Le temps passa. Deux longues semaines. Dans la vieille cabane rafistolée de fortune, trois âmes cohabitaient dans une atmosphère tendue, presque irrespirable. Chaque jour, Théo aidait Herobrine à se remettre. Il lui apportait de quoi manger, changeait ses bandages, et, surtout, l’aidait à marcher.
Pas sans mal. Herobrine, malgré toute sa fierté, avait bien du mal à soutenir son propre poids.

Le moindre effort semblait le brûler de l’intérieur. Mais ce qui l'inquiétait plus que ses blessures... c’était le regard. Ce regard. Celui de Null. Un regard glacé, perçant, prêt à transpercer au moindre faux geste. Jamais il ne détournait les yeux.

Quand Théo passait le bras de Herobrine sur ses épaules pour l’aider à faire quelques pas hésitants dans la pièce, Null se contentait de se lever légèrement de son siège, comme un loup qui observe une proie incertaine.

Herobrine l'avait bien compris. Chaque mouvement, chaque souffle était pesé. Il savait. À la moindre erreur… il serait réduit en miettes. Le pire, c’est qu’il pouvait le sentir dans sa chair meurtrie : Null n'était plus comme avant. Il avait changé.

Son aura suintait la violence contenue, la noirceur à peine maîtrisée. Un pouvoir brut, sauvage, prêt à éclater à la moindre provocation. Alors Herobrine, pour une fois dans sa vie, fit ce qu'il savait rarement faire.

Il se tut. Pas de provocation. Pas de moquerie. Pas de sourire narquois. Il accepta l’aide de Théo, grommelant parfois un remerciement inaudible, mais surtout, il se força à guérir aussi vite que possible pour éviter de rester dépendant plus longtemps que nécessaire.

Théo, lui, s’acharnait. Toujours patient, toujours gentil, même avec celui qui avait failli lui trancher la gorge deux semaines plus tôt. Null l’observait souvent du coin de l’œil, se demandant comment son ami pouvait être aussi… lumineux.

Lui, il n’avait plus cette lumière. Pas depuis longtemps. Pas depuis qu’on l’avait appelé "Null" et traité comme moins que rien. La cabane devint leur monde. Ils n’en sortaient que rarement, seulement pour chasser ou chercher de l’eau. Et chaque nuit, Null dormait d’un œil, surveillant Herobrine qui, malgré ses blessures, conservait ce regard habité d'une lueur de défiance.

Mais il ne bougea jamais. Pas un geste suspect. Pas un mot de travers. Herobrine tenait trop à la vie pour tenter quoi que ce soit. Le temps forgea une sorte d'équilibre instable entre eux. Pas de confiance. Juste une trêve.

Une trêve silencieuse. Et jour après jour, Herobrine récupéra. Son corps retrouva lentement des forces, ses gestes devinrent plus sûrs, sa démarche plus ferme. Jusqu'à ce matin-là. Deux semaines après la terrible bataille.

Théo, aidant encore Herobrine à marcher dans la clairière baignée de lumière, sourit en voyant l’ancien tyran réussir à faire quelques pas seul, sans chanceler.

— T'as presque retrouvé ta superbe, lança Théo d’un ton moqueur. Herobrine, toujours aussi fier, ne répondit pas. Mais un mince sourire, presque imperceptible, passa sur son visage. Null, appuyé contre un arbre, les bras croisés, les regardait. Toujours aussi froid. Toujours aussi prêt.

Mais, au fond de lui, quelque chose bougea légèrement. Pas de la confiance. Non. Mais un fragment de tolérance, peut-être. Herobrine, de son côté, jeta un bref regard vers Null. Il sentit à nouveau ce frisson remonter sa colonne vertébrale. Le genre d'instinct qui dit : "Fais gaffe, ou tu y passes."

Il détourna rapidement les yeux et se concentra sur ses pas. Pour l’instant… il avait choisi la survie. Pas l’affrontement. Et ce choix, il comptait bien le respecter. Pour l’instant.