Léon

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Cela faisait depuis mai 2025 que le cardinal Robert Francis « Bob » Prevost était devenu le pape Léon. Sa Sainteté était bien au courant des activités surnaturelles qui se tramaient dans ce monde, comme ceux qui l'avaient précédé. Actuellement en prière face au Jésus de sa chambre, dans la résidence Sainte-Marthe, il demandait pardon au Seigneur de faire appel à un homme dont la morale était tordue et la vie débauchée.

— Allons Bob, ne te blâme pas sans arrêt.

La voix du Fils avait un ton paternel. Le pape continuait de froncer les sourcils.

— Souviens-toi de ce que ton prédécesseur avait dit dans tes entretiens : si on regrette vraiment quelque chose, qu'on Me demande pardon, on est pardonné. Et puis, cet appel est de mon initiative. Ne te tourmente pas, tu ne pêches pas.

— Je sais, Seigneur, je sais. Mais pourquoi m'avoir conseillé cet homme ?

— Oh, je te vois si confus, Bob, que — pardonne-moi — je ne peux m'empêcher d'en rire.

— Oh, Seigneur ! C’est comme si je faisais entrer un démon en un lieu consacré…

— Malheureusement dom Bob, les démons vont et viennent partout où il leur semble bon d'aller. Tu te souviens, en 2005, quand j'ai fini par décider entre Jorge Mario Bergoglio et Joseph Ratzinger ?

— Oui, il n'était pas content de devenir Benoît XVI. Et Léon a accepté sa charge en demandant de beaucoup prier pour lui…

— Et pourtant, dom Bob ! Ils ont accepté, en bons chrétiens, ce que j'ai décidé pour eux.

— Vous essayez de me dire qu'il faut que j'accepte vos choix, pour être bon chrétien ?

— Dois-je vraiment te citer les Écriture ? Dois-je demander à Gabriel de venir te révéler de nouveau ma Parole ?

— Non, non… fit le pape en souriant. Je crois que je les connais assez pour savoir ce que vous voulez me dire.

— Bien, Bob. L'ange que j'ai envoyé vient d'ouvrir un portail, entre l'appartement de John Constantine à Londres et une ruelle non loin de la place Saint-Pierre. Prépare-toi à les accueillir.

— Bien sûr, Seigneur, j'y vais de ce pas !

Arrivant devant la place Saint-Pierre, Hesvetel faisait encore la morale à l'occultiste.

— Coucher avec quelqu'un hors des liens du mariage, c'est pécher. Coucher avec un homme, c'est pécher pour l’Église catholique ! Mais alors coucher avec un démon, bravo, c'est le summum !

— Balthazar est un demi-démon, répondit nonchalamment Constantine.

— Mais je m'en fous ! Mais je m'en fous ! Vous avez perdu votre âme, et on ne dirait pas que vous cherchez à la récupérer ! N'ayez qu'une seule chose en tête : la rédemption !

Constantine haussa les épaules et pointa un homme, comme au hasard.

— C'est pas vot’copain, là-bas ?

Adumhazare, pour une raison inconnue à Hesvetel, buvait un café tranquillement en terrasse, dans la rue Borgio Pio, au restaurant Arlu. Il leva les bras au ciel en s’approchant du démon :

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

Adumhazare tourna la tête vers lui, prenant une attitude précieuse :

—Belzébuth m'a demandé de te suivre discrètement : d'après ses informateurs, tu allais venir à Rome pour voir le pape. Et avec un beau garçon, dixit mon supérieur.

Constantine était flatté, son sourire en coin fit enrager Hesvetel :

— Franchement, tu aurais pu me dire que tu m'espionnais… Et que tu étais aussi mauvais dans ce domaine.

Constantine éclata de rire, jugeant que c’était une réplique bien envoyée.

— Mais je viens de le faire : dans un couple, il faut être sincère l'un envers l'autre, mon cher Hesvetel.

En voyant Adumhazare envoyer un baiser, le Britannique rit de plus belle.

— Ah, donc j'ai raison : vous êtes bien en couple !

Mais l’ange décida qu’il était temps de partir. Il assura que le jour où ils seront en couple, c’est parce qu’il serait devenu un ange déchu pour s’être abandonner aux vices.

