Chapitre 16 : L'Apparition De L'Ombre
Le noir complet. Null tendait l’oreille. Sa respiration haletante emplissait le silence oppressant, entrecoupée du martèlement de son cœur contre sa poitrine. Chaque seconde qui passait paraissait durer une éternité. Il sentait Herobrine… il savait qu’il rôdait quelque part dans l’obscurité, tout proche.
Puis, un mouvement. Un bruit de pas rapide. Un bruit métallique, brutal. Un cri étouffé.
— Théo !
Null bondit en avant à l’aveugle, heurtant la dalle de pierre. À tâtons, il chercha Théo, son ami, son seul repère. Ses mains rencontrèrent enfin un bras, une épaule... mais il sentit aussi quelque chose de chaud et humide.
Du sang. La torche, miraculeusement, se ralluma d’elle-même dans un craquement sec. Le feu pâle révéla l’horreur : Théo était blessé. Une entaille rougeoyante barrait son flanc, son visage était pâle, crispé par la douleur.
Devant lui, Herobrine se tenait, la dague noire gouttant du sang de Théo, un rictus satisfait étirant ses lèvres.
— Regarde-le, susurra-t-il. C'est pour lui que tu oses défier un être comme moi ? Faible. Fragile. Condamné.
Null sentit quelque chose se briser en lui.
Un tremblement, profond et ancien, remonta de ses entrailles. La peur, le chagrin, la colère… tout se mêla dans un flot incontrôlable.
Ses jambes cédèrent un instant sous lui. Mais il planta ses mains au sol, se redressa… et poussa un cri. Un hurlement rauque, viscéral, qui ne ressemblait plus à une voix humaine. Quelque chose changea. Son corps entier fut parcouru de spasmes. Son ombre s’étendit, s’élargit, se déchira. Sa peau semblait absorber la lumière elle-même. Son être se noircit, devenant plus profond que la nuit. Ses yeux... deux puits blancs, aveuglants, sans pupilles, plus éclatants que ceux d’Herobrine. Herobrine, pour la première fois, eut un pas de recul.
— Qu'est-ce que... ? grogna-t-il.
Null n’était plus simplement un garçon rejeté. Il était devenu l’Ombre incarnée. Et cette Ombre était furieuse.
Il se jeta sur Herobrine avec une vitesse fulgurante, son épée noire dans une main, ses ongles crochus dans l’autre. Un choc violent éclata entre eux. Herobrine para le coup d’épée de justesse, mais la puissance de Null était telle que l’impact l'envoya glisser en arrière, labourant le sol de ses pieds.
Pas assez. Null se lança de nouveau, frappant sans relâche, avec la rage d'une tempête. Herobrine, pris au dépourvu, reçut enfin un coup : l’épée de Null entailla son bras, arrachant un grognement de douleur au monstre légendaire.
Le sang noir d’Herobrine éclaboussa le sol. Mais ce ne fut pas sans prix. Herobrine, dans un geste désespéré, planta son pied dans le ventre de Null et le projeta contre un mur. Un craquement sinistre résonna quand le garçon heurta la pierre.
Il glissa au sol, haletant. Il était blessé. Affreusement. Sa vision se brouillait. Ses jambes tremblaient. Il tenta de se relever… une fois… deux fois… avant de retomber à genoux. Herobrine s’approcha lentement, l'épée noire en main.
— Impressionnant, murmura-t-il, le regard brillant d'un éclat nouveau. Je dois admettre que je t'ai sous-estimé. Il leva son arme.
— Mais tu es encore faible.
Null, agenouillé, serrait son épée de toutes ses forces. Du sang coulait sur son visage, de ses bras, de ses jambes. Mais son regard, aussi faible soit-il, n’avait pas fléchi.
Il fixa Herobrine, droit dans ses yeux blancs. Et Herobrine… hésita. Une seconde. Une seule.
Assez pour qu’un grognement faible s’élève derrière eux.
Théo. Toujours vivant. Toujours là. Ce petit son, ce murmure d’existence, ralluma quelque chose dans l’ombre déchirée qu'était devenu Null.
Un éclat. Un fragment. Un espoir. Lentement, il planta son épée dans le sol pour se redresser. Il chancela. Il tituba. Mais il resta debout. Face à l'horreur. Face à la douleur. Face à lui-même.
— Je te l'ai dit, Herobrine, cracha-t-il d'une voix brisée. Tu ne me le paiera. Herobrine le contempla un instant. Un sourire déformé par la colère et l’admiration se dessina sur ses lèvres.
— Soit, murmura-t-il. Montre-moi jusqu'où tu peux aller. Et d’un claquement de doigts, l’obscurité retomba sur la pièce. Le véritable combat ne faisait que commencer.
Commentaires
Annotations
Versions