mer qui se fracasse sur la roche une centaine de mètre plus bas, l’odeur de sel me prend au nez et le bruit des vagues brouillent tous les autres.

Haletante et vacillante que je m’approche du bord, un pas après l’autre, dans une lenteur qui me fait frissonner, je jette un coup d’œil en bas, la mer déchainer viens s'écraser désespérément sur la pierre comme si elle voulait fuir le large et gagner les terres. Je m’écroule à genoux dans la terre humide, des cailloux mordent ma peau mais la douleur dans mon cœur surpasse les autres, le regard dans le vide il y eu un moment de flottement avant qu’un cris déchirant sorte de ma bouche. Je tremble, ce bruit qui sort de moi ne peux pas m’appartenir, ça ne peut pas sortir de mon frêle corps. Et soudain c’est l’évidence.

Je n'en peux plus…

Devoir jouer la comédie alors que j’ai mal, devoir sourire alors que je veux pleurer, rire alors que je veux hurler, manger alors que je veux dépérir. Pourquoi, pourquoi faut-il que ça me gâche la vie, c'est tellement horrible de devoir subir son propre acharnement. J'ai passé tellement de temps à aider mon père à se reconstruire que j'ai oublié de le faire pour moi-même. Le vent souffle fort dans mon dos comme pour me donner du courage, si je saute le pas je serais libéré de ces images, libéré de ce poids, de ces regards, de son regard. Ce regard emplis de pitié qu’il eut m’arrache un autre cri qui brise ma gorge et mon cœur. Je porte la main à ma lèvre qui saigne encore abondamment, cette chaleur qui contraste avec le froid extérieur me donne la nausée, un sanglot me vrille le corps je me sens si faible, si inutile, si petite...

Un bruit me fait tourner la tête vers la lisière de la forêt. Alex à bout de souffle est en train de s'extraire des branches qui l'entrave, il fixe son regard sur moi et j'y lis tellement de chose, mais surtout de la peur. Il fait bien d’avoir peur, car le vide m’attire inexorablement, si je m’écoute je pense que je pourrais me laisser tomber et alors tout serait enfin finis. Cette délicieuse perspective réchauffe mon ventre, qui rapidement un vent glacial me secoue. Que deviendra mon père ? Il se retrouverait seul, anéantis, il aurait perdu l’amour de sa vie et sa fille, je ne peux pas lui faire subir ça. Un rire amer m’échappe car comme toujours je ne peux m’en empêcher, d'abord les autres et après moi. Je me lève difficilement chancelante et affaiblis, il s'avance rapidement vers moi, tend une main et me dit d'une voix calme mais stricte :

- Sophie, vient. On rentre, je le regarde un instant complètement perdu.

Pourquoi il fait ça ? On ne ne connait pas, il ne sait rien de moi, et j’en sais si peu de lui. Alors pourquoi, pourquoi je ne peux me passer de lui. Je pousse une plainte déchirante et il s'avance un peu plus à ma rencontre.

- C'te plais vient, reste pas près du bord...

Son regard, il me regarde avec une telle intensité que j’en frissonne, mais ça ne suffit pas, ça ne suffit plus. Malgré la pensée de laisser mon père seul, le vide derrière moi me tend les bras, m'offrant un sommeil éternel et un vide calme et apaisant, je recule d’un pied mais il se jette sur moi saisissant violemment mon bras qu’il tire si fort que je fus propulsée contre lui nous faisant basculer en arrière. Le choque me coupe le souffle et un cri m’échappe, prise d’hystérie je me mets à me débattre sa chaleur me brûle, j’ai si mal, si mal, je hurle à m’en arracher les poumons. Il raffermit sa prise et enfouit son visage dans mes cheveux en se mettant à fredonner, un hoquet m’échappe car c’est la chanson qu’il m’a écrite, celle qui chasse les cauchemars et le noir, celle qui me fait tant de bien, celle qui me sauve petit à petit. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés ainsi, lui m’enlaçant de toute ces forces en chantant doucement et moi le corps parcourut de soubresaut et de pleurs sec. Au fur et à mesure mes tremblements cessent et ma respiration hiératique reprend un rythme normal, quand je pose mes mains sur ces épaules ma tête est enfin vide d’image.

