Chap 8 partie 2 - Réveil mouvement

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Mon cœur s’accélère. Une petite voix hurle dans ma tête : Ne reste pas là. Suis ton instinct. Ne laisse pas la vie t’écraser. Je reprends mon téléphone et appelle Antoine. Il a toujours été une oreille attentive. Et c’est l’ami d’Alex. Il saura me conseiller. Il décroche rapidement. Après un bref échange, il m’invite à venir chez lui.

J’arrive rapidement devant sa maison : une grande bâtisse ancienne en pierre blanche. La porte d’entrée, en bois sombre et lisse, est immense. Je toque. Il m’ouvre et me fait entrer. Il me fait signe de le suivre. Nous traversons ce qui semble être le hall, puis un salon aux tons bordeaux et marron foncé. Il tire un rideau, dévoilant une porte dérobée.

Je souris. On se croirait dans un film d’époque.

Nous débouchons sur une sorte de boudoir. Il me fait asseoir sur un petit canapé très confortable.

— D’abord, comment tu te sens ? Tu étais à l’hôpital… C’est réglé ?

— Oui, ne t’en fais pas. Je triture nerveusement mes doigts, les yeux rivés au sol.

— Tu es sûre ?

— Oui, oui. Quelques problèmes de santé… mais j’ai des médocs, donc c’est bon. Pas de souci…

— Bien, si tu le dis. Maintenant, dis-moi ce qui se passe avec Alex.

Je souris tristement et m’enfonce un peu plus dans le canapé. Il pose devant moi une tasse fumante de café. Je la prends dans mes mains. Je le regarde un moment. Son sourire est chaleureux et rassurant. Le café est bon. Il réchauffe mes mains.

— Je… je ne comprends pas Alex…

— Ne t’en fais pas, je suis pareil. Mais dis-moi tout, je pourrais peut-être t’aider.

— Merci...

Je déglutis et, dans un souffle, je me mets à lui parler. La nuit tombe rapidement. Je parle longuement de tout ce que je ressens, jusqu’à ce qu’une question vienne gratter au fond de ma tête.

— Pourquoi est-ce qu’il est comme ça ? Pourquoi il se comporte comme un crétin fini ?!

— … Écoute Sophie, Alex est un dur. Il a vu des trucs pas vraiment géniaux. Je sais que ce n’est pas une excuse, mais… ahhh, j’aimerais te le dire, mais c’est compliqué. Très personnel. Je ne pense pas pouvoir...

— S’il te plaît ! C’est devenu insupportable, cette situation…

— Tu l’aimes ?

Je redresse la tête pour le regarder.

— Oui…

Il pose sa main sur la mienne et me sourit au-dessus de sa tasse de café.

— Écoute… bon, d’accord. Mais je ne connais pas tous les détails… Tu sais qu’il s’est émancipé il y a deux ans ?

— Oui…

— Ce n’est pas anodin, tu sais… Son père battait sa mère. Et un jour, il l’a poignardée. Il était complètement ivre, apparemment, et Alex a essayé de la protéger. Il a frappé son père… Et à ce qu’on m’a dit, lui aussi se prenait des coups depuis qu’il était tout petit. Mais…

— Mais… ?

— Sophie… Il lève les yeux vers moi. Sa mère est dans le coma. Et son père est en fuite…

Mon cœur se serre aussitôt. Ça a dû être un moment horriblement douloureux. Seul face à ce monstre, jusqu’à ce qu’il prenne la fuite, laissant un enfant traumatisé et une femme presque morte.

— Il… C’est pour ça qu’il est si froid ? Si brutal ? Si… tout ?

— Oui. C’est une manière de se protéger.

— Antoine, je… La première nuit qu’on a passée ensemble, il a fait une crise. Il s’est réveillé en hurlant, complètement paniqué.

— Il n’a jamais vraiment réussi à surmonter ça. Il a toujours voulu comprendre son père. C’était son modèle, son idéal… et le voir devenir comme ça, subir tout ça…

— Donc, il se protège en blessant les autres, en faisant ce qu’il veut, sans limites, ni considération pour les conséquences…

— Oui. Pendant longtemps, il a aussi été comme ça avec moi. Même si on se connaissait d’avant, il n’avait confiance en personne. Il était comme un animal blessé.

— Mais… Je… Je peux comprendre tout ça, je vois ce que tu veux dire… mais… j’ai du mal à tout pardonner. Certaines choses ne sont pas pardonnables.

— Il t’a blessée à ce point ?

— Tu vois Sarah ? (Il hoche la tête.) Ce qui s’est passé au lycée, il a bien vu que je ne la supportais pas, qu’elle m’avait profondément blessée… Et pourtant, je suis allée le voir tout à l’heure, et elle était là. En petite tenue.

