Chap 7 partie 2 - Un baiser pour dormir

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Il fredonne, écrit, joue, par moments il se tourne vers moi, comme pour vérifier que je ne me suis pas enfuie par la fenêtre. Épuisée comme je l’étais, c’était sûr que non.
Je pose ma tête sur son épaule, m’imprégnant de sa chaleur, inspirant son odeur, laissant son t-shirt frotter ma joue.

— J’aime bien cet enchaînement, je réplique soudain.
Alex rejoue le morceau, et je fredonne doucement, l’incitant à continuer, enchaînant les accords et les notes, notant rapidement d’une main.
Nous continuons un moment, comme hors du temps. Laissant cet instant durer encore et toujours plus longtemps, comme si nous ne voulions pas qu’il s’arrête.

— Ça a dû te choquer, ce qu’a dit Sarah.
Il hausse les épaules, faisant presque tomber ma tête.
— Cette histoire, elle remonte à si longtemps… Je ne pensais pas que des gens en parlaient encore.
— Peu importe le nombre d’années qui séparent un drame du présent, y aura toujours des connards pour le remettre sur le tapis.

Le silence se fait de nouveau, harmonisé par la musique douce-amère d’Alex.
— Ce qu’elle a dit n’était pas totalement faux…
— Tu n’es pas obligée d’en parler.

J’hoche la tête, tiraillée entre cette angoisse d’être jugée sans savoir pourquoi, et la peur que ce silence que je m’impose ne me détruise pour de bon.

— Je sais plus trop quel âge j’avais.
Je redresse la tête en finissant ma bière. Il fait nuit et ça faisait quatre jours qu’il pleuvait sans s’arrêter.
Il se lève et revient avec deux nouvelles bières.
— Je… mes souvenirs sont flous, mais je me souviens nettement du bruit du verre qu’on brise et de quelque chose de lourd qui tombe au sol.
Mon père avait dévalé les escaliers à toute vitesse, ses pieds nus claquaient sur notre vieux parquet.
— Sur le coup, je n’ai pas bougé. Je crois que je ne savais pas si j’avais rêvé ou non. Mais…

Je déglutis difficilement, le cœur au bord des lèvres. Alex pose sa guitare et saisit ma main dans la sienne, sans me regarder.

— Quand j’ai entendu mon père pleurer… le genre de pleurs que je ne lui connaissais pas… alors je suis descendue. Elle était par terre, le salon était illuminé du plafonnier que mon père avait allumé.
— De loin, on aurait presque dit qu’elle dormait les yeux ouverts. Mais quand je me suis approchée, sa peau, qui était colorée par ses journées dehors, était blanche comme de la pierre.
— Et… Et plus j’approchais, mieux je voyais. La fenêtre brisée au sol dont les éclats reflétaient la lumière, ses longs cheveux sur le sol, mon père penché au-dessus d’elle. Puis j’ai fini par marcher dans… dans son sang.
— Il s’était répandu partout, imbibant le jogging de mon père, la robe et les cheveux de ma mère. Je ne me souviens pas de ce qui s’est passé après, juste de mon père se tournant vers moi. Son regard… c’était comme si lui aussi était mort.
— J’ai plus jamais dormi de la même manière après ça.

Je reprends ma respiration, que je sens sifflante, et je passe ma langue sur mes lèvres sèches.
La gorgée de bière que je bois par la suite me rafraîchit agréablement.
Je me tourne vers Alex, qui n’a pas bougé, impassible et si beau dans cette semi-obscurité.

— Depuis, j’ai peur de la nuit. Et j’ai cette angoisse dans la poitrine qui ne part jamais. Et quand y a ce trop-plein qui monte en moi, je pète un câble. Insomnie et crise de panique sont devenues mes meilleures amies.
— Soit je dessine pour me soulager, soit je vais courir. C’est pour ça que j’étais devant chez toi cette nuit-là. La rentrée, mon dossier pour mon école d’art, mon père, tout ça m’a empêchée de dormir, alors je suis allée courir.

Il se tourne vers moi, un sourire amusé étire sa bouche.

— Et j’ai fini par te prendre pour un pervers et je t’ai coursé.
— Ouais, enfin t’as essayé !
— Pas faux. C’est vrai que tu cours putain de vite !
— En même temps, je cours tous les jours, tout le temps, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige.
— Et tu finis par te retrouver dans des saloperies de forêts flippantes au bord des falaises, et je dois te sauver alors que j’ai le vertige.