- Et si on rentrait maintenant ?

Son murmure caresse ma nuque, j’hoche doucement la tête, vidé de toute mon énergie nous nous relevons, il enlace mes épaules avec force et nous nous éloignons de cette falaise qui a bien failli être ma fin.

Dans son salon la chaleur me brule presque la peau tellement je suis gelée, les jappements inquiets de Démon son vite maitrisé par Alex qui disparait rapidement dans sa chambre et en ressort quelques instants plus tard avec un jogging et un t-shirt ample.

- Vient, faut que tu prennes une douche sinon tu vas attraper froid.

J’hoche la tête, hébéter, il me tire doucement et me pousse dans la salle de bain en refermant derrière moi. La pièce sent fort Alex, sur les étagères devant le miroir une myriade de flacon de parfum, une brosse à dent, du dentifrice et quelque peigne et brosse à cheveux. Je me déshabille machinalement et les pose sur le radiateur avant de ma glisser dans la cabine de douche, quand l’eau chaude se déverse sur moi un violent frisson me parcourt et je me frictionne énergiquement les bras. Je dois être rester quelques minutes mais déjà mon corps réchauffait me remercies, je sors rapidement me sèche et m’habille. Timidement je retourne dans le salon où Alex m’attend une bière à la main, il me sourit en me voyant arriver.

- Mes fringues te vont pas du tout !

- Elle ne souligne pas assez ma superbe silhouette, effectivement !

Nous rions de bon cœur et je m’assois à côté de lui, il me tend une bière qu’il décapsule habillement, j’en bois une longue gorge qui soulage ma gorge endolorie, tous mes cris ont fortement irrité ma trachée. Au bout de quelques secondes de silence il se lève vers sa chambre, il finit par revenir sa guitare à la main, il se cale un peu plus proche de moi et commence doucement à gratter les cordes. Il ajuste un peu les accords puis se met à jouer, il a également sorti un petit carnet de dessous la table basse, il est couvert d’annotation, de note de musique, de bout de morceau de musique, de parole par ci par là. Il fredonne, écrit, joue, par moment il se tourne vers moi, comme pour vérifier que je ne me suis pas enfuit par la fenêtre, épuiser comme je l’étais c’était sûr que non. Je pose ma tête sur son épaule, m’imprégnant de sa chaleur, inspirant son odeur, laissant son t-shirt frotter ma joue.

- J’aime bien cet enchainement, je réplique soudain.

Alex rejoue le morceau, et je fredonne doucement, l’incitant à continuer, enchainant les accords et les notes, notant rapidement d’une main, nous continuons un moment, comme hors du temps, laissant cet instant duré encore et toujours plus longtemps, comme si nous ne voulions pas qu’il s’arrête.

- Ça du te choquer ce qu’a dit Sarah, il hausse les épaules faisant presque tomber ma tête. Cette histoire elle remonte à si longtemps, je ne pensais pas que des gens en parler encore.

- Peu importe le nombre d’années qui s’épare un drame du présent, il aura toujours des connards pour le remettre sur le tapis.

Le silence se fait de nouveau, harmoniser de la musique douce-amère d’ Alex.

- Ce qu’elle a dit été pas totalement faux…

- Tu n’es pas obliger d’en parler.

J’hoche la tête, tirailler entre cette angoisse d’être jugé sans savoir pourquoi et la peur que ce silence que je m’impose ne me détruise pour de bon.

