Chapitre 4
Le château était en ébullition. Il vivait au rythme soutenu de la préparation de mon bal de fin d’études, celui qui allait me présenter à l’ensemble des personnes importante et influente de l’Empire, ceux que j’avais refusé d’approcher ces dernières années. Les pas pressés des domestiques se synchronisaient parfois avec mon rythme cardiaque trop rapide, que je ne parvenais pas à ralentir. Emma m’avait aidée à me concentrer, à rester encrée dans le présent grâce à de nombreux exercices de respiration et de méditation. J’avais, dans la même journée, fait du piano ainsi que plusieurs aller-retour en crawl dans l’étang du domaine impérial, celui-là même où j’avais appris à nager avec ma mère, dès le plus jeune âge.
Cinq heures avant le début du bal, l’ensemble des sous-officiers et officiers de l’armée présent au palais se réunirent dans la salle de briefing et, contrairement aux protocoles, je fus autorisée à y assister. Le Général De Vallerand avait compris, avec mon insistance, que j’avais besoin de savoir exactement quels protocoles de sécurité seraient mis en place pendant le bal. Je m’installais dans le fond de la salle, avec mes deux soldats personnels de chaque côté, chacun ayant sorti un petit carnet pour prendre des notes. Pendant une heure, j’écoutais attentivement où seraient positionnés chaque équipe de soldats, les rotations dont je notais dans ma tête les horaires de changement, les différents plans de secours mis en place au cas où il y avait un problème, quel qu’il soit.
Tout avait été minutieusement prévu, jusqu’à la distribution d’un badge spécial, avec l’image d’une violette. L’objectif de ce badge était simplement de me rassurer. Chaque soldat ayant ce badge était à sa place. Mais si un soldat n’en avait pas, c’était un intrus. Sur le papier, je n’avais aucune raison de paniquer, d’envisager le pire. Mais en réalité, c’était l’imprévu qui me terrifiait. La réaction des invités, le fait de les rencontrer, mais aussi d’interagir avec eux. Tout ce que je ne pouvais pas contrôler ou anticiper en amont.
J’étais devenue paranoïaque, même si je ne l’avais jamais vraiment admis. En même temps, si j’écoutais mon psychiatre, j’étais atteinte de trop nombreux troubles psychiques dus à tous mes traumatismes. Autant dire qu’un de plus ou un de moins, ça n’allait rien changer de plus à ma vie qui était déjà sur le fil du rasoir.
Quatre heures avant l’arrivée des invités, je fis le tour de la salle de bal. J’avais besoin de voir où étaient installés les tables, les chaises, le trône de ma mère et mon siège à côté du sien, par où allaient entrer les invités, mais aussi pour repérer chaque entrée et sortie, pour pouvoir fuir le plus rapidement possible en cas de nécessité. Une heure plus tard, je retrouvais Emma dans ma chambre, pour commencer ma préparation. Habillage, retouche de dernières minutes, coiffure, maquillage, tout devait être parfait. Océane aussi était là, plus silencieuse que je ne l’aurais cru. Elle écoutait attentivement Emma, tout en m’observant. De temps en temps, nos regards se croisaient. Et dans ses yeux d’un bleu clair envoutant, je savais qu’elle avait remarqué le tremblement de mes mains, mon dos trop droit et mon attention trop focalisée sur ce qu’il se passait derrière la fenêtre, dans la cour principale.
Tandis qu’Emma finalisait ma coiffure, Océane ajustait une dernière fois ma robe sur mes épaules. Quand ses doigts glissèrent sur mes bras, pour vérifier la longueur des manches, je sentis mon cœur s’emballer. Et pour la première fois, ce n’était pas à cause du stress. Je compris rapidement qu’Océane en était la cause. Je la regardais quelques secondes, elle était concentrée sur un revers alors je relevais rapidement les yeux, face au miroir avant qu’elle ne remarque quoi que ce soit. Emma déposa ensuite mon diadème sur ma tête, glissant les branches dans mes cheveux pour la maintenir en place puis se recula légèrement.
— Vous êtes prête, Mademoiselle.