Je grince des dents, ce moment était, comme il le dit, flippant. Surtout en sachant que j’aurais peut-être sauté s’il n’était pas venu me chercher.

— Tu sais… je peux pas dire que je comprends ce que tu ressens. Mais moi aussi je suis angoissé, déprimé et triste. C’est aussi pour ça que je fais de la musique : pour extirper toute cette merde.
— C’est normal d’être mal après ce qui t’est arrivé. Et c’est normal de ressentir ça, même dix ans plus tard. Tu le ressentiras sans doute encore pendant longtemps…

Sa voix baisse au fur et à mesure qu’il parle, pour finir par s’éteindre dans un souffle.
J’ai l’impression qu’il sait. Que lui aussi a vécu un truc horrible et que ça le ronge encore. Je sens mon cœur enfin s’apaiser un peu.
Pouvoir en parler et ne pas se faire juger, ou voir de la pitié chez les gens, c’est rassurant.

— Ça m’a fait du bien de te parler. J’avais peur que tu aies pitié de moi.
— J’ai pas de pitié pour les gens. C’est vrai que quand Sarah a balancé ça comme si elle annonçait le résultat du loto, ça m’a choqué. Mais on a chacun nos casseroles, c’est juste que certains en ont plus que d’autres.

Je lui souris en buvant ma bière cul sec. La peur qui m’avait gagnée se dissipe petit à petit. Même si je sais que ça reviendra, ça fait du bien de la voir partir.
Je m’adosse au dossier du canapé tandis que la conversation dérive doucement sur la musique. J’envoie rapidement un message à mon père pour qu’il ne s’inquiète pas, comme à son habitude.
Décidément, Alex réussit à me surprendre de bien des manières. Après avoir discuté musique et composition, j’étais épuisée et Alex m’a proposé de rester dormir. J’ai accepté, prévenu mon père, et après une dernière bière, nous sommes allés nous coucher.
C’est étrange de dormir à côté de lui. Ses draps sentent son odeur, et son oreiller, un peu rêche sous ma peau, encore plus. Il s’endort rapidement, laissant place à sa respiration profonde.

Je ne sais pas combien de temps je reste là, fixant le plafond, les draps sur le nez pour mieux respirer son odeur. Mais au bout d’un moment, sa respiration devient plus rapide. Il se met à gesticuler, d’abord un peu, puis de plus en plus.
Quand il commence à murmurer dans son sommeil, agitant les bras dans tous les sens, je comprends que quelque chose ne va pas.

Je me redresse et pose une main apaisante sur son torse, mais à ma grande surprise, il se redresse dans un hurlement qui me fait presque tomber du lit. Il se tourne dans tous les sens, perdu dans ses cauchemars, hurlant à pleins poumons.

— Alex, c’est moi, je suis là !
Je me jette sur lui et l’enlace fortement.
— Alex ! crié-je à mon tour. Tout va bien, tu es dans ton appartement avec moi. C’est Sophie !

Peu à peu, il se calme, sa respiration sifflante m’arrache une grimace. Sa poitrine se soulève douloureusement entre mes bras.
Au bout de longues minutes, il pose sa tête contre la mienne, tremblant. Il défait doucement mes bras pour se lever et se rendre dans la salle de bain.

Quand j’entends l’eau couler, je me lève et me rhabille rapidement. Je toque doucement à la porte et je lance assez fort pour que ma voix couvre l’eau :

— Alex, tout va bien, ne t’inquiète pas. Je vais rentrer chez moi, je pense que tu préfères être seul ce soir. Je vais mieux, ne t’en fais pas. On se voit demain en cours, okay ?

Aucune réponse, mais je sais qu’il m’a entendue.
Avec n’importe qui d’autre, je serais restée, mais Alex est comme moi, sensible au regard des autres, et même si le mien est bienveillant, je ne veux pas le blesser.

C’est comme si ma révélation avait débloqué quelque chose en lui, comme si son inconscient voulait me parler. Malheureusement, tant qu’Alex reste prostré dans sa peur, comme moi, il ne pourra parler à personne.

Quand je retourne en cours le lendemain, je suis encore un peu dans le flou de cette soirée avec Alex.
Arrivée devant l’immense portail du lycée, j’hésite. Je n’ai pas envie de croiser Sarah au détour d’un couloir.
Une épaule vient presser la mienne et je tourne la tête pour découvrir Marie dans un ensemble militaire très proche du corps.