- Je sais plus trop quel âge j’avais, je redresse la tête en finissant ma bière. Il fait nuit et ça faisait quatre jours qu’il pleuvait sans s’arrêter, il se lève et revient avec deux nouvelles bières. Je… mes souvenirs sont flou, mais je me souviens nettement du bruit du verre qu’on brise et de quelque chose de lourd qui tombe au sol. Mon père avait dévalé les escaliers à toute vitesses, ses pieds nues claquaient sur notre vieux parquet. Sur le coup je n’ai pas bougé, je crois que je ne savais pas si j’avais rêvé ou non. Mais…

Je déglutis difficilement, le cœur au bord des lèvres, Alex posa sa guitare et saisis ma main dans la sienne, sans me regarder.

- Quand j’ai entendu mon père pleuré, se… le genre genre de pleure que je ne lui connaissais pas, alors je suis descendu. Elle était par terre, le salon était illuminé du plafonnier que mon père avait allumé. De loin on aurait presque dit qu’elle dormait les yeux ouverts. Mais quand je me suis approchée, sa peau qui était coloré par ses journées dehors était blanc comme de la pierre. Et… Et plus j’approchais mieux je voyais. La fenêtre briser au sol dont les éclats refléter la lumière, ses longs cheveux sur le sol, mon père penchait au-dessus d’elle. Puis j’ai fini par marcher dans… dans son sang, il s’était répondu partout, imbibant le jogging de mon père, la robe et les cheveux de ma mère. Je ne me souviens pas de ce qui s’est passé après, juste de mon père se tournant vers moi et de son regard, c’était comme si lui aussi était mort. J’ai plus jamais dormis de la même manière après ça.

Je reprends ma respiration que je sens sifflante et je passe ma langue sur mes lèvres sèche, la gorgée de bière que je bois par la suite me rafraichis agréablement. Je finis par me retrouver vers Alex qui n’a pas bouger, impassible et si beau dans cette semi obscurité.

- Depuis j’ai peur de la nuit, et j’ai cette angoisse dans la poitrine qui ne part jamais. Et quand y a se trop pleins qui monte en moi je pète un câble, insomnie et crise de panique sont devenus mes meilleures amies. Sois je dessine pour me soulager soit je vais courir, c’est pour ça que j’étais devant chez toi cette nuit-là. La rentrée, mon dossier pour mon école d’art, mon père, tout ça m’a empêché de dormir alors je suis allée courir, il se tourne vers moi un sourire amusé étire sa bouche.

- Et j’ai finis par te prendre pour un pervers et je t’ai coursé.

- Ouais enfin t’a essayé !

- Pas faux, c’est vrai que tu cours putain de vite !

- En même temps je cours tous les jours tout le temps, qu’il pleuve, qu’il vente où qu’il neige.

- Et tu finis par te retrouver dans des saloperies de forêt flippante au bord des falaise.

Je grince des dents, ce moment était comme il le dit flippant, surtout en sachant que j’aurai peut-être sauté s’il n’était pas venu me chercher.

- Tu sais… je peux dire que je comprends ce que tu ressens mais moi aussi je suis angoissée et déprimé et triste. C’est aussi pour ça que je fais de la musique, pour extirper toute cette merde. C’est normal d’être mal après ce qui t’es arriver et c’est normal de ressentir ça même 10 ans plus tard. Tu le ressentiras sans doute encore pendant longtemps…

Sa voix se baisse au fur et à mesure qu’il parle pour finir par s’éteindre dans un souffle, il dit ne pas comprend mais j’ai l’impression qu’il sait, que lui aussi a vécu un truc horrible et que ça le ronge encore. Je sens mon cœur enfin s’apaiser un peu, pouvoir en parler et ne pas se faire juger ou voir de la pitié chez les gens c’est rassurant.

- Ça m’a fait du bien de te parler, j’avais peur que tu es pitié de moi.

- J’ai pas de pitié pour les gens, c’est vrai que quand Sarah a balancé ça comme si elle annonçait le résultat du loto ça m’a choqué, mais on a chacun nos casseroles, c’est juste que certains en ont plus que d’autre !

