La pièce était silencieuse. Seul le souffle saccadé de Null troublait l’air, alors qu’il fixait Herobrine, inerte au sol, entouré d'une mare sombre.

Théo baissa lentement son épée en bois, s’approchant avec prudence. Null, lui, restait figé, ses mains crispées, son cœur battant encore la chamade sous la rage à peine contenue.

— Null… murmura Théo. Pourquoi tu m’as jamais dit que t’étais aussi fort ? Null cligna des yeux, un peu perdu. Il baissa la tête, regardant ses propres bras encore parcourus de volutes sombres.

— Je… Je savais pas, répondit-il d'une voix rauque. Je savais pas que j’avais ça en moi…

Son regard était rempli d’une sincérité bouleversante. Il n’avait jamais choisi cette force, cette noirceur. Elle s’était réveillée d’elle-même, poussée par la peur, la douleur, et l’envie de protéger ce qu’il avait enfin trouvé : un ami. Théo força un petit sourire, mais son regard restait inquiet.

— Tu crois… tu crois que tu pourrais redevenir… normal ? Parce que… comme ça… tu me fais un peu peur, avoua-t-il, gêné.

Null resta silencieux un moment. Son visage perdit toute expression. Puis, doucement, la noirceur sembla se retirer de lui. Son skin redevint normal, ses yeux retrouvèrent un éclat plus doux. Il ressemblait à nouveau à l’adolescent maladroit qu’il était avant que tout ne bascule. Il baissa les yeux, presque honteux.

— Je veux pas te faire peur, souffla-t-il.

Théo esquissa un vrai sourire cette fois, soulagé. Il tendit la main, la posant sur l'épaule de Null. Un geste simple. Un geste qui voulait tout dire. Ils se tournèrent alors ensemble vers Herobrine. Le seigneur aux yeux blancs gisait, inconscient, sa respiration difficile. Un long silence passa.

— Qu'est-ce qu'on fait de lui ? demanda enfin Théo.

Null serra les dents. Tout en lui hurlait de finir ce qu’il avait commencé. De le tuer. De mettre fin à cette menace une bonne fois pour toutes. Son poing se serra jusqu’à blanchir ses jointures.

— Faut le tuer, grogna-t-il. Il le mérite. Il nous a attaqués, il t'a blessé... Il recommencera. Théo fronça les sourcils.

— Non. Null tourna vers lui un regard incrédule.

— Tu es bizarre, lâcha-t-il. Il a pourtant voulu te tuer. Théo haussa les épaules, avec une tristesse étrange dans les yeux.

— Peut-être. Mais... la vengeance, ça ne répare pas tout. Ça change juste ceux qui la poursuivent. Null resta muet.

Ces mots résonnaient en lui d’une manière étrange, douloureuse. Il se rapellait des enfants qu'il a tué à l'orphelinat, et qu'il avait réduis en cendres : c'était de la vengeance envers ceux qui l'avaient persécutés. Tout ce qu’il avait connu, toute sa vie, c’était la colère, la haine, la peur. Personne ne lui avait jamais appris qu’il existait une autre voie.

Il ferma les yeux quelques secondes. Puis il hocha lentement la tête.

— D'accord, murmura-t-il. On le laisse en vie. Un poids énorme sembla tomber de ses épaules. Il n'était pas obligé de devenir comme ceux qui lui avaient fait du mal. Pas obligé de devenir comme Herobrine. Il pouvait… choisir.

À cet instant, malgré les blessures, malgré la douleur encore vive dans sa gorge et dans son cœur, Null se sentit légèrement… libre. Ils échangèrent un regard, puis se tournèrent ensemble vers l'inconscient. Leur chemin ne faisait que commencer.