Chapitre 12 : Celui Qui Voit
Le silence était devenu pesant. Même les oiseaux s’étaient tus.
Herobrine se tenait là, immobile, ses yeux blancs fixés sur Null comme s’il essayait de comprendre. Comme si, pour la première fois depuis longtemps, quelque chose échappait à son contrôle.
— Tu m’as vu… répéta-t-il, plus doucement.
Null, encore agenouillé, posa une main tremblante sur le sol pour ne pas s’effondrer. Il se sentait vidé, glacé jusqu’à l’âme. Et pourtant… il ne détourna pas le regard.
— Oui, souffla-t-il. Depuis la plage. Depuis la plaine. Depuis que tout a commencé. Je te sentais… Je te regardais.
Herobrine pencha la tête sur le côté, comme un prédateur intrigué par une proie trop curieuse.
— Tu n’aurais pas dû pouvoir. Personne ne le peut. Tu es… différent.
Null serra les poings. Il voulait hurler. Pleurer. Frapper. Mais tout en lui lui disait de ne pas montrer sa peur.
— Je ne suis pas différent. J’ai juste… été seul trop longtemps. Et toi, tu me rappelles ce vide.
Herobrine haussa un sourcil.
— Vide ? Null reprit difficilement son souffle.
— Le vide de l’orphelinat… Les coups. Les insultes. L’oubli. Les regards qui te traversent comme si t’étais même pas réel. Ce silence-là… je le connais. Le monstre resta figé. Le vent se leva légèrement, soulevant quelques feuilles mortes entre eux.
—L'orphelinat ? Celui qui a brulé et dont tous les occupants ont été massacrés ? C'est toi qui a fait ça ?
Null était perplexe, il ne voulait pas en parler, ou plutôt, il ne pouvait pas. Les souvenirs des cris et du feu qui brulait les cadavres des enfants qui le harcelaient lui revinrent, et il eut une boule au ventre : il est vrai que ils le harcelaient, mais ils ne méritaient pas ça.
Herobrine avait compris que c'était lui, il suffisait de lire sur son visage.
— Et maintenant ? demanda Herobrine. Tu comptes faire quoi ? M’affronter ? Me fuir ? Me supplier ?
Null détourna le regard une seconde vers Théo, toujours étendu sur le sol. Puis, lentement, il se releva, malgré la douleur.
— Je veux juste comprendre pourquoi. Pourquoi tu nous suis. Pourquoi maintenant. Dis Null reprenant ses esprits.
Un nouveau silence. Long. Herobrine fixait Null, comme si un combat se jouait dans son esprit.
Puis il souffla :
— Parce que tu vois ce que les autres refusent de regarder. Parce que tu sens ce que les autres ignorent. Parce que… tu ressembles trop à ce que j’étais.
Ces mots, lancés comme des lames, laissèrent un vide étrange dans l’air. Et un éclair de tristesse — à peine perceptible — traversa les yeux blancs.
Mais aussitôt, tout redevint noir. Une brume s’éleva autour d’Herobrine. Son visage redevint froid, impassible.
— Et c’est pour ça que je dois t’effacer. Avant que tu comprennes trop.
D’un geste rapide, Herobrine leva la main, une pulsation d’énergie sombre surgit autour de lui… Mais alors — un cri. Théo. Il s’était réveillé.
— NULL ! Et dans un éclair, il lança une torche encore fumante qu’il avait ramassée au sol, directement sur Herobrine. La lumière jaillit dans l’obscurité. L’ombre recula brusquement, sifflant comme une bête blessée.
— Tch… Trop tard. Et dans un souffle d’ombre, il disparut. La forêt retomba dans le silence. Null, les jambes fléchissantes, s’effondra dans les bras de Théo, haletant, le cœur battant encore à s’en briser.
— Tu l’as vu, Théo ? Tu l’as vu cette fois ? Mais Théo secoua la tête.
— J’ai vu une forme… une ombre… mais ses yeux… je les ai pas vus. Je sais pas ce que c’était. Null fixa la pénombre. Il semblerait qu'il soit le seul à le voir en entièreté. Et il savait que ce n’était que le début.
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