Je lui souris en buvant cul sec ma bière. La peur qui m’avait gagné se dissipe petit à petit, même si je sais que ça reviendra ça fait du bien de la voir partir. Je m’adosse au dossier du canapé tandis que la conversation dérive doucement sur la musique, j’envoie rapidement un message à mon père pour qu’il ne s’inquiète pas comme à son habitude. Décidément, Alex réussit à me surprendre de bien des manières. Après avoir discuté musique et composition j’étais éreinté et Alex ma donc proposé de rester dormir. J’ai accepté prévenus mon père, et après une dernière bière nous sommes allés nous coucher. C’était étrange de dormir à côté de lui, ses draps sentent sont odeur et son oreiller un peu rêche sous ma peau plus encore, il s’est rapidement endormi, laissant place à sa respiration profonde. Je ne sais pas combien de temps je suis restée là, fixant le plafond les draps sur le nez pour mieux respirer son odeur, mais au bout d’un moment sa respiration se fit plus rapide. Il se mit à gesticuler, d’abords un peu puis de plus en plus, quand il se mit à murmurer dans son sommeil, agitant les bras dans tous les sens je compris que quelque chose n’allait pas.

Je me redresse et pose une main apaisante sur son torse, mais à ma grande surprise il se redresse dans un hurlement qui me fait presque tomber du lit. Il se tourne dans tous les sens, perdu dans ces cauchemars, hurlant à pleins poumon.

- Alex c’est moi je suis là, je me jette sur lui et enlace fortement son torse. Alex, cris-je à mon tour, tout va bien tu es dans ton appartement avec moi. C’est Sophie.

Peu à peu il se calme, sa respiration sifflante m’arrache une grimace, sa poitrine se lève douloureusement entre mes bras. Au bout de longue minutes il pose sa tête sur la mienne, tremblant. Il défait doucement mes bras pour se lever et se rendre dans la salle de bain. Quand j’entends l’eau coulé je me lève et me rhabille rapidement, je toque doucement à la porte et je lance assez fort pour que ma voix couvre l’eau.

- Alex tout va bien ne t’inquiète pas, je vais rentrer chez moi, je pense que tu préfères être seul ce soir. Je vais mieux ne t’en fais pas, on se voit demain en cours okay ?

Aucune réponse, mais je sais qu’il m’a entendu, avec n’importe qui d’autre je serais restée mais Alex est comme moi, sensible au regard des autres, et même si le mien est bienveillant je ne veux pas le blesser. C’est comme si ma révélation avait débloqué quelque chose en lui, comme si son inconscient voulait me parler, malheureusement tant qu’Alex restera prostré dans sa peur comme moi, il ne pourra parler à personne.

Quand je retourne en cours le lendemain je suis encore un peu dans le flou de cette soirée avec Alex, après avoir discuté musique et composition j’ai finis par rentré chez moi, éreinté je suis allée dormir directement. Arriver devant l’immense portail du lycée j’hésite, je n’ai pas envie de croisé Sarah au détour d’un couloir, une épaule vient presser la mienne et je tourne la tête pour découvrir Marie dans un ensemble militaire très proche du corps.

- Alors ma poule ça va mieux ? Tu veux que j'aille tabasser Sarah ? me lance-t-elle rapide rejoins par Vivianne et Emma.

Je souris doucement, heureuse du soutien de mes amies qui m’entoure rapidement comme pour me protéger.

- Non ça va aller, ne t'en fais pas...

- Quand même... Elle a été trop loin. murmure Vivianne les mains crispées sur son carton à dessins.

- Si je la chope cette dinde !!! lance Emma les joues rouges.

- On la fourre de marron, déclame Marie

- Dans tous les sens du terme, je réplique.

- Ahahah, bon aller les filles on va être en retard si on s’attarde, nous dit Emma en se dirigeant vers le bâtiment principal.

Nous la suivîmes tandis que la sonnerie retentit dans la cour qui commence doucement à se vider. Les cours du matin passent assez vite, mais je ne suis pas du tout présente pendant les interminables explication des professeurs. La plupart du temps je regarde par la fenêtre les nuages passer, et les quelques personnes qui parcourent les rues. Dans la dernière heure de cours, de l'anglais la matière que j'aime le moins, on frappe à la porte, c'est Louis le délégué principal.

