Chapitre 25 : Les Silences Du Village

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Le soleil déclinait doucement derrière les collines, teintant le ciel d’un orange brumeux. Null et Théo marchaient depuis des heures, leurs pas rythmés par le bruissement du vent dans les feuilles. Les bois s’étaient ouverts sur une plaine herbeuse, et à l’horizon, on distinguait enfin quelques toits de chaume. Un village.

— Regarde, Théo. Là, à droite… dit Null en désignant du menton les constructions. Théo sourit, soulagé.
— Enfin. J’ai cru qu’on marcherait encore toute la nuit.

Ils pressèrent le pas, passant un petit pont de pierre qui enjambait un ruisseau. Une pancarte en bois se balançait au-dessus de l’entrée du village, les lettres gravées à la main, un peu effacées : “Aubairon.”

Null fronça les sourcils. Ce nom lui disait quelque chose. Mais quoi ? Ils entrèrent. Le village semblait calme. Trop calme. Les maisons, bien entretenues, semblaient désertes. Il n’y avait pas d’enfants qui jouaient, ni d’animaux errants. Juste le vent qui s’engouffrait entre les ruelles, soulevant parfois un rideau mal fermé.

— C’est… bizarre, non ? murmura Théo.

Null acquiesça sans parler. Son regard se posa sur une vieille femme assise sur le pas de sa porte, immobile. Elle les fixait. Pas avec hostilité, mais avec une sorte de… tristesse résignée. Elle ne dit rien, pas un mot. Puis elle referma lentement sa porte.

Un homme apparut alors, portant un panier rempli de pommes. Il les regarda à peine, mais leur dit d’un ton las :

— Si vous cherchez à commercer, la place est au centre du village. Le forgeron est dans l’angle, près de l’église. Puis il disparut aussi, sans autre mot. Ils se dirigèrent donc vers la place. Un petit marché y était installé, bien que peu vivant. Trois ou quatre stands, des vendeurs muets, le regard fuyant.

— Je vais chercher une épée, dit Null à Théo. T’as de quoi négocier pour la nourriture ?
— Bien sûr. On se retrouve ici ?

Null hocha la tête et s’éloigna. Les rues étaient toutes pareilles : étroites, pavées de pierres humides, encadrées de maisons de bois aux volets clos. L’église, visible depuis la place, projetait une ombre étrange. Une cloche rouillée oscillait sans bruit, comme morte depuis longtemps.

Plus il s’enfonçait dans le village, plus quelque chose l’oppressait. Une sensation familière… celle qu’on le regardait. Mais chaque fois qu’il se retournait, il n’y avait personne.

Il atteignit enfin le bâtiment indiqué. Une enseigne pendait au-dessus de la porte : une enclume gravée à la main. L’air sentait le fer, la suie… et un peu la peur.

Il posa la main sur la poignée, mais, au moment même où il s’apprêtait à entrer, il heurta deux personnes à la sortie d’une ruelle adjacente. Le choc fut brutal : il recula, surpris, la main déjà portée à son arme par réflexe.

Mais il n’eut pas le temps de réagir. Une lame glacée se posa net contre sa gorge. Le métal était si froid qu’il en frissonna. Devant lui, deux silhouettes. Il ne distinguait pas leurs visages, ni leurs traits — comme si son esprit refusait d’enregistrer leur apparence. Comme s’ils n’étaient pas faits pour être vus.

Une voix, calme, autoritaire, tranchante comme une dague :
— Qui es-tu ?

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