— C'est un provocateur, n’y prêtons pas attention…

— Moi, j’l'aime bien vot’copain !

Un jeune cardinal se présenta à eux, il les attendait depuis un moment.

—Êtes-vous Hesvetel Delange et John Constantine ?

— Oui, dit l'ange en montrant sa carte de visite, nous devons voir Sa Sainteté.

— Ah, merveilleux ! Je suis le cardinal Amorth, neveu du prêtre-exorciste.

— Ah oui, nous nous sommes déjà rencontrés, dit Constantine. C'était en Allemagne, je crois.

— Tout à fait, en 2010 : une histoire de château hanté dont les habitants étaient tous massacrés.

Le cardinal Amorth affirma être un grand admirateur de son oncle et de Constantine. Il était bien connu à l'Association Internationale des Exorcistes. On lui avait envoyé un lettre afin de les rejoindre, mais elle était restée sans réponse.

— Je l'ai jetée à la poubelle : je préfère faire cavalier seul.

Cela jeta un froid et le cardinal n’osa plus rien dire jusqu’à arriver au bureau pontifical. Les deux hommes furent introduits auprès du Saint-Père, qui s'agenouilla face à l'un des fils de Dieu.

— Ô Hesvetel, dont le nom veut dire celui que Dieu protège, je suis honoré de vous recevoir en ce modeste palais.

— Votre Sainteté, dit l'ange en dévoilant ses ailes et en relevant Léon, c'est pour moi qu'est l'honneur de vous rencontrer. Je suis sûr que Monsieur Constantine l'est tout autant que moi.

Le pape se pinça les lèvres et tendit une main ferme à l’occultiste, sans le quitter des yeux.

—C'est le Seigneur qui vous envoi à moi.

— Rien que ça, l'ami ?

Hesvetel fut outré, mais le pape insista pour qu’il passe outre.

— Le Tout-Puissant m'a bien prévenu du caractère de l'homme qui vous accompagne. Il sera difficile de le faire changer

Constantine sourit narquoisement : d'abord Il demande à Manny de venir le surveiller, ensuite Il demande que le pape fasse appelle à ses services. Constantin était impatient, alors le pape les invita à s'asseoir pour leur expliquer la situation : le monastère de la Grande Chartreuse, dans les Alpes françaises, dépend directement du Saint-Siège. Ce faisant, il n'y avait pas d'intermédiaire entre le pape Léon et le prieur, dom Dysmas de Lassus. Celui-ci, il y a une semaine, lui avait écrit une lettre dans laquelle il lui fit part qu'un esprit malin rôdait dans la forêt. Certaines fois, il entrait même dans ce lieu consacré à la prière et à l'étude. Un jeune exorciste est venu poser des protections provisoires, mais le prieur voulut quelqu'un de plus expérimenté.

— Et alors qu’il priait, affirme dom Dyasmas, c'est là que Dieu lui recommanda monsieur Constantine.

— C'est gentil, fit Constantine, en regardant la fresque de la Vierge à l'Enfant sur sa droite.

— Très Saint-Père, merci de cet entretien. Je suis certain qu’il fera du bon travail.

L’ange avait un regard très appuyé sur Constantine, en disant cela. Le pape les remercia, il enverrait un message au prieur pour leur confirmer leur venue. Alors qu’ils allaient se quitter, le pape se rappela quelque chose :

— Il faudrait que vous laissiez votre démon de colocataire en dehors de cela. Le Seigneur vous demande de ne pas trop… Quel était l’expression utilisée déjà ? Ah oui : « passer du bon temps » !

Hesvetel rougit de la honte qu'Il Lui faisait en utilisant des mots ambigus — mais c’était sans doute afin de lui rappeler les limites d’un ange. Soudain, on entendit une explosion et des cris.

— Grand Dieu !

— Ça m’a l’air de venir du bouge où est son coloc, mon père !

Constantine salua rapidement le pape et sortit en trombe du Vatican. Hesvetel fit de même et, en trois coups d'ailes, rattrapa Constantine. Ils passèrent dans un couloir vide, qui ne tarda pas à s'emplir de prêtres curieux. Le pape tenta disperser la foule :

— Retournez à votre travail, mes fils. Des gens sont déjà allés voir pour nous.

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