- Excusez-moi de déranger le cours mais la directrice aimerait parler à Sophie.

Toutes les têtes se tournent vers moi et une boule se forme dans ma gorge. Je me lève et range rapidement mes affaires puis suit Louis dans le couloir. Je me mets à sa hauteur, il a un assez beau profil avec ses cheveux blonds impeccablement coiffés.

- Louis ?

- Oui ?

- Pourquoi la directrice veut me parler ?

- Je pense que tu connais déjà la réponse...

Je le regarde encore un peu puis détourne le regard, le fixant droit devant moi. Je sais de quoi elle veut me parler, c'est évident, c'est en rapport à Sarah.

Quand j'entre dans le bureau de la directrice je ne suis pas surprise de voir Sarah assise sur une chaise en face du bureau de la directrice. Quand elle se retourne, je me retiens de rire, elle a le côté droit du visage gonflé et un sacré œil au beurre noir.

- Vous pouvez nous laisser Louis, Sophie, asseyez-vous je vous prie.

Je regarde Louis sortir et m'assois à côté de Sarah qui se crispe à mon approche, la directrice me regard avec un calme je ne lui connais pas, puis reprends en lançant un regard à Sarah.

- Bien, Mademoiselle Sophie je pense que vous savez pourquoi vous êtes ici ? je réfléchis un instant à la manière dont je devrais formuler la chose.

- Oui, parce que j’ai collé un coup de poing à l’autre grognasse, Sarah pousse un cri offusqué.

- Madame, regarder un peu mon visage, ce n'est qu'une brute elle n'a aucune contenance et aucun respect !

- Attends c'est toi qui parles de respect ?! Et accuser mon père d’être un meurtrier c'est pas un manque de respect ?

- Allons, allons, calmez-vous mesdemoiselles. Sarah, de quoi Sophie parle ? Vous m'aviez affirmé qu'elle vous avait agresser sans motif.

- Mais c'est le cas, je suis allée vers leur groupe et j'ai parlé un peu avec Alex et là elle m’a sauté dessus, elle est complétement hystérique !

- N'importe quoi !!! Je ne vais pas rester assise à me faire accuser à tort !

Je me redresse et me tourne vers Sarah, pointant un doigt accusateur vers elle, et sans m'inquiéter de la présence de la directrice je lui lance à la figure ce qui me titille depuis plusieurs mois.

- Alors écoutes moi bien sale peste, tu te crois au-dessus de tout le monde, tu crois que parce que t’as de beaux yeux et que tu sais tortiller ton cul, tout le monde va se plier à tes moindres désirs ? Mais ma pauvre fille tu crois vraiment que le lycée est un monde ? Tu crois que la vie s'arrête au lycée ? Mais tu délires totalement ! Sarah dis-toi bien qu’ici t'es la reine mais quand tu rentreras dans le monde des adultes tu te feras écraser, piétiner et tu seras plus rien. T'es une fille vide, t’as aucun talent à part emmerdé les autres autour de toi, personne ne t'aime, t'es pathétique, égoïste, manipulatrice et sans cœur. Tu mérites même pas que je te parle et que je gaspille ma salive, je me tourne vers la directrice qui entre temps avait ouvert une bouche béante. Madame, je vous prie d'excuser ma conduite, mais comprenez que je n'aime pas qu'on se moque de moi et encore moins qu'on me manque de respect, j'accepterai la punition que vous jugerez juste, mais je ne resterai pas une minute de plus dans la même pièce que cette... Cette...

Je pousse un râle agacé, prends mes affaires et sors du bureau sans demander mon reste.