Il se tait un instant, la bouche entrouverte, le regard perdu dans le vide.

— J’aimerais te dire que ça me choque… mais en fait, pas tant que ça. Il teste tes limites. Il veut voir si tu vas l’abandonner, comme son père l’a abandonné.

Je me lève du canapé en poussant une plainte qui déchire le cœur. Je commence à faire les cent pas dans son salon, sous son regard bienveillant. Il ne dit rien, comme toujours. Et ce silence me fait du bien. Il m’aide à faire le tri.

Je finis par m’arrêter devant lui, les yeux fixés sur la tasse de café posée sur la table.

— Il faut que je rentre chez moi… ah non, c’est vrai, je suis partie de là-bas !

— Tu as quoi ? Je lève les yeux vers lui, réalisant ma bourde. Je souris, désolée. Je rêve.

— Écoute… C’est trop tendu entre mon père et moi. Je vais m’installer quelque temps chez Emma, do...

À ce moment-là, mon téléphone vibre dans ma poche. Je le sors, soupire en voyant le nom affiché. Mon père. Je jette un regard d’excuse à Antoine et m’éloigne un peu.

— Oui ?

— Chérie, où es-tu ? Sa voix brisée me serre le cœur, mais je chasse vite le regret qui grimpe dans ma gorge.

— Je vais vivre quelques temps chez Emma. Je ne peux plus rester près de toi.

— Sophie, s’il te plaît… rentre, qu’on en discute…

— Pour que tu me mentes encore ?

— Non, écoute…

— Je n’ai plus envie d’écouter ! Tu m’étouffes, à toujours être sur mon dos. Tu ressasses encore et encore les mêmes trucs, mais tu ne parles jamais des choses importantes ! Tu ne me dis jamais rien, et je ne supporte plus d’être dans ce noir complet !

— Mais tu ne peux pas me laisser...

— Et toi, tu peux arrêter de ne penser qu’à toi ?! Depuis la mort de maman, tu te complais dans ton chagrin sans voir à quel point je souffre ! Je me détruis, et tu t’en fous ! Tu m’as laissée t’aider, mais jamais tu ne m’as aidée. J’en ai ras le bol. Débrouille-toi tout seul !

Je raccroche sans attendre. Pourquoi… pourquoi tout s’écroule maintenant ?! Antoine s’est levé. Il pose une main sur mon épaule pour me rassurer. Elle est chaude, cette main. Je l’avais déjà remarqué… mais là, sa chaleur pénètre jusqu’à ma peau. Mon téléphone vibre encore. Je ne le regarde pas. Je sais que c’est mon père. Encore et toujours. Bloqué dans sa douleur. Comme moi dans la mienne.

— J’en peux plus, je vais craquer…

Il ne répond pas. Il reste là, à côté de moi. Présent. Un pilier. Soutenant la pauvre carcasse qu’il reste de mon être.

— Je vais y aller…

— D’accord. N’hésite pas si tu veux encore discuter.

— Merci Antoine. Je pose ma main sur la sienne, comme pour aspirer un peu plus de sa chaleur. On se voit en cours. Salut !

— Salut !

Je n’attends pas. Je traverse sa maison rapidement. Dehors, le temps est maussade, mais il ne pleut plus. Cette ville me déprime. J’ai l’impression qu’il ne fait que ça : gris.

Je marche, le regard dans le vide. Je repense à tout ce que je viens d’apprendre. Pourquoi ne pas m’en avoir parlé ? Pourquoi ne pas me faire confiance ? Je lui ai parlé de ma mère, je me suis confiée à lui. Je suis si insignifiante à ses yeux ? Je sors mon portable de ma poche : déjà cinq appels manqués de mon père. Aucun message. Il a laissé tomber. Il sait que j’ai un endroit où dormir, et que je ne céderai pas. Ses appels me ramènent à l’hôpital. À mes peurs. J’erre dans les rues comme un zombie. Et c’est pourtant au « The Dreams Coffee » que mes pas me mènent.

Je regarde la façade. Et j’entre. J’ai besoin de la chaleur de ce lieu. La petite cloche de la porte sonne. Je longe le couloir et vais m’asseoir à ma table, en silence. Je regarde le jardin, détachée. Quand je sens une présence à côté de moi, je lève aussitôt les yeux.

Mark se tient là. Le visage doux. Protecteur.

— Je suis content que tu sois revenue, Sophie… Je… je voulais m’excuser pour la dernière fois. Je n’aurais peut-être pas dû dire les choses ainsi.

— Ne t’excuse pas… Ce n’est pas grave.

Il m’offre un sourire chaleureux. Ses yeux pétillent de plaisir.

