Chapitre 19

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Mes talons résonnent avec assurance sur le goudron, et je me laisse emporter par l'imaginaire de mon allure à la fois sensuelle et charismatique. Je m'imagine marchant avec grâce. Mes cheveux roux rebondissent en dessous de mes épaules, malgré la fermeture de ma doudoune et ma lingerie, ma poitrine s'agite avec une énergie vive. Quelqu'un m'appelle, et cette voix féminine résonne dans mon être, je pourrai la reconnaitre parmis des milliers. Elle fait bondir mon coeur avec une joie inexprimable. Je me décide enfin à me retourner, remplie d'excitation à l'idée de la retrouver. Sans hésiter, Dixie me saisit par les épaules pour m'enlacer chaleureusement et me donner une bise enthousiaste. Cette fois-ci, elle dégage une confiance éclatante, tandis que moi, je sens que je vais fondre sur place. Je suis surprise de la voir avec moins de maquillage, contrairement à notre première rencontre. Je peux ainsi admirer ses traits délicats, ce qui lui donne une apparence plus jeune. Elle a utilisé des coups de pinceau plus légers et un rouge à lèvres plus subtil cette fois.

Une rafale de vent s'engouffre, mes cheveux s'emballent et me voilent le visage. Elle éclate de rire et se précipite pour dégager mes mèches rebelles qui me cachent la vue. Je suis subjuguée par cette facette spontanée de la jeune femme, qui me charme énormément. La timidité qui régnait la dernière fois est totalement absente. J'ai l'impression que nous sommes enfin nous-mêmes, et c'est tout ce qui compte.

  • Tu vas quelque part peut-être ? me demande t-elle.

Sans réfléchir, ma main se pose avec familiarité sur son épaule. Une décharge électrique nous parcourt, nous foudroie sur place. Dixie sursaute brusquement en poussant un petit cri de surprise.

  • Non pas spécialement, répondis-je. J'avais besoin d'une bouffée d'oxygène. Maintenant que tu es là, tu pourrais peut-être m'accompagner, on pourrait peut-être prendre un verre toutes les deux. Tu avais vite écourté notre échange de la première fois, lorsque je révisais !

Dixie esquisse un sourire timide, mais je peux voir ses joues s'empourprer légèrement. Sans hésitation, elle prend le pas pour m'accompagner. Même si nous ne nous connaissons pas, je ressens une complicité innée entre nous.

  • Oui, c'est vrai que je suis un peu partie comme une voleuse, rit elle. Je suis désolée mon chéri venait de rentrer à la maison, mais maintenant que je suis là comme tu dis, je t'accompagne volontiers !

Je décide de tâter le terrain, je la scrute du regard, mais je ne perçois aucun signe d'attirance ni d'éclat de désir de sa part. Nous nous engouffrons dans la rue, marchant côte à côte.

  • Vous semblez si épanouis avec ton chéri et vu comment tu l'évoques, répondis-je.

  • Oui, j'ai beaucoup de chance, lâche Dixie. Trouver aussi compréhensif que Soren, c'est tout simplement pas possible. Il me connait par coeur, une grande complicité entre nous.

Mes lèvres se crispent, je ferme les yeux. Mon pas s'empresse, je m'emballe le coeur battant à tout rompre. La vive douleur dans ma poitrine s'alimente de ses mots, elle ne le fait pas exprès mais cela la ravive comme la sensation d'être brûlée à vif. Dixie m'interpelle, sa voix crie mon prénom '' Ivy !!! '' avec inquiétude.

  • Tu avais l'air si bouleversée l'autre soir à travers la fenêtre, reprend t-elle. Et je suis là à t'étaler mon bonheur ! Mais quelle conne je fais !

Le vent s'engouffre dans mes cheveux emmêlés, démêlant mes pensées et mes sentiments. Face à elle, j'ai retrouvé un semblant de calme et de maîtrise de soi.

  • Je vis une période difficile, et ce sentiment de culpabilité pèse lourd sur moi, au point d'affecter ma relation avec Oleksandr, répondis-je.

