L'ombre (préface)
La nuit tombe rapidement sur cette petite maison. On y découvre un portail rouillé, une voiture usée, un porche orné de fleurs colorées.
La dernière lumière qui filtrait à travers une fenêtre s’est éteinte depuis longtemps. Le ciel se couvre d’épais nuages, un éclair le zèbre soudain, éclairant la bâtisse endormie depuis peu.
Une femme aux longs cheveux blonds brise le silence de la maison. Elle descend à pas feutrés l’escalier menant au salon, resserrant les pans de sa robe de chambre, le portable collé à son oreille. Il éclaire son visage d’une lueur blafarde. Avançant dans l’obscurité, évitant les ombres qui l’entourent, le chuchotement de ses mots se perd dans le silence de la nuit. Tout à coup elle s’arrête, en alerte, murmure des mots précipité puis raccroche les doigts tremblant. Un fracas assourdissant résonne. Du verre explose sur le sol, en même temps que le grondement du tonnerre.
L’homme assoupi à l’étage sursaute violemment. Le regard encore endormi et le visage froissé par l’oreiller, il se précipite dans les escaliers.
Devant lui, l’horreur.
Sur le sol gît sa femme. Elle gémit faiblement, traversée de soubresauts, ses longs cheveux blonds se tachent déjà de sang. Il se précipite sur elle en laissant échapper un cri déchirant. Les larmes inondent son visage, il la prend dans ses bras, accueillant son dernier souffle. Un sanglot secoue l’homme qui, trop dévasté, n’entend pas le bruit feutré derrière lui.
Une petite fille, aux longs cheveux bruns le visage encore barbouillé de sommeil, se tient non loin de la scène dont elle ne saisit pas la nature. Son regard perdu cherche à comprendre. Seul les ombres lui répondent comme un cauchemar.
Un liquide rouge se répand doucement sur le parquet poli. La fillette avance d’un pas, hésitante, et pose un pied dans le liquide. Se contacte l’a fait sursauter. Tout à coup, un bruit trouble la symphonie de la pluie battante, elle se retourne vers la fenêtre et aperçois une ombre fugace trahis par un éclair qui déchire la nuit.
L’ombre disparaît aussitôt, comme avalée par l’obscurité laissant derrière elle un silence plus lourd encore que les grondements du tonnerre.
Ce n’est plus une maison comme tant d’autre : une tragédie changera à jamais la vie de ces occupants.

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