— Alors ma poule, ça va mieux ? Tu veux que j’aille tabasser Sarah ? me lance-t-elle, rejointe par Vivianne et Emma.

Je souris doucement, heureuse du soutien de mes amies qui m’entourent rapidement, comme pour me protéger.

— Non, ça va aller, ne t’en fais pas…
— Quand même… Elle a été trop loin, murmure Vivianne, les mains crispées sur son carton à dessins.
— Si je la chope, cette dinde !!! lance Emma, les joues rouges.
— On la fourre de marrons, déclame Marie.
— Dans tous les sens du terme, je réplique.
— Ahahah, bon allez les filles, on va être en retard si on s’attarde, nous dit Emma en se dirigeant vers le bâtiment principal.

Nous la suivons tandis que la sonnerie retentit dans la cour qui commence doucement à se vider.

Les cours du matin passent assez vite, mais je ne suis pas du tout présente pendant les interminables explications des professeurs.
La plupart du temps, je regarde par la fenêtre les nuages passer, et les quelques personnes qui parcourent les rues.

Dans la dernière heure de cours — de l’anglais, la matière que j’aime le moins — on frappe à la porte. C’est Louis, le délégué principal.

— Excusez-moi de déranger le cours, mais la directrice aimerait parler à Sophie.

Toutes les têtes se tournent vers moi et une boule se forme dans ma gorge. Je me lève et range rapidement mes affaires, puis suis Louis dans le couloir.
Je me mets à sa hauteur. Il a un assez beau profil, avec ses cheveux blonds impeccablement coiffés.
Il ne dit pas un mot. Du genre discret et bon élève, il ne se mélange pas vraiment aux autres.

Quand j’entre dans le bureau de la directrice, je ne suis pas surprise de voir Sarah assise sur une chaise en face du bureau.
Quand elle se retourne, je me retiens de rire : elle a le côté droit du visage gonflé et un sacré œil au beurre noir.

— Vous pouvez nous laisser, Louis. Sophie, asseyez-vous, je vous prie.

Je regarde Louis sortir et m’assois à côté de Sarah, qui se crispe à mon approche. La directrice me regarde avec un calme que je ne lui connais pas, puis reprend en lançant un regard à Sarah :

— Bien. Mademoiselle Sophie, je pense que vous savez pourquoi vous êtes ici ?
— Oui. Parce que j’ai collé un coup de poing à l’autre grognasse.
Sarah pousse un cri offusqué.
— Madame, regardez un peu mon visage ! Ce n’est qu’une brute, elle n’a aucune contenance et aucun respect ! Et j’ai failli m’évanouir devant tout ce sang !
— Attends, c’est toi qui parles de respect ?! Et accuser mon père d’être un meurtrier, c’est pas un manque de respect ?!
— Allons, allons, calmez-vous, mesdemoiselles. Sarah, de quoi Sophie parle-t-elle ? Vous m’aviez affirmé qu’elle vous avait agressée sans motif.
— Mais c’est le cas ! Je suis allée vers leur groupe, j’ai parlé un peu avec Alex, et là elle m’a sauté dessus. Elle est complètement hystérique !
— N’importe quoi !!! Je ne vais pas rester assise à me faire accuser à tort !

Je me redresse et me tourne vers Sarah, pointant un doigt accusateur vers elle. Sans m’inquiéter de la présence de la directrice, je lui lance à la figure ce qui me titille depuis plusieurs mois.

– Alors écoute-moi bien, sale peste. Tu te crois au-dessus de tout le monde ? Tu penses que parce que t’as de beaux yeux et que tu sais tortiller ton cul, tout le monde va se plier à tes moindres désirs ? Mais ma pauvre fille, tu crois vraiment que le lycée, c’est le monde ? Tu crois que la vie s’arrête au lycée ? Tu délires complètement ! Sarah, dis-toi bien qu’ici t’es la reine, mais quand tu entreras dans le monde des adultes, tu te feras écraser, piétiner, et tu ne seras plus rien. T’es une fille vide, t’as aucun talent à part faire chier les autres autour de toi. Personne ne t’aime. T’es pathétique, égoïste, manipulatrice et sans cœur. Tu mérites même pas que je te parle ni que je gaspille ma salive.