Laissant la porte grande ouverte je traverse le couloir à toute allure au moment où la cloche sonne. Je me fonds dans la masse d'élèves qui envahit déjà les couloirs du bâtiment. Je repère au loin les cheveux de Vivianne et me dirige vers elle. Elle est en compagnie deux filles du cours d’art. Quand elle me voit arriver elle se jette sur moi et m'assaille de questions, j'y réponds assez vaguement en demandant où est le reste du groupe. Elle salut du bout des doigts ses amies qui s’éloignent déjà puis se retourne me faire face de nouveau.

- Emma et Marie sont rentrées chez elle, on a prévu de passer la soirée ensemble, puisque demain nous n'avons cours que l'après-midi, me réponds-t-elle le sourire aux lèvres. On sait dit que vu tout ce qui se passe, cette soirée serait la bienvenue, en plus on en avait déjà parler hier tu te souviens ?

- Oui exacte ! Et c’est une super idée, toujours chez Emma ?

- Oui, chez moi mes parents voudront pas et chez Marie c’est trop petit.

- Ok super je passe vite fait chez moi pour prendre des quoi me changer et prévenir mon père et je vous retrouve là-bas ?

- Oui, je dois moi aussi aller chercher des vêtements, j’en ai pour une heure, à tout à l’heure.

- Yep, à toute !

Je lui fais un salut de la main et sors du lycée. Presque tous les élèves sont déjà partis seul une poignée d'entre eux sont encore dans le cours, je me dirige à mon tour vers la sortie puis vers chez moi.

Une fois arrivée je fonce dans ma chambre et fourre quelques affaires dans un sac, je m'étire faisant craquer ma colonne vertébrale. Je sors, dévale notre escalier grinçant et écris un mot sur le comptoir de la cuisine pour mon père. Je prends mes clés, sors, ferme la porte à double tour et mets mes écouteurs, je fredonne doucement la mélodie qu’Alex m’a écrite, les mains dans les poches. Le fond de l'air est particulièrement glacial, le début de janvier se fait sentir, j'ai froid jusque dans mes os malgré l’épaisseur de mon manteau. Je marche vite pour garder ma chaleur, sors mon portable et regarde l'heure, 17h13. J'ai encore 3 bons quarts d'heure devant moi, je me dirige vers le centre et m'arrête dans mon café préféré. « The Dreams Coffee » était devenus un vrai refuge pour moi, un havre de paix. Après avoir passé l’entrer et traverser le couloir je me dirige vers ma place habituelle, près de la fenêtre face à une petite table ronde, je m'assois sur la chaise en bois bordeaux et pose mon sac à mes pieds. Le patron arrive à ma hauteur et me sourit avec chaleur, je suis sans doute l'une de ses dernières clientes régulières.

- Ma Sophie!

Je sors mon carnet de croquis tandis qu'il sort son petit calepin sur lequel il ne marque jamais rien.

- Tu prendras comme d'habitude je suppose ?

- Oui s’il te plait, tu m’accompagne ? Comme ça je peux faire d’autre esquisse de toi.

- Bien sûr, ces yeux s'illuminent.

Je lui souris encore, et sors mes affaires en silence tandis qu’il retourne derrière le comptoir. Il revient quelques minutes plus tard avec deux tasses fumantes de son meilleur café, l'odeur me chatouille le nez et je déglutis d'impatience. Il tire une chaise vers moi un livre à la main, je prends une gorgée de café et commence à dessiner, et il commence à me parler. Comme à notre habitude il me parle de café, de clients, et de ses voyages dont je suis avare de détails. Il était en train de me parler des paysages magnifiques en Autriche quand il s'arrête soudain. Je relève les yeux vers lui et je le vois le regard dans le vide comme perdu dans ces souvenirs ou ces réflexions.

- Tu n’as pas l’air dans ton assiette, il s’est passé quelque chose ?

Je sens ma gorge se serré aussitôt, Mark est douer pour comprendre les gens, après le vécu qu’il a et les années passés derrière son bar à observer les gens à du affuter plus encore son regard. Je pose mon carnet et bois une gorgé de café histoire de délier ma langue.

