Ouverture dans 5 minutes - Temps : 3 minutes

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Rapide coup d’œil au four. Les cinq minutes étaient donc passées, comment était-ce possible ? Comment faisaient-ils ? Si toutefois c’était bien des « ils » qui accomplissaient ces tours de passe-passe.

Le journaliste commença à parler d’un étrange phénomène, parcourant le monde, l’apparition de boîtes noires un peu partout : rues, maisons, parcs, musées, même jusque dans des prisons ! Il ajouta, amusé (le type trouvait l’affaire risible, c’était clair) qu’une de ces boîtes serait même apparue au sein des plus grandes administrations et même dans certains bureaux présidentiels.

Dans chacune de ces boites, il y avait une indication de temps. « Un temps avant la fin » ajouta-t-il, comme si c’était une farce, avant de donner la parole à un « expert » qui ne trouva rien d’intéressant à dire, sinon qu’aucun des comptes à rebours recensé n’avait encore été atteint.

Elle éteignit rapidement sa TV et lança sa télécommande à l’autre bout de la pièce. Le monde entier était-il donc pris de folie ? Combien de gens avaient-ils trouvé des colis chez eux et surtout qui – ou quelle chose – les installait ?

Elle se plaça devant le grande boite sombre. On ne parlait pas de bombes dans les actualités, on n’évoquait rien de dangereux. Juste des messages avec des comptes à rebours « avant la fin ». Elle repensa aux précédents colis et une drôle d’idée lui vint. Elle avait vu un jour une étrange émission, assez compliquée, à propos d’un chat dans un boite. Si on l’ouvrait, on découvrait son état, on le spécifiait, en quelque sorte (elle trouvait l’affaire alambiquée, mais le souvenir était plus fort et elle s’y accrocha) ; on le rendait réel. Ainsi, une fois ouverte, le chat était découvert vivant ou mort. Mais avant l’ouverture, étrangement, on disait qu’il était à la fois vivant et mort, ou alors aucun des deux – elle ne s’en rappelait plus précisément – ce n’était pas très clair. Peut-être que ces boîtes étaient du même ordre ? Quand elle les avait ouvertes, le temps et les informations sur les petits papiers étaient tout à coup devenus réels... comme un chat de machin-chose.

Donc si elle n’ouvrait pas la boîte, elle était sauvée. Du moins si elle suivait cette théorie. Il lui suffisait alors de la laisser bien gentiment fermée, aller la déposer dans un coin de sa chambre et laisser simplement l’éternité figer son contenu.

Elle voulut la saisir, mais hésita. Si, en la transportant, elle la faisait tomber et l’ouvrait. Enclencherait-elle le compte à rebours ? Ou fallait-il lire le papier – l’observer, comme ils disaient avec leur chat – pour l’enclencher ?

Pire, si en la prenant cela suffisait à manifester l’intérieur puisqu’elle en sentirait le poids ? Quel casse-tête ! songea-t-elle, laissant tomber sa tête entre ses bras, avant de s’allonger sur le canapé. Sa théorie était tout de même tirée par les cheveux, jugea-t-elle, en regardant le sombre objet. Ils avaient tout de même dit que l’histoire du chat était une représentation qui permettait de comprendre des trucs scientifiques et que ça n’arrivait pas dans la vie de tous les jours. Dans la vraie vie, le chat était mort ou vivant, mais pas les deux. Comme le papier ne « s’enclenchait » pas dès qu’elle posait les yeux dessus. Qui plus est, s’il était écrit « la fin arrivera dans cinq minutes » et que la boite n’est pas ouverte entretemps alors ladite fin aurait lieu sans qu’elle n’en soit avertie ! Mieux valait sortir de chez elle au cas ou le danger allait provenir de la boîte elle-même.

Elle contempla le plafond, l’esprit en pagaille. Les cheveux qu’elle avait tenté d’arracher juste avant servaient à présent à effectuer des pirouettes manuelles qui facilitait sa concentration. Au moins elle n’était pas folle… Elle avait affaire à un phénomène mondial.

Il y avait énormément de gens qui vivaient ce qu’elle vivait. Hésitant sans doute aussi entre ouvrir ou ne pas ouvrir…

Elle se sentait plus calme à présent, là, tranquille, couchée dans son canapé. Le silence régnait, comme si même l’extérieur était en suspension.

Elle respira profondément.

Et se décida.

La large boîte s’ouvrit. De ses doigts, presque timides, elle attrapa le post-it qui semblait minuscule au fond du sombre colis. Juste quelques mots et un seul chiffre :

« La fin arrivera dans deux minutes ».

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