— En apparence seulement. En réalité… je suis terrifiée.
— Tout va très bien se passer. J’en suis certaine.
— Si vous le souhaitez, Altesse, ajouta Océane, je peux rester à proximité de vous. Je suis habituée à rencontrer du monde, à répondre à beaucoup de questions, parfois indiscrètes. Je saurais voir quand vous atteindrez votre limite.
— Comment ça se fait ? Que vous soyez habituée à ce genre d’exercice ?
— Je suis… une sportive de haut niveau. Les spectateurs, les journalistes, je connais ça.
— Si vous êtes sportive de haut niveau, que faites-vous à mon service ?
— Ce n’est absolument pas le moment de poser cette question, Mademoiselle, intervint Emma. Il ne faudrait pas que vous soyez en retard à votre propre bal.
— Si seulement je pouvais ne pas y aller du tout, ce serait encore mieux.
— Je dois aller vérifier les derniers préparatifs en cuisine. Puis-je vous laisser seule avec Océane ?
— Oui, répondis-je sans hésiter. Tu peux y aller.
Emma hésita quelques secondes avant de finalement poser son matériel et de sortir de ma chambre. Sans attendre, Océane s’assoit sur mon lit, m’arrachant un sourire.
— Je sens que tu meurs d’envie de faire une remarque, commençais-je.
— En effet. Si j’avais parié que vous auriez refusé de rester seule avec moi, j’aurais perdu. Pourquoi avoir accepté ?
— Au lieu de voir ça comme une marque de confiance, tu me questionnes ?
— J’essaie seulement de vous comprendre, Altesse.
— Je t’ai déjà dit que tu pouvais m’appeler par mon prénom, soupirais-je.
— Que vous me l’ayez ou non autorisé, vous rester la princesse de cet Empire et donc ma princesse.
Je me tournais un instant vers elle et croisais les bras. Nos regards désormais l’un dans l’autre, je remarquais une étincelle qui m’intrigua, d’autant plus qu’elle était accompagnée d’un léger sourire, presque invisible pour ceux qui n’y ferais pas attention.
— Ça, ça sonnait faux. Tu me caches quelque chose, Océane. Et j’ai très envie de savoir quel est se secret.
— Mais c’est que vous êtes curieuse, princesse.
— Et toi impertinente.
— Ouais, je sais. On dit que ça fait mon charme.
Je roulais des yeux et un sourire étira mes lèvres quand j’entendis son rire. Mon premier sourire depuis le début de la journée.
— Si je vous avoue mon premier secret, vous m’avouez l’un des vôtres, enchaina-t-elle.
— D’accord. Mais je vais devoir réfléchir à quoi dévoiler. Parce que là comme ça… je n’ai pas trop d’idée.
— Marché conclu. En fait, j’ai très envie de vous tutoyer. Parce que bon, soyons honnêtes, vous semblez très seule et tout le monde a besoin d’amis de son âge, même quand on est une princesse.
— Accordé. Mais jamais en public. Au moins comme ça, tu arrêteras de m’appeler Altesse.
— Pourquoi ? Tu n’aimes pas quand je t’appelle Altesse, princesse ?
— Océane !
— D’accord, d’accord, j’arrête.
Elle souleva délicatement sa manche pour regarder une montre discrète.
— On devrait y aller, Elena. Sinon tu vas vraiment finir par être en retard.
— Tu ne peux pas dire que je suis malade ? Où trouver une autre excuse ? Je n’ai vraiment pas envie d’y aller.
— Je te promets que je serais toujours à proximité. Un seul regard et j’interviendrais. Tu n’as pas à avoir peur.
— Et si quelqu’un s’en prend à moi ? ajoutais-je alors que mes mains commençaient à devenir moites.
— Alors il aura affaire à la triple championne d’Eryenne de Karaté.
— Triple… championne… de karaté ?
— La seule et unique et indétrônable. Tu peux me faire confiance, Elena. Tu le sens, n’est-ce pas ?
— Oui… je crois.
— Alors, écoute-toi. Prête ? termina-t-elle en me tendant son bras.
