Chapitre I Adieu foyer

5 minutes de lecture

   Je suis allongée sur notre vieux canapé. Le cuir est abîmé tout du long. Notre chat s'en était servi comme arbre à chat. Mais, tant qu'il tient le coup, on continue à s'en servir. Les yeux fermés, j'entends des hurlements provenant de l'extérieur. Sans doute quelques maraudeurs en quête de nourriture qui se disputent. Je sais que je dois faire preuve d'aucune pitié, ma survie en dépend. Mon passé est là pour me le rappeler chaque jour. Toutefois, je ne peux m'empêcher de ressentir de la tristesse pour tous ceux qui mourront ici, qui pourront jamais fuir cet enfer.

 Mes sœurs regardent par la fenêtre, les cris innocents d'une petite fille se font entendre malgré les vitres fermées. Madison baisse le regard et vient s’asseoir sur le boudin du canapé près de ma tête, je sens sa main se déposer sur mon front, elle me caresse doucement les cheveux. Elle se remémore le temps où nous étions encore ensemble, quand on était encore une famille. Je suis peut-être partie pendant longtemps, mais elles n'ont pas changé.

Je les connais toujours autant, j'ai l'impression de n'être jamais partie. Tout en rouvrant les yeux, je prends une grande inspiration et me décide à prendre la parole pour camoufler les cris incessants.

 – Prenez vos affaires, on s'en va. Ne prenez que l’essentiel, on ne sait jamais sur quoi on peut tomber ni quand l'on devra fuir. Leur dis-je calmement en me levant, tout en cherchant de grands sacs.

En leur en donnant un chacun, je me rends compte que je ne montre aucune expression que ce soit sur mon visage ou dans mes yeux, mais cela ne les interpellent pas, elles ont l'air d'être habituées à mes traits semblables à une statue.

 – Où veux-tu aller avec, c'est taré dehors ? On a plus de probabilités de se faire tuer que de survivre. Me dit Kayla tout en fixant la fenêtre, le regard vide, sa main près de sa bouche, soupirant de désespoir.

Elle pense que personne n'a de chance de survivre et d'aller de l'autre côté du mur, mais elle a tort. Je sais qu'elle a peur, mais on ne peut pas rester ici, un jour ou l'autre, quelqu'un finira par nous trouver et n’hésitera pas à nous tuer.

 – On est obligé de sortir, si on le fait, tu as des chances de retrouver Knight, et nos parents. Nous serons en sécurité.

Elle baisse les yeux et ses bras retombent lourdement, elle sait que j'ai raison et que nous n'avons pas d'autres choix. Knight est son fiancé, il a été contraint de partir, la veille du renvoi, il fêtait ses trente ans. Kayla était anéantie de le voir partir, elle a perdu tout espoir de retrouver à nouveau la personne qu'elle aimait tant.

 – Nous ne resterons pas bien longtemps à la surface de toute manière, il suffira de faire attention à ceux qui nous entourent pendant une demi-heure et après, nous serons un peu plus en sécurité. Leur dis-je en mettant une trousse de premiers secours, une gourde et autres ustensiles dans mon sac.

Elles écarquillèrent les yeux, très surprises. Elles se regardent un peu paniquer, mais je n'y prête pas attention. Je ne veux pas les mettre en danger en traversant la moitié du pays à l’extérieur, mais je ne veux pas non plus que quelqu'un nous tue ici, alors plus qu'une solution ; le tunnel. Certes, ce chemin a certaines contraintes, mais il est moins dangereux, en tout cas, c'est ce que mon père m'avait dit à ce sujet. Il ne parlait pas souvent du tunnel, mais il en était très fier de raconter qu'il a été créé par des membres de sa famille, il y a presque un siècle. Petit, il me racontait les histoires que son grand-père lui racontait. Ce tunnel est une vraie fourmilière pour pouvoir accéder aux quatre coins du pays et remplit d'être magique quand mon père me narrait ses histoires. Mais aujourd'hui, ce n'est plus des êtres magiques qui peuvent s'y loger, mais des être bien plus effrayant ressemblant à la réalité.

Ma famille a toujours su et mon père me l'avait chaque jour répété que les Etats allaient nous abandonner, qu'ils détruiraient notre pays.

 – On va également essayer de retrouver Maxime, si tu te rappelles de l'endroit exact où il est parti, nous avons une chance de le retrouver.

Madison baisse le regard en m’entendant dire cette phrase. Maxime a un an de moins qu'elle, pour son travail, il a dû partir en déplacement. Il est parti trois jours avant le renvoi, aujourd'hui revenir indemne à un point précis est très peu probable, il est peut-être mort ou devenu un danger, personne ne sait à quoi ni à qui s'attendre.

 – Tu veux traverser le tunnel, mais c'est impossible d'en sortir vivant, tu connais bien ce que les gens racontent, il faudrait un miracle pour en ressortir indemne et ne croiser aucun animal dangereux ou autre chose de pire. Me dit Kayla en mettant son sac sur son dos.

  Tout le monde connaît le tunnel, le traverse, mais très peu réussisse à atteindre la destination qu'ils désirent. Plusieurs légendes ont été créées à partir de ce tunnel, les anciens l'appellent Le tunnel maudit, ils racontent que ceux qui y entrent n'ont jamais revu le jour, sauf ceux qu'ils l'ont créés, mais eux, sont des démons qui ont fondés leurs enfers quatre pieds sous terre. Ces légendes me font rire, elles sont complètement absurdes.

Quand j'étais petite, je m'y aventurais souvent malgré les interdictions de ma mère, je forçais mon père à m'y emmener, et jamais je n'ai vu de monstres, de cadavres ou de démons comme ils le racontaient. Ce tunnel a été inventé pour notre survie.

 – C'est vrai qu'il y a un risque de rencontrer des fous, mais vous deux vous être des maîtres d'archeries vous pouvez vous défendre, et moi... Disons que je sais aussi me défendre.

À ma grande surprise, mes sœurs ne m'interrogent pas sur ma phrase et continuent leurs préparatifs en silence.

Je me rappelle précisément de ces entraînements intensifs ; combat à main nu, arme blanche, jusqu'à la poudre noire, tout ce qui existe, j'ai appris à le manier. Je me souviens de tous ceux qui sont morts à cause de ces entraînements, les plus faible mourraient en étant les cibles de nos entraînements. Tous ces corps que l'on débarrassait sans aucune rancune, ni sentiments.

 – N'oubliez pas vos arcs, vous en aurez besoin, de l'eau et ce qu'il nous reste comme nourriture, nous n'en aurons pas assez, mais nous en trouverons sûrement sur le chemin. Je dis ces mots en fermant mon sac toujours avec cet air nonchalant qui ne me quitte plus.

 J'enlève les planches clouées à la porte et ouvre les trois verrous qui retenait l'ouverture de cet endroit qui n'allait désormais plus être notre refuge. Je franchis le pas de la porte, j'entends mes sœurs prendre une grande inspiration avant de m'emboîter le pas. Il y a quatre étages qui nous séparent de l'extérieur, on essaye d'éviter d'attirer l'attention sur nous. La plupart des portes sont lacérées et tordues vers l’intérieur, et toutes les fenêtres éclatées au sol comme du cristal.

Annotations

Vous aimez lire Ayato Yamada ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0