— Comme d’habitude ? me lance-t-il, déjà en route vers le bar.

— Non ! J’aimerais changer, pour une fois.

Il se tourne vers moi. Je lui souris du mieux que je peux.

— Tu peux me servir un verre de vin blanc ?

Il ouvre grand les yeux en s’approchant de moi.

— Tu vas bien ?
— Pas vraiment…

Je soupire et détourne le regard. Il me connaît suffisamment pour savoir quand j’ai besoin de parler et, surtout, quand j’ai besoin d’être seule. Il ne dit pas un mot de plus, se contente de faire demi-tour et revient cinq minutes plus tard avec un verre de vin, un autre de scotch — petit plaisir qu’il s’accorde parfois — et un carnet coincé sous le bras.
Il s’assied en face de moi, pose le verre de vin et fait glisser le carnet vers moi. Je lui souris avec reconnaissance, le prends sans attendre et saisis le crayon qu’il me tend.

Je mets mes écouteurs et commence aussitôt à le croquer, de face, baigné de lumière, penché au-dessus de son livre, le verre posé au bord des lèvres. La musique d’Alex se déverse en moi, douloureusement. Mon dessin est un peu flou, mais je me concentre sur son regard. Je fais plusieurs esquisses, tente diverses méthodes pour les ombres. Je finis par poser mon crayon et lui tends le carnet, où nombre de ses portraits vivent déjà. Je porte le verre à mes lèvres et soupire d’aise en sentant cette sensation si particulière envahir ma bouche.
Mon regard se pose de nouveau sur le petit jardin, plongé dans le gris, et sur la fine pluie qui s’est mise à tomber.

Nous restons là un moment, en silence. Je me sens mieux. Sa présence me fait du bien. Je lui jette un coup d’œil. Il lit tranquillement, ses lèvres remuent parfois, murmurant silencieusement les lignes de son texte. Je sens mon téléphone vibrer dans ma poche, et je sursaute presque. Mark me lance un regard du coin de l’œil, puis se concentre de nouveau sur sa lecture en buvant une gorgée de scotch.

Mon cœur rate un battement. C’est Alex.
Après tout ce qui s’est passé depuis la rentrée, je ne sais plus où me mettre. Comment ma vie a-t-elle pu basculer à ce point en dix jours ?
Je repense à la conversation que j’ai eue avec Antoine, et je ne peux retenir ma peine.
Je me lève doucement et porte l’appareil à mon oreille.

— Allô ?
Sa voix, suave, me donne des palpitations. La tristesse me prend aux tripes, tout comme la colère que je tente de refouler.
— Qu’est-ce que tu veux ? je crache.
— J’ai besoin de te parler… S’il te plaît, laisse-moi t’expliquer.
— Et qu’est-ce que ça changera, de toute façon…
— Tout ! Laisse-moi te dire ce qu’il en est, je t’en prie…
Son ton implorant me fait chavirer.
Je n’ai jamais entendu Alex supplier. C’est un garçon dur, qui n’aime pas montrer sa faiblesse. Je suis comme lui, en un sens. Enfin… j’essaie.
Je finis par craquer.
— Où ? Quand ?
— Chez moi. Et maintenant ?
La vision de Sarah sortant en petite tenue de sa chambre me frappe de plein fouet, provoquant un haut-le-cœur.
— Non… plutôt au parc.
— Pourquoi ?
— Parce que je veux pas retourner là où j’ai vu le cul de Sarah.
Un silence s’installe.
— D’accord.

Sans perdre une seconde, je raccroche et retourne chercher mes affaires. Mark me lance un regard bienveillant, encourageant.
Je lui fais un signe de la main et sors du café, lui lançant mon plus beau sourire avant de prendre mes jambes à mon cou.

Mon sang bat à mes tempes comme une musique trop forte.
Je jette un coup d’œil discret à mon portable : 21h16. Une fois arrivée au parc, je le cherche des yeux. Je finis par le trouver, appuyé contre un arbre. J’entends des aboiements, suivis d’une sensation humide sur ma main. Démon me lèche doucement. Je me baisse pour le caresser avec affection. J’entends les pas d’Alex se rapprocher rapidement. Gardant les yeux fixés sur Démon, j’essaie de reprendre mon souffle. À son approche, il devient court et instable. Je n’ose pas le regarder. Mon cœur tambourine si fort que j’ai l’impression qu’il va exploser.
Il ne dit rien pour l’instant, se contentant de m’observer caresser Démon.

— Écoute Sophie, je suis désolé pour ce que j’ai fait…
— Être désolé ne me sert à rien.
— … Écoute, j’ai pas vraiment l’habitude de m’excuser, alors s’il te plaît, sois pas vache.
— Si tu détestes tant que ça t’excuser, commence par pas faire de conneries qui demandent des excuses !

