Ouverture dans 2 minutes

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Elle l’avait fait, c’était l’heure de vérité, enfin ! Elle regarda son four à nouveau : 8:36. Ok, mais maintenant que faire ?

Elle trépignait, puis se dit qu’il valait mieux inspecter la boîte elle-même au cas où un mécanisme mortel s’y trouvait. Mais il n’y avait là que du carton ; le plus bête carton du monde !

Mieux valait sortir, mais si le danger venait de dehors, elle serait foutue. Ou alors se planquer, en attendant que le temps passe ? Qu’on dépasse les deux minutes fatidiques !

Elle bondit presque au-dessus du canapé, évitant de justesse de s’étaler par terre, direction sa chambre. Au passage, elle reprit son éplucheur ; avant de se raviser, retraverser le salon et récupérer les deux énormes couteaux qui avaient été les garants de sa nuit. Elle surveilla à nouveau le four. 8:37. Elle crut un instant que le temps s'accélérait juste pour lui faire peur, mais ne s'attarda pas sur cette impression, car seul trouver sa chambre - sa planque - comptait à présent. Elle fila comme elle le pouvait et manqua de trébucher sur un tapis. Pas le temps de s'inquiéter du guéridon qu'elle fit tomber au passage. Elle poussa avec force la porte de sa garde-robe jusqu'à entendre un CLANG qui n'augurait rien de bon - mais elle la réparerait avec plaisir si elle s'en sortait vivante - puis s'enfonça dans ses vêtements et dans l'obscurité. Heureusement, la porte n'était pas assez endommagée pour être coincée et elle parvint à la refermer d'un mouvement latéral stressé. Elle laissa néanmoins une toute petite ouverture qui lui permettait de surveiller son radio-réveil. 8:37 s'il était bien réglé, ce qu'elle souhaitait de tout son cœur.

Elle avait l'impression d'entendre ses battements venir percuter les parois en mélaminé. La pénombre du meuble semblait lui murmurer des menaces muettes. C'est l'angoisse, c'est juste l'angoisse, se répéta-t-elle intérieurement. Dès que le réveil affichera 8:39 tu seras hors d'atteinte et tu iras enfin boire ce fichu café !

Elle haletait. La nausée, le vertige - tout un tas de choses horribles, mélangées - montaient en elle. Et si c'était de l'intérieur que la fin allait venir, de l'armoire ? de l'ombre, comme celle à l'intérieur de la boite sombre. Elle était le chat dans l'armoire et son corps allait la lâcher ? Impossible !

L'angoisse se fit trop puissante, la minute allait passer. Elle devait sortir, elle devait vivre, ouvrir la garde-robe, ouvrir la chambre, la porte. Retrouver l'air, enfin !

Elle sortit d'un seul coup de son armoire, atterrit lourdement sur le sol de sa chambre. Plus une seconde à perdre ! Elle courut à toute vitesse vers l'entrée. Traversa le salon, voulut inspecter le four de la cuisine. Non, elle ne prit même pas le temps de regarder car elle savait qu'il ne lui restait plus que quelques secondes. Elle saisit la poignée, pressée de retrouver le couloir, le monde, la vie.

La porte s'écarta, elle fonça dans le couloir, jusqu'au bout, jusqu'au terme.

8:38. La boîte s'ouvrit.

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