  • Avec mon chéri, je me livre sans retenue car je sais qu'il ne me jugera jamais, y compris mes écarts, affirme Dixie.

  • Si seulement c'était aussi simple que ça, dis-je avec un goût amer dans la bouche. Le dialogue avec lui est devenu un mur infranchissable.

  • Tu es une battante, et tu ne laisseras pas cette épreuve te vaincre, renchérit la jolie brune.

J'ai tendance à ruminer les "et si", surtout quand je suis stressée, Dixie me coupe la parole pour stopper ma négativité. Je glisse mon bras dans le sien et l'attire vers le coin de ce petit bar, mon refuge préféré pour me couper du monde.

Dixie porte son portable à son oreille et prévient Soren qu'elle ne rentrera pas tout de suite. La voix chaleureuse de son chéri trahit la confiance absolue qu'il a en elle et la liberté qu'il lui accorde. Un sentiment que je ne peux qu'envier, car mon homme est loin d'être aussi compréhensif.

Elle reporte son attention sur moi tout en enfouissant son portable dans son sac à main. Je me sens comme une adolescente face à elle. Mes yeux sont rivés sur elle et je ne peux m'empêcher de la désirer.

Son regard me trouble et je me réfugie dans le silence, préférant l'écouter raconter sa vie, ses passions, son cheminement personnel. Sa rencontre avec Soren, ses rêves et ses projets pour l'avenir. Son regard croise le mien et je détourne les yeux, le cœur battant à tout rompre. La chaleur monte à mes joues et je sens mes mains devenir moites. Je les dissimule sous la table, ma voix tremblante trahissant ma nervosité lorsque j'évoque à mon tour la mienne.

Le regard d'ambre de Dixie se plisse et un sourire illumine son visage, dévoile des fossettes charmantes. Elle n'est pas avare de ses sourires, et sous son charme envoûtant, je sens qu'un lien se créer entre nous. Nos mains se frôlent, se rencontrent, un contact électrique qui me procurent des frissons et m'envoie une vague de chaleur dans tout le corps. Une proximité que je recherche depuis le premier instant où je l'ai vue.

Sa poitrine, soulignée par son haut ajusté, se soulève légèrement tandis qu'elle resserre sa main sur la mienne. Nos doigts s'entrelacent, et je sens la chaleur de sa peau contre la mienne. Un soupir s'échappe de ses lèvres.

Mes doigts vernis effleurent sa peau sur l'intérieur de son bras, j'aime pouvoir la toucher de cette façon. Mes gestes se font lents et précis, suivant la courbe de son épaule avant de venir caresser délicatement sa joue.

Un soupir s'échappe des lèvres de Dixie tandis que j'intensifie mes caresses, et je sens mon cœur battre à tout rompre. L'excitation me consume, et je suis incapable de détourner mon regard de ses yeux. Se penchant en avant contre la table, la jeune femme ose à son tour des effleurements délicats à l'intérieur de mon cou. Un contact tendre et inattendu qui me fait frissonner de plaisir. Le contact de sa peau me donne envie de la serrer dans mes bras et de ne jamais la laisser partir.

Ainsi, nous sommes restées plusieurs heures, entrelacées dans une douce découverte, ponctuée de quelques mots murmurés et de gorgées d'une boisson partagée.

En sa présence, le monde s'apaise et la lumière se fait. Elle est mon soleil, dissipant les nuages de mon existence et illuminant mon cœur.

  • Dixie, je ne veux pas te blesser, murmurai-je en m'éloignant légèrement d'elle. Mais ce que tu me fais ressentir est déroutant.

  • Alors laisse toi bercer par le présent, lâche t-elle le souffle court de nos révélations. Cette attirance est réciproque depuis ce jour où nous nous sommes rencontrées.

Ses paroles me foudroient. Je ne pensais pas qu'elle puisse me l'avouer si soudainement. La main sur ma poitrine, haletante, je suis perdue, incapable de contenir ce tumulte en moi.