Je me redresse brusquement et le fixe avec colère.
Toute tristesse et tout stress m’ont quittée.

— Mais puisque je te dis que je suis désolé !
— Mais putain, arrête de t’excuser comme une larve et dis-moi pourquoi t’as couché avec Sarah !
— Mais j’en sais rien ! J’étais complètement ivre !
— Quoi ?!

Il soupire avec colère, les yeux plantés dans les miens.
Il est complètement à côté de ses pompes.

— Je… après notre nuit, tu… t’as vu que j’avais fait une crise…
— Oui, j’ai vu.
— Et j’ai eu la trouille de t’avoir fait peur. Alors, quelques jours plus tard, je me suis enfermé chez moi. J’ai bu quelques bières, et là, y a l’autre qui est venue me casser les couilles. Je… j’ai dû la laisser entrer pour qu’elle arrête de taper comme une folle à ma porte. Démon aurait fini par dégommer la porte.
— Mais je le crois pas…

Je me prends la tête entre les mains en me redressant. Je sens les pensées affluer doucement. Évidemment, t’as pas arrêté de boire, avec elle à côté. Et de fil en aiguille…

— On a couché ensemble.
— T’es vraiment un gros débile…
— Pardon ?!

— Un. Gros. Débile ! T’es complètement con comme mec ! Tu croyais vraiment que ce genre de trucs me ferait peur ?!

Il me regarde, bouche bée.
Je m’approche de lui, les yeux chargés d’un regard noir.
Cette attitude, ce n’est pas lui. Et cet Alex qui se tient devant moi, je le déteste.
Cette peur, cette angoisse, alors qu’il a vu tellement pire de moi… Lui qui m’a soutenue.
Comment il a pu croire que j’allais le juger ?

— T’as peut-être l’habitude des filles en string et sans cerveau, mais il faut quand même que tu te rendes compte de qui je suis !
Merde, je suis pas une de tes conquêtes d’un soir, à qui tu fais ton petit numéro avant de te casser au petit matin.
J’en ai vu, des horreurs. Et crois-moi, c’est pas les tiennes qui vont me retourner l’estomac.
Mais tu sais ce qui me donne envie de vomir, là, tout de suite ?

Il me fixe d’un regard dur.
Petit à petit, il revient à lui, retrouve ses appuis. Il redevient ce mec infect… mais aimant. Celui que je connais.

— C’est le connard que j’ai en face de moi !

Mon souffle est court. Je me détourne de lui dans un râle guttural et marche d’un pas vif vers la sortie du parc.

Je l’entends me suivre, son pas rapide. Il me rattrape et saisit mon poignet.
Je ne le repousse pas. Je le laisse faire.
Il serre fort, reprend sa respiration. Il est en colère. Mais j’ai plus le droit que lui de l’être. Je me tourne lentement vers lui, les yeux plantés dans les siens.

Je commence à en avoir marre de faire semblant. De toujours être "la gentille fille". De ne jamais hausser le ton.
Par moments, je rêve de tout plaquer, de prendre mes affaires, ma guitare, quelques fringues, et de m’enfuir. Là-bas, au bord de la mer. Avec le vent salé dans le nez, les vagues qui me caressent les pieds.
Loin de mon père. Loin de la tombe de ma mère. Loin de ma maladie. Loin de ce gris qui me colle à la peau.

— Alex… lâche-moi. Pour l’instant, je suis trop en colère contre toi pour réfléchir normalement.
Si tu m’aimes — comme tu l’as dit — alors tu vas faire ce que je te demande.
C’est-à-dire : arrêter de me parler, arrêter de me toucher, et arrêter de t’approcher d’autres filles. Il ouvre de grands yeux, choqué. Il lâche aussitôt mon poignet.
Je lui adresse un sourire doux, pour le rassurer.

— Je vais devoir m’occuper de moi. Parce que je suis malade. Et que je vais sans doute devoir m’habituer à cette idée.
J’ai besoin de penser un peu à moi. Donc je vais m’exiler un temps.
J’aimerais que tu m’attendes. Après tout, tu as vu la noirceur en moi sans t’enfuir. Alors crois-moi quand je te dis que je ne m’enfuirai pas non plus.

Je le regarde un instant. Ses yeux cherchent à me dire quelque chose.
Il semble… surpris. Perdu. Peut-être ému. Je me penche doucement vers Démon pour le caresser une dernière fois. Puis je pose un baiser léger sur les lèvres d’Alex. Et je m’éloigne.

Je prends la direction de chez Emma.
La semaine s’annonce longue. Douloureuse à souhait. Mais pas si différente de toutes les précédentes.

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