Chapitre 2

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À la vue des flammes, l’esprit de Dess vacille. Ne pas réfléchir… La situation est impossible à accepter… Il se sent détruit. Sa mère est morte. Choqué il reste figé, les yeux grand ouverts.

L’homme pose ses mains sur les épaules de Dess en le secouant légèrement pour l’aider à reprendre ses esprits.

- Écoute, ça va être dur à croire mais je suis là pour t’aider, affirme l’individu, faut que tu viennes avec moi.

- Non...aller...P..Police. Bafouille Dess, qui pointe le commissariat du doigt.

- La police ne pourra pas assurer ta sécurité, suis moi.

Encore déboussolé et sous le choc, Dess suit l’homme à travers les ruelles étroites. Il bifurque plusieurs fois, passe sous un pont, longe la route. Alors qu’ils arrivent finalement devant une petite librairie de quartier, ils aperçoivent leurs poursuivants et rentrent hâtivement dans la boutique.

Les hauts murs recouverts d’étagères surchargées de vieux livres donnent l’impression d’un donjon oublié. Leur entrée fait tinter une clochette qui anime le libraire, un vieil homme à la peau noire et aux cheveux blancs, retranché derrière un comptoir au fond du magasin. Les deux hommes ont l’air de se connaître et se dévisagent quelques instants. D’un signe de tête le vieux leur indique de se réfugier dans l’arrière boutique, située derrière le comptoir. A peine sont-ils à l’abri, que la clochette retentit à nouveau. A travers un petit interstice, Dess parvient à voir ses deux poursuivants qui s’avancent vers le comptoir.

- Ou sont-ils ? Demande le tatoué au libraire.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez, répond-il.

Dess regarde attentivement ces deux assassins pour graver leurs traits dans son esprit. Les lèvres de l’homme à lunettes se fendent d’un sourire prédateur et brusquement une flamme rouge apparaît dans son poing. À la vue de cette flamme, Dess sursaute, retenu in-extremis par la pression de son acolyte sur son épaule.

- Si tu ne nous réponds pas tout de suite, je carbonise cet endroit, menace-t-il.

N’importe qui avouerait par peur d’être brûlé vif, mais pas le libraire. Il reste d’un calme olympien.

- Comment t’y prendras tu, quand je t’aurais coupé la main ? Lance le vieil homme, effroyablement glacial.

Dess perçoit que se ne sont pas des menaces en l’air.

- Maintenant dégagez !

L’ambiance a changé. L’air est plus pesant et tous les bruits parasites qui viennent de l’extérieur se sont tus. Le sourire prédateur disparaît pour laisser place à une expression d’indignation, qui le conduit à s’approcher du comptoir, flamme à la main.

- Arrête ça ! Dit son complice, en le retenant par l’épaule.

Il affiche une expression de frustration couplé à de l’amertume et se résigne en faisant disparaître la flamme. Les deux hommes quittent le magasin précipitamment. L’homme en noir ouvre la porte et laisse sortir de la cachette Dess, encore plus déboussolé.

- Tu peux gardez un œil sur lui pendant une heure ? Demande-t-il au libraire, qui après avoir scruté Dess, acquiesce.

Alors que l’homme en noir quitte la boutique, Dess désorienté s’assoit et tente de remettre de l’ordre dans ses pensées. Son esprit dérive car l’incompréhension de ce qu’il vient de vivre et de voir reste totale.

- T’es encore secoué ? C’est normal après ce que tu viens de vivre !

- Comment pouvez-vous le savoir ! Oppose Dess, un brin de colère dans la voix.

- Je l’ai entendu. Réplique-t-il mystérieusement.

Dess ne comprend pas ses paroles.

- Tu vas me la poser ta question ? Demande le vieil homme.

- Qu’elle question ?

- Celle qu’ils me posent tous.

Dess est agacé par sa façon de répondre mais il garde son calme.

- C’était quoi cette flamme. Demande-il avec réticence.

- Est ce que tu crois en la magie ?

Dess se retient à nouveau de s’énerver face à cette question stupide.

-C’est quoi cette question, non. Il doit exister vingt trois millions quatre-vingt douze mile deux choses qui le prouvent. Répond-t-il sèchement.

L’homme tend sa main que Dess fixe attentivement. Il voit alors apparaître dans sa paume, l’image d’une feuille de papier recouverte d’écritures. Elle se déplie en deux, puis en quatre jusqu’à atteindre l’épaisseur d’un livre, avant de se revêtir d’une couverture de cuir bordeaux, semblables à ceux posés sur les étagères voisines. Dess est ébahi. Bien qu’il n’arrive toujours pas à y croire, le doute envahit son esprit : « Est-ce que je crois en la magie ? ». Le libraire tend alors le livre à Dess, qui le palpe pour constater qu’il est bien réel.

- Je pense que l’histoire d’« Oliver Twist » ne te plairait pas. Que dirais tu de celui-ci ?