J’attrapais son bras pour seule réponse. Elle me sourit quelques secondes supplémentaires avant qu’on ne commence à rejoindre la salle de bal. Une salle qui était utilisée pour la première fois depuis la disparition de mon père, quand j’avais cinq ans. Arrivée devant les grandes portes, Océane recula de quelques pas pour me laisser prendre le temps. Je fis quelques rapides exercices de respiration, pour garder le contrôle sur moi-même puis les soldats ouvrir les portes et m’annoncèrent dès qu’ils eurent mon autorisation.
— La princesse héritière, Elena De Stinley.
Tous les regards convergèrent vers moi et en un instant, une boule se forma dans mon estomac et mes mains devinrent moites. Je ne pouvais m’empêcher d’analyser tout le monde, de regarder la taille de leurs poches, ce qu’ils avaient dans les mains ou si les vêtements cachaient d’éventuelles armes ainsi qu’où se trouvais les issus. Dans mon dos, je sentis la présence d’Océane. Je tournais la tête vers elle et elle me fit un signe de tête rassurant, accompagnée d’un sourire. Elle était là, elle ne partirait pas.
— Ma fille ! s’exclama ma mère. Tu es magnifique. Que préfères-tu, un verre de limonade ou une coupe de champagne.
— De la limonade, pour l’instant.
— Aller vient. Il faut que je te présente à certaines personnes. Rassure-toi, continue-t-elle en chuchotant, la plupart savent qu’ils ne doivent pas trop s’approcher de toi.
— Si seulement c’était si simple, marmonnai-je.
Elle glissa sa main dans la mienne et m’afficha un grand sourire rassurant. Tandis qu’on approchait du buffet, je regard où Emma et Océane se placèrent, mais surtout si mes soldats n’étaient pas trop loin de moi. Ma mère récupéra un verre de limonade, qu’elle me tendit puis posa sa main dans mon dos pour aller me présenter à ses connaissances. Par chance, le premier couple respecta une distance de sécurité entre eux et moi.
— C’est un honneur de faire enfin votre rencontre, Votre Altesse. Je suis Victor Lofic, Ministre de l’Éducation et je vous présente ma femme, Marine.
— Je suis enchantée de faire votre connaissance, Monsieur le Ministre. Madame.
— J’ai appris par votre mère que vous étiez une excellente élève et que vous aviez obtenu votre diplôme avec brio, je vous dois des félicitations.
— Je vous remercie.
— Nous allons maintenant laisser la place aux autres. Passez une bonne soirée, Votre Altesse. Votre Majesté.
Ils nous font tous les deux une révérence parfaitement maitrisée tandis que ma mère les salue d’un simple signe de tête. Les couples de ministres, de gouverneurs et de généraux se succèdent sans fin. Autour de mon verre désormais vide, ma main droite était parcourue de léger tremblement, signe annonciatrice d’une crise. Je m’étais trop contenue jusque là, j’avais besoin d’une pause, mais je ne savais comment en informer ma mère. Le début de crise s’accentua quand un jeune diplomate étranger s’approcha trop prêt de moi, m’obligeant à reculer d’un pas. Mon cœur s’emballa, ma respiration se bloqua et ma vue se troublera, jusqu’à accentuer mes tremblements.
— Votre Altesse ? Est-ce que tout va bien ? questionna-t-il.
Ma mère tourna subitement la tête vers moi et comprise. Elle renvoya le diplomate, récupéra mon verre pour éviter que je ne le lâche par terre, attrapa ma main et, tout en m’emmenant sur l’un des balcons, chercha Emma du regard. À l’extérieur, l’air frais de fin d’après-midi m’aida à reprendre le contrôle sur ma respiration. Océane fut la première à nous rejoindre et elle tira le rideau pour que personne ne nous voie. Ma mère me prit dans ses bras, murmura des paroles rassurantes jusqu’à ce que la crise passe. Emma arriva peu après.
— Je m’occupe d’elle, Votre Majesté. Vous devriez aller expliquer la situation aux invités.
