Adieu foyer - 1
Plus nous descendons les étages, plus nous entendons des gémissements de l'extérieur se rapprocher, je dévale les escaliers aussi vite que je peux. Mes sœurs essayent de me rattraper tant bien que mal, mais je préfère avoir une petite longueur d'avance pour pourvoir anticiper les dangers.
À partir du premier étage, j'observe une traînée de sang sur les côtés des marches et des empreintes de main sur la rambarde, je me penche sur celle-ci pour essayer de distinguer une silhouette, mais rien en vue. Je continue à descendre, j'arrive aux derniers escaliers avant d'arriver au rez-de-chaussée, jusqu'à voir une ombre se dessiner en bas, une personne recrovillé sur elle même à la dernière marche, pleurant en silence.
Je scrute son profil ; sa tignasse soignement entretenu, volumineuse, couper en dégradé sur les côtés, des reflets chatain sont accentué grâce aux rayons de lumière qui entrent dans le batiment. Son corps maigre laisse imaginer facilement les formes de son corps affaibli.
Je m’avance lentement vers ce garçon qui semble avoir mon âge. Ma main posée sur le petit manche recouvert de multiples lanières de cuir d'une magnifique dague décorée de diverses gravures. Je regarde le sol devant lui qui est recouvert d'une mare de sang, cette degoulinade remonte jusqu'à son tee-shirt bleu smalt qui devient violet par endroit.
Je fais un signe discret à mes sœurs pour qu'elles restent en arrière, j'ai bien reconnu cette personne mais je voulais m'en persuader.
Je m'approche lentement de Chaïm mon ancien voisin, et ami. On se croisait souvent en rentrant de du collège et du lycée, on s'entendait bien... avant que je parte et que je l'oublie peu à peu.
Ma dague entre mes mains, le regard aussi froid que de la glace, je suis prête à l'abattre au moindre mouvement qu'il fera.
De l’extérieur j'ai l'air insensible mais au fond, je tremble de tous mon être. Mes muscles se crispent, mon cœur s’accélére. J'ai pourtant éliminer de sang froid plusieurs de mes camarades lors de mes entraînements, et traîné leurs défunts corps au point d'immolation.
Chaïm marmonne d'un air terrifié, il répète sans cesse « aidez-moi, tuez-moi, je veux arrêter de souffrir ».
Tout en me rapprochant tranquillement, j'écoute ses souffrances en étant consciente qu'il agonise. Lentement, je range ma dague avec précaution, au niveau de ma ceinture, tout en restant méfiante.
Plus je me rapproche de lui, plus de multiples souvenirs me reviennent en tête, il y en a un particulierement qui est précieux à mes yeux ; ses cheveux bruns qui volaient a la brise du vent, son regard doux qui se tournait vers moi, ses yeux gris dauphin reflétaient la sérénité, et ses lèvres rosées dessinait un sourire rayonnant. Ses habits virevoltaient dans l'air pur du parc qui était peuplé des centaines de fleurs différentes toutes aussi jolies les une que les autres. Les quatre fontaines réparties dans le parc apaisaient le lieu. Plusieurs bancs de pierre y étaient installés tout autour, qui, la plus part du temps étaient bondé de monde. J'y venais souvent pour réfléchir et profiter de l'apaisement que me donnait ce lieu, seul le chant des oiseaux et le bruit des fontaines me retenaient dans la réalité.
Chaïm disait qu'il se trouvait beaucoup de défauts, mais quand je le regardais, tout ce que je remarquais de ce qu'il me citait, c'était son corps maigre, qui criait parfois famine, et ses vêtements qui étaient trop grand pour lui, car il voulait que personne ne sache qu'il était anorexique, et qu'il était victime d'une grande précarité avec son père, qui était devenue l'ombre de lui même dans l'alcool.
Je retourne à la réalité en voyant que je suis à quelques centimètres de lui. Je pose une main méfiante sur son épaule. Surprit, il tourne sa tête vers moi. Ses yeux remplis d’effroi, des éclaboussures de sang répartit sur son visage, qui était autrefois tout droit sortit d'un conte, me glace le sang.
Je nies toute crainte et m'approche de lui avec un sourire rassurant, en m'asseyant près de lui, il tourne sa tête remplit de terreur. Ses yeux fixés sur moi, j'essaye tant bien que mal de le rassurer par ma simple présence. Quelques secondes silencieuses entre nous deux passent. Nous nous observons contemplant chaque détails l'un sur l'autre. Il lâche son regard et retient son souffle qu'il suivit de pleures silencieux, le regard dans le vide j’attends ne disant rien, puis il se calme peu à peu malgré ses blessures qui le fait de plus en plus souffrir.
– Merci d'être là, dit-t-il dans un souffle d'apaisement. Mes sœurs se regardent inquiètes et à la fois touchées par ce qu'il se passe sous leurs yeux, mais se passe de de tous commentaires.
– Nous devons continuer notre route Chaïm, on ne peut pas rester ici indéfiniment, je suis désolée. Lui dis-je en tournant tristement ma tête vers lui. Il dirige son regard vers moi, d'une traite, ses jambes tremblantes se dressent et se déplace juste devant moi. Je le regarde de la tête au pied en me rendant compte qu'il n'était pas normal, il avait pris soin de cacher la surface déchirée de son tee-shirt au niveau de sa poitrine recouverte de sang, lorsque nous étions assis. J'avais perçu beaucoup de sang mais je pensais pouvoir le sauver.
– Je suis en train de mourir, ta présence ….enfin votre présences, dit-t-il en tournant un regard furtif à mes sœurs qui n'avaient pas bougées.
–.... M'ont soulager. J'ai de plus en plus de mal à respirer, je sens mon corps me lâcher, mon coeur ne meurt mais... il a continué à battre parce que tu étais à mes côté. Il t'avait choisis et tu le savais... mais tu la rejeté avec douceur tout en restant avec moi... Je te donne mes dernières forces pour être debout devant toi, et de dire une dernière fois que je t'aime... Se fut les derniers mots que j'ai pu entendre venant de ses lèvres, avant de s'effondré sur moi, je ne prend pas conscience qu'il est mort, une mince lueur d'espoir traverse mon esprit. A contre cœur je pris son poignet pour tout de même sentir son pouls, mais rien que du silence.
Mes sœurs se rapprochent, inquiètes, conscientes que ce sort est réservé à chacun d'entre nous, dans ce pays maudi.
– Il est mort ? Dit Madison attristée en s’avançant vers moi, pourquoi a t-elle poser cette question, elle en est bien consciente, elle le voit. Descendant lentement les marches de pierres recouvertes de sang, arriver à mon niveau elle met une main chaleureuse sur mon épaule. Ne sachant pas quoi répondre, je la regarde simplement et lui adresse un léger sourire accompagné de mon regard glacial.
Chaïm dans les bras, la lucidié me rattrape, nous n'avons pas le temps de plaindre touts les morts que nous connaissions.
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