Il pose sa main sur la couverture, en la faisant glisser de haut en bas. La couverture est maintenant verte, Dess peut y lire « Voyage au centre de la terre ».

- Tu sais ce livre propose un décor vraiment magnifique, affirme-t-il en repassant derrière son comptoir.

Il ouvre un tiroir duquel il sort une lampe torche, qu’il jette à Dess. Surpris, il la réceptionne de justesse avant qu’elle touche le sol. Tout à coup, il réalise qu’il est à présent dans une grotte. La caverne est plutôt grande et sombre, l’air est assez humide. Il sursaute et s’empresse d’allumer la lampe en entendant des échos résonner. Il découvre émerveillé que la caverne est ornée de cristaux blanc rosés, qui brillent de mille feux. Ils sont tellement beaux que Dess, en ramasse un par terre. Le tintement de la clochette le renvoie dans la boutique se visser sur son tabouret. Il pourrait croire qu’il s’agit d’un tour de passe-passe ou d’une hallucination s’il ne sentait pas le cristal entre ses mains.

- Donc la magie existe. Admet Dess, encore sous le choc.

- La magie et son histoire. Rajoute le libraire.

- Par histoire vous voulez dire les mythes et les légendes ?

- Mythes et légendes ne sont que les noms des passages de l’Histoire que l’humanité n’a jamais réussi à expliquer.

- Vous affirmez sérieusement que les légendes sont fondées ?

- Tu devrais interroger tes certitudes sur ce monde, maintenant qu’elles ne sont plus certaines.

Cette phrase voulait à la fois tout et rien dire. Dess est assailli par une foule de question sur ses croyances et celles que le monde lui a enseignées.

- Vous n’allez pas me dire que des légendes comme Hercule, les fées ou encore Chupacabra existent ? Adjure Dess, absolument déboussolé.

Il regarde le libraire qui hausse les épaules et les sourcils en gardant le silence. Quand Dess accepte finalement cette vérité, il voit son esprit s’éclaircir. Bien que beaucoup de questions restent sans réponse.

- Vu tout ce que je viens de voir, nier l’existence de la magie reviendrait à réfuter la vérité.

- Tu me plais bien petit. Dit-il, un sourire en coin.

- Merci pour l’explication euh...

- Tu peux m’appeler Hal.

Les présentations finies, la porte s’ouvre devant l’homme en noir. Il regarde Hal et lui demande d’aller préparer ce qu’il lui a demandé. Le libraire va dans l’arrière boutique, les laissant seul. De son regard froid, l’homme d’une voix forte et claire lui dit :

- Tout d’abord je m’appelle Hank et ma mission consiste à te surveiller en assurant ta sécurité. Pour l’instant tu vas devoir venir avec moi.

- Et si je refuse ?

- À toi de me le dire.

Dess sait qu’il n’a pas d’autre choix, il ne veut pas finir chez les services sociaux ou en prison avant de savoir pourquoi sa mère est morte.

- Si je viens, j’aurai des réponses ?

- Si tu ne viens pas, tu n’en auras jamais.

- Tout est prêt, affirme Hal qui revient.

Dess suit Hank sur un signe de tête, dans l’arrière boutique éclairée. Elle est beaucoup plus grande que ce qu’il croyait. C’est une réserve de rayonnages métalliques où sont entreposés des livres.

Ils suivent Hal jusqu’au fond de la pièce devant un mur vide. Il tend alors ses mains et commence à marmonner quelque chose dans une langue inconnue. Une petite lumière apparaît et au bout de quelques instants un flash blanc éblouit la pièce et aveugle Dess. Quand il retrouve la vue, la petite lumière a disparu et à sa place se trouve un portail qui semble composé d’une brume épaisse et bleue avec des reflets dorés.

- Où mène ce portail ? Interroge Dess, ébahi.

Hank répond d’un mot : « Le Refuge ». Hal ajoute qu’il peut l’imaginer comme un lieu, où coexistent les mythes et légendes des mondes entiers.

Dess et Hank se placent devant le portail, prêts à le traverser. Dess est un peu inquiet. Il se demande ce qu’il va découvrir dans ce nouveau monde qui lui tend les bras et surtout s’il réussira à y survivre. Une seule chose est sûre pour l’instant, sa vie ne sera plus jamais la même.

- Fais attention à toi petit. Conjure Hal. N’oublie pas que les apparences sont souvent trompeuses.

Dess passe la jambe à travers le portail et ressent une sensation moelleuse. Il sent une force l’attirer et se fait aspirer à l’intérieur. Il a l’impression d’être en chute libre, il va tellement vite qu’il n’arrive pas à ouvrir les yeux. Quelques secondes après, il ressent à nouveau le sol sous ses pieds. Dess est ébloui par la lumière du soleil, ses pupilles s’accommodent au bout de quelques instants. Il est tellement époustouflé par ce qu’il voit à présent, qu’il en reste bouche bée. Hank le regarde et lui souhaite la bienvenue au Refuge.

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