— Elena ? Est-ce que…
— Ça va aller, mère. Vous pouvez y aller.
— Prends ton temps, ma chérie. Ne reviens que quand tu seras prête.
— Merci, mère.
Dès que ma mère sortie du balcon, Emma et Océane croisèrent leurs bras en même temps. J’étais habituée à voir Emma s’inquiéter pour moi, à réagir toujours de la même manière. Mais maintenant qu’Océane faisait la même chose, étonnamment, je sentais un poids en moins sur mon cœur.
— Je vous avais dit que j’interviendrais si besoin, commença Océane. Qu’il vous suffisait d’un seul regard. Pourquoi vous n’avez pas réagi ?
— J’ai… j’ai paniqué.
— Vous n’êtes pas seule, Mademoiselle, ajoute Emma. Vous ne devez pas hésiter à demander de l’aide, à vous reposer sur nous quand vous en avez besoin.
— Je sais, mais…
— J’ai une idée, me coupa Océane. Tout ce gratin-là, ils sont là uniquement pour se faire bien voir de votre mère, de vous. Il ne tenteront jamais quoi que ce soit qui vous nuirait, qui risquerait de mettre votre mère en colère. Alors, voyez-les comme des gens avec qui vous pourrez discuter. Vous avez les connaissances, non ? Je suis sûr que vous avez reçu l’éducation nécessaire à une princesse héritière.
— En effet…
— Alors, mettez de côté tout ce qui vous bloque, tous vos traumatismes. Profitez de ce moment pour tisser des liens avec vos futurs diplomates, pour leur montrer que vous êtes parfaitement à la hauteur.
— Tu crois… que j’y arriverais ? À surpasser ma peur ?
— Le jour où vous y arriverez, ajoute Emma, vous serez indétrônable. J’en suis convaincu.
— Vous ne restez pas loin alors ? Juste au cas où.
— Promis, répondirent-elles en même temps.
Je fermais les yeux un instant, pris le temps de respirer, de me mettre dans l’objectif de discuter, de négocier, d’être la princesse héritière qu’on attendait de moi.
— Emma, Océane. S’il y avait un sujet dont je devais évoquer aujourd’hui, le problème le plus important des Eryenniens, ce serait lequel ?
— La nourriture, répondirent-elles en même temps. Le peuple meurt de faim, Votre Altesse.
— Comment ça ? L’Empire ne produit pas assez ?
— Au contraire. Mais le peuple est trop pauvre pour acheter alors que le surplus invendu est exporté, notamment en Carrandis.
— J’ai compris. Merci.
Je redressais les épaules, je levais la tête et mon retour dans la salle de bal attira les regards. Je parcourus la salle du regard, repéra ma mère et m’approcha d’elle, avec une assurance dont je ne me serais jamais cru capable.
— Eh bien, ma fille ? Que t’arrive-t-il ?
— J’essaie de passer outre mes peurs en me concentrant sur autre chose. Dites-moi, mère, qui est le ministre de l’Agriculture ?
— Vincent Pleter. Il est actuellement sur la piste de danse avec son épouse. Qu’as-tu donc en tête, ma chérie ?
— Il semblerait que le peuple meurt de faim, par manque de ressources financières pour acheter de la nourriture. Nourriture qui est exportée pour éviter le gaspillage.
— Ah, en effet. Je devais statuer dessus il y a quelques années, mais…
— Vous vous êtes occupée de moi à la place. Je comprends. M’autorisez-vous à essayer de régler ce problème ?
— Là, tu m’intrigues, ma chérie. Tu as carte blanche. Mais n’oublie pas de me présenter ton projet avant de valider quoi que ce soit.
— Merci, mère.
J’attendis que le ministre ait terminé sa danse avant de le rejoindre, deux verres de champagne à la main.
— Ministre Pleter, c’est un honneur de faire votre connaissance, commençais-je. Puis-je vous offrir un verre à vous et votre femme ?
— Votre Altesse ! Nous vous remercions. Je vous présente Eloïse, mon épouse.
— Enchantée, Madame Pleter.
