Chapitre 11 : L'Embuscade De La Forêt

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Ils avaient quitté la plage dès l’aube. Null n’avait pas fermé l’œil de la nuit.

Le silence de la mer était devenu étouffant, et Théo, même sans comprendre pourquoi, avait fini par suivre sans poser de questions. Il sentait que quelque chose clochait. Quelque chose de lourd, de menaçant, mais qui restait tapi dans l’ombre.

Ils avaient marché jusqu’à atteindre une forêt immense, aux troncs serrés, aux feuillages si denses qu’ils filtraient presque toute la lumière du jour. L’air y était froid, humide… et oppressant.

Le sable s’était effacé sous leurs pas, remplacé peu à peu par de l’herbe sèche, puis de la terre humide, et enfin, par les racines tordues d’une forêt ancienne. Null et Théo s’enfonçaient dans un royaume d’ombres, où les rayons du soleil filtraient à peine à travers la canopée.

Le bruissement des feuilles semblait étouffer tout son, comme si la forêt refusait de laisser s’échapper quoi que ce soit… ni lumière, ni cris.

— On est obligés d’passer par là ? grogna Théo en enjambant une souche.

Null hocha la tête, les yeux fixés droit devant.

— Le chemin est plus court par ici. Et surtout… on sera moins visibles.

Moins visibles de quoi ? Théo n’osa pas poser la question. Il savait que depuis quelques jours, Null agissait différemment. Il ne dormait presque plus, regardait sans cesse par-dessus son épaule, et parfois, il fixait des coins d’ombre comme s’ils lui murmuraient quelque chose.

Ils marchèrent encore, longtemps. Le vent n’osait même plus souffler ici. Chaque craquement, chaque bruissement semblait venir de derrière eux.

— Tu l’sens ? murmura Null. Théo fronça les sourcils.

— Quoi ?

— Quelque chose nous suit. Depuis la plage.

Théo s’arrêta, balayant les alentours du regard. Rien. Juste les troncs sombres, le tapis de feuilles mortes, et ce silence de tombe.

— Tu flippes pour rien, mec. Y’a que nous. Null ne répondit pas. Il savait. Il sentait. L’ombre était là, toute proche. Et elle attendait. Quelques pas plus loin, il tourna la tête pour dire à Théo de presser le pas. Mais Théo n’était plus là.

— Théo ?

Un sifflement. Un choc, puis un bruit, pas fort, mais juste assez pour qu'on l'entende. Null pivota, une main sur la garde de son épée.

Théo gisait au sol, inconscient, son visage à demi enfoui dans les feuilles. Son corps semblait inerte, comme s’il s’était simplement effondré.

Et là, juste derrière lui… il le vit. L’ombre. Celle qu’il observait du coin de l’œil depuis des jours. Cette fois, elle n’était plus dissimulée. Elle était là. En face de lui.

Un être aux yeux d’un blanc pur, brillants comme la lune dans une nuit sans étoiles. Une silhouette droite, trop calme, trop confiante.

— Enfin… murmura-t-il. Enfin seuls.

Null n’eut pas le temps de dégainer. Une main puissante l’agrippa par la gorge et le plaqua violemment contre un arbre. Le tronc craqua sous l’impact. Son souffle fut coupé net.

Il se débattit, mais la poigne de l’ombre était inhumaine. Les yeux blancs fixaient les siens, sans la moindre émotion.

— Pourquoi… tu… nous attaques ? parvint-il à dire dans un râle étranglé.

La créature se pencha légèrement, un sourire cruel se dessinant au coin de ses lèvres pâles.

— Parce que j’en ai envie. Et ses doigts se resserrèrent.

La douleur explosa dans la gorge de Null. Il grattait, frappait, tentait de se libérer, mais c’était comme se battre contre une montagne. L’air manquait. Le monde tournait. Il entendait son propre cœur battre à ses oreilles comme un tambour de guerre.

Le visage de Théo au sol. Immobile. Et cette chose devant lui. Herobrine. Ce nom résonna dans sa tête sans qu’il sache comment. Il le savait. Il l’avait su dès l’instant où leurs regards s’étaient croisés.

Il allait mourir. Il allait mourir ici. Maintenant. Mais alors que ses forces l’abandonnaient, un mot se glissa entre ses lèvres, un souffle brisé, presque inaudible :

— Pourquoi… tu nous suivais ?

Un silence. Court. Mais chargé. Herobrine s’immobilisa. Juste un instant. Ses yeux, pourtant vides, clignèrent presque. Un rictus surpris étira sa bouche.

— …Tu m’as vu ? Il avait dit ça comme si c’était impossible. Les doigts d’Herobrine se desserrèrent légèrement.

Null tomba à genoux, toussant, crachant, haletant, luttant pour reprendre son souffle. La forêt semblait tourner autour de lui. Les feuilles sifflaient, mais ce n’était pas le vent. C’était lui. Toujours là.

Il releva la tête, les yeux rougis, et répondit d’une voix tremblante, mais déterminée :

— Je te vois… Depuis longtemps. Herobrine ne souriait plus. Et dans ses yeux blancs, pour la première fois… il y avait un doute.

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