La nuit était tombée depuis longtemps sur la vieille cabane abandonnée. Le vent hurlait à travers les planches disjointes, faisant grincer les murs comme si le bâtiment entier voulait s'effondrer.

Null, assis sur un tabouret branlant, ne quittait pas Herobrine du regard. Le seigneur aux yeux blancs était là, allongé sur le lit miteux, les bras et le torse couverts de bandages de fortune.
Son souffle était lent, irrégulier, et son visage crispé trahissait une douleur constante.

Pourtant, malgré ses blessures, dans ses yeux… une flamme brûlait encore. Une flamme de défi. Null le sentait. Et ça l’agaçait au plus haut point.

— Il est réveillé, fit remarquer Théo en entrant, les bras chargés de quelques maigres provisions trouvées en chemin. Null se contenta d’un grognement. Il n’avait pas d’envie particulière de discuter. Théo posa un morceau de pain et une pomme sur une table poussiéreuse près du lit.

— Tiens, mange, dit-il d’une voix neutre. Herobrine tourna lentement la tête, observant les maigres offrandes d’un œil dédaigneux. Il ricana, un son rauque et moqueur.

— Tu crois vraiment… que je vais accepter ? cracha-t-il. Théo haussa les épaules.

— Pas mon problème, répondit-il tranquillement. Tu mangeras quand tu en crèveras d’envie. Il tourna les talons. Mais à peine avait-il fait deux pas qu’il s’arrêta. Soupira. Puis, sans prévenir, il revint vers Herobrine. Attrapa la pomme d’une main. Et la fourra directement dans la bouche de l’ancien tyran avec un grand sourire faussement innocent.

— Tiens, mange ça, grinça-t-il. Ça te changera de ton égo démesuré. Herobrine écarquilla les yeux, surpris. La pomme enfoncée dans sa bouche l’empêchait de parler. Il tenta de protester, mais Théo, imperturbable, appuya encore un peu, l'obligeant à croquer dedans.

Un craquement juteux se fit entendre. Null éclata d'un petit rire mauvais, le premier depuis longtemps.

— C’est bien, le grand Herobrine réduit à un gamin à qui on fait manger ses légumes, railla-t-il. Le visage d’Herobrine se teinta de colère. Mais il était trop faible pour riposter. Il se contenta de mâcher lentement, le regard noir, humilié mais conscient qu’il n’avait pas d’autre choix s’il voulait récupérer des forces. Pendant ce temps, Null se leva, le regard dur. Il avança jusqu’au lit et planta son regard dans celui d’Herobrine.

— Écoute-moi bien. Si tu refais quoi que ce soit contre Théo… je termine ce que j’ai commencé. Sa voix était calme. Froidement déterminée. Herobrine, malgré sa fierté blessée, capta parfaitement le message. Et, pour la première fois, il détourna les yeux.

Un silence lourd s'abattit. Seul le vent et le bruit de la cabane qui craquait leur tenaient compagnie. Théo s’assit à côté de Null.

— Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ? demanda-t-il doucement. Null resta silencieux un instant, réfléchissant. Son regard glissa vers la silhouette allongée d’Herobrine, toujours aussi fière malgré tout.

— On va se reposer, répondit-il finalement. Se soigner. Et après... on verra. Théo hocha la tête. Il jeta un dernier regard à Herobrine. Le voir ainsi, réduit à l’état de blessé vulnérable, était à la fois étrange… et inquiétant. Car il savait que ce monstre n’oublierait jamais l'humiliation subie.

Null, lui, serra les poings. Il le sentait. Son propre pouvoir noir grandissait, tapi au fond de lui, prêt à exploser au moindre faux pas. Et Herobrine… il était certain que ce n’était pas fini. Pas encore. Quand Théo s’endormit enfin, roulé dans une couverture trouée, Null resta éveillé.

Les yeux fixés sur Herobrine. Sur l'ennemi. Sur ce reflet sombre de ce qu'il pourrait devenir, s’il laissait la haine prendre totalement le contrôle. Dans la nuit silencieuse, il fit un serment muet. Il protégerait Théo. Quoi qu'il en coûte. Même s’il devait plonger lui-même dans l’obscurité pour y parvenir.