Chapitre 15 : Le Couloir De L'Oubli
Le silence était assourdissant.
À peine Herobrine avait-il disparu dans l’ombre que le manoir sembla changer. Les murs, autrefois immobiles, se mirent à respirer lentement. Un souffle sourd, comme un battement de cœur, résonnait dans les couloirs. Les chandeliers s’illuminèrent d’eux-mêmes, d’une flamme pâle et bleutée. Chaque craquement du bois sonnait comme un avertissement.Null fit un pas. Puis un autre.
Les traces de Théo étaient toujours là… à peine visibles, mais elles le guidaient. Tantôt un fil de tissu arraché, tantôt une empreinte de chaussure dans la poussière. Il les suivait, tendu, son épée à la main, le cœur battant dans ses tempes.
Mais très vite, il comprit.
Ce manoir n’obéissait pas aux règles.
Un premier couloir semblait tourner en rond. À chaque fois que Null avançait, il retrouvait la même peinture sur le mur : un portrait déchiré d’un homme sans visage. Après trois passages, il se figea. Il ferma les yeux, se concentra… et cette fois, il prit un chemin qu’il ne voyait pas.
Il passa à travers une tapisserie poussiéreuse… et un passage s’ouvrit derrière.
Le manoir était vivant. Il testait.
La pièce suivante était une ancienne salle de bal. Le sol, fissuré, était recouvert de feuilles mortes, comme si la forêt avait tenté de l’avaler. Au centre… un souvenir.
Il se vit lui-même.
Plus jeune. Assis dans une chambre froide d’orphelinat. Silencieux. Blessé.
Les rires des autres enfants résonnaient autour de lui. Moqueurs. Cruels. L’image le regardait avec une expression vide. Comme s’il ne se reconnaissait plus lui-même.
— Tu es revenu… souffla une voix. Celle du passé.
Null recula. L’illusion se dissipa. Mais elle lui laissa un goût amer.
Le manoir n’était pas fait que de pierre. Il était fait de douleur. De mémoire.
Il voulait le briser.
Encore une porte. Encore un couloir. Encore des escaliers qui n’étaient pas là quelques instants plus tôt.
À mesure qu’il avançait, la tension montait. Les murs semblaient se rapprocher. Le temps ralentissait. Mais toujours, ces traces de Théo : une éclaboussure de sang sur une rampe. Un morceau de manche accroché à un clou. Un gémissement étouffé… lointain.
Et enfin, il arriva devant une grande porte de bois noir, gravée de symboles.
Il la poussa.
La pièce était sombre. Silencieuse. Une torche brûlait sur le mur du fond, et à la lueur de la flamme… il le vit. Théo.
Allongé sur une dalle de pierre. Inconscient. Attaché. Le visage marqué de fatigue, mais vivant. Null s’avança d’un pas précipité — trop vite.
Un courant d’air glacé le coupa net. Et Herobrine apparut.
Sorti de l’ombre, les yeux toujours aussi blancs, il tenait quelque chose à la main… une dague noire, taillée dans l’obsidienne brute. Un outil. Ou une clé. Pour ouvrir quelque chose de bien plus dangereux que des chaînes.
— Tu es venu, dit-il simplement.
Sa voix était calme. Presque douce. Ce n’était pas un cri. C’était une constatation. Null serra l’épée contre lui.
— Pourquoi tu fais ça ? grogna-t-il malgré la douleur à la gorge.
Herobrine s’approcha lentement, les yeux brillants dans la pénombre.
— Parce que je veux voir jusqu’où tu es prêt à aller, murmura-t-il. Jusqu’où tu peux plonger… pour lui.
Il montra Théo du doigt.
— Tu n’es pas différent de moi, tu sais. Nous avons tous deux été rejetés. Nous avons crié sans réponse. Mais toi… tu as encore une attache. Et je veux la briser.
Null sentit la peur l’envahir. Pas pour lui. Mais pour Théo. Il fit un pas en avant. L’épée levée. Herobrine sourit.
— Alors viens. Montre-moi. De quoi est capable… l’ombre que tu es devenu.
Et dans un éclair, la torche s’éteignit. L’obscurité les engloutit. Le combat allait commencer.
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