- Ce n’est rien de grave, je n’ai pas envie de te déranger avec ça.

- Je peux tout entendre.

- Je t’assure tout va bien.

- Tu sais je suis vieux mais j’ai l’esprit jeune ! Je peux te conseiller sur…

- Vraiment tout va bien !

Cette dernière phrase sortis bien trop rapidement et bien trop brutalement lance un froid sur nous. Gêné je triture nerveusement mes doigts sans oser le regarder, son soupire finit par briser le silence.

- Tu sais, tu n’obtiendras de l’aide de personne si tu ne parles pas.

Puis sans attendre de réponse il se leva et partis dans la réserve, rouge de honte je finis ma tasse, jette quelques billets sur la table, range mes affaires et détail comme un lapin. Je ne sais pas pourquoi je me suis braqué, j’avais discuté avec Alex, Mark a beau être presque du même âge que mon père il s’est toujours montrer amical et prévenant, à l’écoute, et de bon conseil quand je lui en demande. Même si mon passé est douloureux et difficile à expliquer j’aurai au moins pus lui dire ça, il n’aurait alors pas insisté et ne se serait pas sentis rejeter.

Je marche vite et je finis par arriver chez Emma en un temps record, essoufflée et à bout de force, je toque à la porte en reprenant contenance, lissant mes cheveux du plat de la main et reprenant ma respiration. Vivianne vient m'ouvrir en souriant et me fait entrer. Tout le monde est déjà là et installé, je lance mon sac dans un coin et me joins à elles en essayant de me changer les idées. Je les écoute longtemps discuter.

- Et là il m'a dit un truc du style que j'étais pas une meuf.

- Mais quel con ! réplique Emmi à Marie.

- Ouaip. Et vous les meufs c'est comment côté mec ?

- Moi je file toujours le parfait amour avec Maxime !

- Tu m'étonnes, lançais-je a mis voix.

- Et toi Sophie ?

- Oh ben pas grand-chose.

- Ouh la menteuse ! lance Marie. J'ai vu les regards que Alex et toi avez échangé depuis la rentrée, toutes les filles hurlèrent en cœur.

- Bon ça va, ça va, oui il y a un truc entre lui et moi mais je ne sais pas trop quoi... Il est pas vraiment décidé, et j’ai pas envie de lui forcer la main. Et si on posait la question à notre petite timide, hein Vivianne ? elle me lança un regard implorant et toutes se mirent à rire.

- Oh aller Vi on sait bien qu'il y a quelqu'un qui te fait craquer mais on arrive pas à savoir, lance Emma

Elle rougit de plus belle en me lançant un regard désespérer, je lui fais un clin d’œil discret pour l'encourager, après tout nous sommes toutes les quatre amies, de très bonnes amies. Elle respire un long moment et se lance.

- Et bien... Je... Il y a... Un garçon c'est vrai... Mais... Je ne pense pas... Qu'il m'ait remarqué...

- Mais c'est qui ?! lance Emma en trépignant d’excitation.

- C'est heu... C'est... An... Antoine...

- Qui ? demande Marie en tendant l’oreille, elle l'avait dit si doucement que même moi je n'avais pas entendu.

- An... Antoine...

- Mais merde Vi on t'entend pas, plus fort ! réplique Emma.

- C'est Antoine

Hurle-t-elle soudain les joues rouges de honte, elle soupire en tremblant et en se cachant dans ses mains. Nous échangeons un regard avant de lui sauter dessus en riant aux éclats, choqués, elle glousse à notre unisson et nous repousse gentiment. Quand nous nous écartâmes pour la laisser respirer, les filles l'assaillent de question en tous genres auxquels, évidement, Vi ne répondit pas. Nous continuâmes de discuter en écoutant de la musique tout en nous goinfrant de chips et de bonbons, chacune avait son avis bien trancher sur l’amour, mais nous étions toute d’accord qu’être amoureuse n’était pas de tout repos. Si seulement il n’y avait que ça dont je doive m’occupé…

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