Je me tourne vers la directrice, qui entre-temps a ouvert une bouche béante.

— Madame, je vous prie d’excuser ma conduite, mais comprenez que je n’aime pas qu’on se moque de moi, et encore moins qu’on me manque de respect. J’accepterai la punition que vous jugerez juste, mais je ne resterai pas une minute de plus dans la même pièce que cette... cette...

Je pousse un râle agacé, prends mes affaires et sors du bureau sans demander mon reste.

Laissant la porte grande ouverte, je traverse le couloir à toute allure, juste au moment où la cloche sonne. Je me fonds dans la masse d’élèves qui envahit déjà les couloirs du bâtiment. J’aperçois au loin les cheveux de Vivianne et me dirige vers elle. Elle est en compagnie de deux filles que je ne connais pas. Quand elle me voit arriver, elle se jette sur moi et m’assaille de questions. Je lui réponds vaguement et lui demande où est le reste du groupe. Elle salue du bout des doigts ses amies, qui s’éloignent déjà, puis se retourne pour me faire face à nouveau.

— Emma et Marie sont rentrées chez elles. On a prévu de passer la soirée ensemble, puisque demain on n’a cours que l’après-midi, m’explique-t-elle, un sourire aux lèvres. On s’est dit que vu tout ce qui se passe, cette soirée serait la bienvenue. En plus, on en avait déjà parlé hier, tu te souviens ?

— Oui, exact ! Et c’est une super idée. Toujours chez Emma ?

— Oui, chez moi mes parents voudront pas, et chez Marie c’est trop petit.

— Ok super. Je passe vite fait chez moi pour prendre de quoi me changer et prévenir mon père, et je vous retrouve là-bas ?

— Oui, je dois moi aussi aller chercher des vêtements. J’en ai pour une heure. À tout à l’heure !

— Yep, à toute !

Je lui fais un salut de la main et sors du lycée. Presque tous les élèves sont déjà partis, seule une poignée d’entre eux traîne encore dans la cour. Je me dirige à mon tour vers la sortie, puis vers chez moi.

Une fois arrivée, je fonce dans ma chambre et fourre quelques affaires dans un sac. Je m’étire en faisant craquer ma colonne vertébrale. Je sors, dévale notre escalier grinçant et écris un mot sur le comptoir de la cuisine pour mon père. Je prends mes clés, sors, ferme la porte à double tour et mets mes écouteurs. Je fredonne doucement la mélodie qu’Alex a écrite pour moi, les mains dans les poches.

Le fond de l’air est particulièrement glacial ; le début de janvier se fait sentir. J’ai froid jusqu’aux os malgré l’épaisseur de mon manteau. Je marche vite pour garder ma chaleur, sors mon portable et regarde l’heure : 17h13. J’ai encore trois bons quarts d’heure devant moi.

Je me dirige vers le centre-ville et m’arrête devant le « The Dreams Coffee ». Après avoir passé l’entrée et traversé le couloir, je me dirige vers ma place habituelle, près de la fenêtre, face à une petite table ronde. Je m’assois sur la chaise en bois et pose mon sac à mes pieds. Marc arrive à ma hauteur et me sourit avec chaleur. Je suis sans doute l’une de ses dernières clientes régulières.

— Ma Sophie !

Je sors mon carnet de croquis tandis qu’il dégaine son petit calepin, sur lequel il n’écrit jamais rien.

— Tu prendras comme d’habitude, je suppose ?

— Oui, s’il te plaît. Tu m’accompagnes ? Comme ça, je peux faire d’autres esquisses de toi.

— Bien sûr.

Ses yeux s’illuminent. Je lui souris encore et sors mes affaires en silence, tandis qu’il retourne derrière le comptoir. Il revient quelques minutes plus tard avec deux tasses fumantes de son meilleur café. L’odeur me chatouille les narines et je déglutis d’impatience. Il tire une chaise vers moi, un livre à la main. Je prends une gorgée de café et commence à dessiner, tandis qu’il se met à parler.

Comme à notre habitude, il me parle de café, de clients, et de ses voyages dont je suis avide de détails. Il est en train de me décrire les paysages magnifiques en Autriche quand il s’arrête soudain. Je relève les yeux vers lui et le vois le regard perdu dans le vide, comme absorbé par ses souvenirs ou ses réflexions.

— Tu n’as pas l’air dans ton assiette. Il s’est passé quelque chose ?