— Je ne m’attendais pas à ce que vous veniez me parler directement. Surtout avec ce qu’on dit sur vous.
— J’aimerais ne pas parler de ça, s’il vous plait. J’ai des préoccupations plus… importantes.
— Vous prenez enfin vos responsabilités d’héritière ?
— Je les prends pour ne plus me laisser envahir par mes peurs, en effet. J’aimerais vous parler des ressources alimentaires de l’Empire. Vous devez concevoir que ce n’est pas normal que les Eryenniens ne soient pas les premiers à bénéficier de la production alimentaire de l’Empire.
— Votre Altesse, comprenez que je ne vais pas laisser pourrir des fruits, légumes et autres productions, juste pour les laisser à un peuple qui ne peut payer. Alors oui, l’Empire exporte le surplus.
— Et vous ne vous dites pas qu’un peuple qui meurt de faim et un Empire qui se trouve sur le fil du rasoir ?
— Ce n’est pas contre moi que vous devez faire cette première croisade, Altesse. Si les Eryenniens avaient plus de revenus pour acheter la production alimentaire eryennienne, je ne serais pas contraint de vendre le surplus de production à nos voisins. Je serais même ravi de voir mes ventes internes augmenter. Vous devriez commencer avec le ministre de l’Économie.
— L’économie, c’est justement mon domaine, enchainais-je avec plus de confiance qu’au début de la conversation. Présentez-moi.
Le ministre et sa femme se regardèrent un instant. Puis le ministre m’invita à le suivre et quand je croisais le regard de sa femme, je vis un éclat intrigué accompagné d’un sourire. Je compris qu’elle m’encourageait, j’étais sur la bonne voie.
— Altesse, je vous présente Clément Billier, ministre de l’Économie. Monsieur Billier, Son Altesse a… quelques idées intéressantes.
— Votre Altesse, c’est un honneur de…
— Je vous remercie, Ministre Pleter, coupais-je. Vous pouvez disposer.
Il se retira avec une révérence et je me plantais devant le troisième ministre que je rencontrais. Il était le plus jeune des trois et, au vu de ses pieds ancrés dans le sol, ils devaient être tout aussi encrés dans ses positions.
— Votre Altesse, en qui puis-je vous…
— Mon peuple meurt de faim, Monsieur le Ministre. Et la première raison semble venir d’un manque de ressources économiques. Comment vous m’expliquez ça ?
— Heu… je ne m’attendais pas à ça de votre part. Et bien, pour vous donner une explication rapide, il n’y a simplement pas assez de travail pour tous les Eryenniens.
— Vous rejetez donc la faute sur le ministre du Travail ?
— Pas du tout ! Je dis juste que comme les Eryenniens ont de nombreuses difficultés financières, ils n’achètent pas, donc les entreprises ne peuvent pas vendre leurs productions, donc n’emploie pas du personnel donc il n’y a pas d’argent en circulation. C’est un cercle vicieux, Altesse.
— Qu’avez-vous fait pour régler le problème ?
— Et bien…
— Vous hésitez. Vous n’avez rien fait. De combien est le montant des réserves financières impériales ?
— Je ne suis pas autorisé à vous informer ici de ce montant.
— Dans ce cas, je veux les comptes sur mon bureau le plus rapidement possible. Sinon pour rester vague, ce serait possible d’injecter de l’argent dans le système ?
— Vous voulez injecter de l’argent dans le système alors qu’on en retire avec les impôts ?
— Je sens que nous n’allons pas nous entendre vous et moi. Sachez, Monsieur le Ministre, que l’économie, c’est ma spécialité. Si je commence à prendre les reines, attendez-vous à vite perdre votre poste. Et comme je vous l’ai dit, je veux tous vos dossiers en cours sur mon bureau demain matin. Financements, réserves économiques, impositions, bourses, tout. Est-ce compris ?
— Oui, Votre Altesse.
Je l’entendis déglutir au moment de m’éloigner. Je fis quelques pas en direction de la porte, croisait le regard d’Océane qui leva un pouce avant de me rejoindre et de me suivre sans un mot dans les jardins du palais pour prendre l’air.

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