  • Et Soren ? m'exclamai-je. Vous êtes pourtant fous amoureux l'un de l'autre ! Dixie, tu ne peux pas te permettre de faire une erreur, surtout toi.

  • Tu n'es pas une erreur, murmure-t-elle. Soren est conscient de mes sentiments envers toi, et tout ira bien tant que je respecte les limites que nous avons fixées ensemble et que je continue à lui confier mes pensées .

  • Je n'arrive pas à me confier à Oleksandr. Je ne le sens pas prêt à entendre cela, et je ne suis pas sûre qu'il comprendrait. Cela le briserait, et je ne veux pas lui faire subir cela.

  • Mais tu lui feras encore plus de mal en ne disant rien. Tu sais que tout finit par se savoir et se voir, confirme Dixie.

Ses yeux sont graves, et sa voix est empreinte de vérité. Je sais qu'elle aussi a raison, mais j'ai si peur de la confrontation. Après une telle discussion, nous décidons de rentrer. Main dans la main, je la raccompagne jusqu'au seuil de sa porte. Lorsque son regard se pose sur moi, je cède à l'irrésistible envie. Je la plaque contre la porte, ses bras s'y agrippent tandis que ses cheveux bruns encadrent son visage. En la prenant par la taille, je suis surprise par la finesse de sa silhouette. Sa peau douce me donne envie de la caresser. Je la serre contre moi, respire son parfum et j'ai le sentiment de tenir un trésor entre mes bras. Dixie halète, sa tête renversée en arrière. Une résistance mêlée de désir se devine dans son attitude, comme si elle luttait contre l'emprise de notre alchimie. Mon souffle s'emballe à son contact. Mon bas-ventre se presse contre le sien, tandis qu'elle tente de maintenir une distance avec son buste, comme pour se protéger de l'intensité de notre désir. Dixie se presse contre la porte, ses mains agrippent mes joues avec une ferveur et résistance. Elle oppose une lutte à chacun de mes gestes. Profitant d'un moment d'inattention, je capture le lobe de son oreille et le suçote avec une tendre insistance. Mes lèvres frémissent, impatientes de savourer les siennes. Alors que je suis sur le point de les effleurer, Dixie me repousse d'un geste vif, surprise et troublée.

  • Ce n'est pas toi, Ivy, c'est moi. Je ne suis pas prête pour cela, s'exclame Dixie essoufflée.

Des larmes embuent mes yeux, obscurcissent ma vision. Je n'avais pas anticipé cette conclusion abrupte. Malgré la douleur qui me serre la gorge, je hoche la tête en signe de compréhension, tandis que les larmes coulent le long de mes joues.

Dixie pose sa main derrière ma tête pour me faire une étreinte tendre, je pleure bruyamment à l'intérieur de son cou et pourtant combien ce contact me fait du bien.

  • Écoute, Ivy, je préfère ne pas te donner le baiser que tu espères tant. Ce n'est pas que je ne le souhaite pas, mais je veux attendre l'accord de Soren. Je ne peux pas m'engager sans le consulter. C'est impensable.

  • Je comprends, Dixie. Merci de ton honnêteté. Soren a de la chance de t'avoir. Je ne vais pas te forcer. Passe une bonne fin de journée. J'ai apprécié notre sortie ensemble.

  • J'espère qu'on pourra se revoir bientôt.

  • Bon, je vais aller me consoler avec une glace et un bon film ! dis-je avec un léger sourire.

Dixie se retire dans son nid d'amour, tandis que je traverse le long couloir d'un pas déterminé. Mon cœur est lourd, mais je comprends son engagement envers les limites qu'ils se sont fixés tous les deux. Ma poitrine s'agite tandis que j'accélère le rythme de mes foulées, l'énergie de ma frustration se canalisant dans ma descente sportive. Je serre mes seins contre moi tandis que je descends les dernières marches. Je me retourne une dernière fois, essoufflée. Un jour, peut-être, elle m'ouvrira sa porte. Un jour, peut-être, elle m'invitera à partager son intimité.

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