Je sens ma gorge se serrer aussitôt. Marc est doué pour comprendre les gens. Après tout ce qu’il a vécu, et les années passées derrière son bar à observer les clients, ça a dû affûter encore davantage son regard. Je pose mon carnet et bois une gorgée de café pour délier ma langue.

— Ce n’est rien de grave. Je n’ai pas envie de te déranger avec ça.

— Je peux tout entendre.

— Je t’assure, tout va bien.

— Tu sais, je suis vieux, mais j’ai l’esprit jeune ! Je peux te conseiller sur...

— Vraiment, tout va bien !

Cette dernière phrase sort beaucoup trop rapidement et brutalement, et jette un froid entre nous. Gênée, je triture nerveusement mes doigts sans oser le regarder. Son soupir finit par briser le silence.

— Tu sais, tu n’obtiendras d’aide de personne si tu ne parles pas.

Puis, sans attendre de réponse, il se lève et part dans la réserve. Rouge de honte, je finis ma tasse, jette quelques billets sur la table, range mes affaires et détale comme un lapin. Je ne sais pas pourquoi je me suis braquée. Marc a beau avoir presque le même âge que mon père, il s’est toujours montré amical et prévenant, à l’écoute, et de bon conseil quand je lui en demande. Même si mon passé est douloureux et difficile à expliquer, j’aurais au moins pu lui dire ça. Il n’aurait alors pas insisté et ne se serait pas senti rejeté.

Je marche vite et finis par arriver chez Emma en un temps record, essoufflée et à bout de force. Je toque à la porte en reprenant contenance, lisse mes cheveux du plat de la main et récupère ma respiration. Vivianne vient m’ouvrir en souriant et me fait entrer. Tout le monde est déjà là, installé. Je lance mon sac dans un coin et me joins à elles en essayant de me changer les idées. Je les écoute discuter longuement.

— Et là, il m’a sorti un truc du style que j’étais "pas une vraie meuf".

— Mais quel con ! réplique Emma à Marie.

— Ouaip. Et vous, les meufs, c’est comment côté mec ?

— Moi, je file toujours le parfait amour avec Maxime !

— Tu m’étonnes, lancé-je à mi-voix.

— Et toi, Sophie ?

— Oh ben, pas grand-chose.

— Ouh, la menteuse ! lance Marie. J’ai vu les regards qu’Alex et toi avez échangés depuis la rentrée. Toutes les filles hurlent en chœur.

— Bon, ça va, ça va. Oui, il y a un truc entre lui et moi, mais je sais pas trop quoi... Il est pas vraiment décidé, et j’ai pas envie de lui forcer la main. Et si on posait la question à notre petite timide, hein, Vivianne ? Elle me lance un regard implorant, et toutes se mettent à rire.

— Oh allez, Vi, on sait bien qu’il y a quelqu’un qui te fait craquer, mais on n’arrive pas à savoir qui, lance Emma.

Elle rougit de plus belle en me lançant un regard désespéré. Je lui fais un clin d’œil discret pour l’encourager. Après tout, nous sommes toutes les quatre amies, de très bonnes amies. Elle prend une grande inspiration et se lance.

— Eh bien... Je... Il y a... Un garçon, c’est vrai... Mais... Je ne pense pas... Qu’il m’ait remarquée...

— Mais c’est qui ?! lance Emma en trépignant d’excitation.

— C’est heu... C’est... An... Antoine...

— Qui ? demande Marie en tendant l’oreille. Elle l’a dit si doucement que même moi, je n’ai pas entendu.

— An... Antoine...

— Mais merde, Vi, on t’entend pas ! Plus fort ! réplique Emma.

— C’est Antoine ! hurle-t-elle soudain, les joues rouges de honte. Elle soupire en tremblant et se cache dans ses mains.

Nous échangeons un regard avant de lui sauter dessus en riant aux éclats. Choquée, elle glousse à notre unisson et nous repousse gentiment. Quand nous nous écartons pour la laisser respirer, les filles l’assaillent de questions en tous genres, auxquelles, évidemment, Vi ne répond pas.

Nous continuons de discuter en écoutant de la musique, tout en nous goinfrant de chips et de bonbons. Chacune a son avis bien tranché sur l’amour, mais nous sommes toutes d’accord : être amoureuse, ce n’est pas de tout repos.

Si seulement il n’y avait que ça dont je devais m’occuper...

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