Chapitre 6
Après des heures intenses de soins prodigués par les infirmiers de l'établissement, notre ami a enfin repris connaissance et surtout a retrouvé de la couleur. Il nous a raconté ce que le garde leur avait fait et instantanément, une vague de colère nous a submergés. Nous n'avions tous qu'un seul objectif en tête : nous venger des gardes qui avaient osé faire cela. Et dans ma tête, un plan s'est tout de suite formé, celui d'un gâteau bombe.
Ils allaient apprendre ce que cela signifiait de toucher à l'un de mes amis. Pour cela, j'ai demandé à Rock d'appeler ses contacts pour qu'il nous procure quelques pétards, mais des pétards qui ne feraient de mal à personne. Juste assez pour que mon plan fonctionne et qu'il soit humilié. Le petit, apprenant que mon plan commençait à se mettre en place, décida d'y participer également.
— Si tu veux blesser les gardiens, explique-moi comment tu vas t'y prendre, sinon tu vas toi aussi te faire avoir
— Nous allons préparer tous ensemble un gâteau, avec un petit goût explosif.
— Je vois où tu veux en venir, mais comment allons-nous avoir accès à la cuisine ?
— Il suffit simplement de demander aux gardes de faire le service de cuisine. Nous prendrons le temps de nous faire apprécier et cacherons les fournitures pour faire le gâteau dans un coin. Ensuite, il nous suffira tout simplement de le préparer le jour même et de l'envoyer.
— Tu veux envoyer un gâteau ?
— Oui, nous allons faire croire qu'il vient de quelqu'un de l'extérieur, et quand il explosera, il ralentira tout le monde. Les gardes qui t'ont fait ça ont un bureau au deuxième étage, donc si le gâteau explose dans la pièce, tout sera recouvert de pâte ou de glaçage.
— C'est un bon plan, OK, mais ne t'implique pas trop, parce que je te rappelle que tu n'es là que pour un temps. Nous devons prouver et trouver qui t'a envoyé en prison
Finalement, c'est Vague qui nous a le plus aidés pour cette mission. Il faisait déjà un petit boulot dans la prison comme aide cuisinier. Grâce à lui, nous avons pu facilement entrer en cuisine pour aider à préparer les autres repas. Et déjà, au bout d'une semaine, nous avons réussi à nous faire un petit réseau encore plus grand que celui de mes amis. Visiblement, les personnes travaillant en cuisine connaissent beaucoup de monde à l'extérieur, et l'une d'elles nous a même fourni les pétards dont nous avions besoin. Ce n'est donc pas le contact de Rock qui nous les a donnés.
En plus de cela, comme nous ne sommes pas souvent en cuisine, les autres détenus qui s'occupent des desserts se relaient pour mettre au même endroit les ingrédients et la bonne dose de chacun d'entre eux. Cela nous a permis de gagner du temps. Le lieu que nous avions choisi au départ était une poubelle que nous aurions bien sûr désinfectée et qui serait cachée derrière un réfrigérateur. Mais ensuite, nous avons simplement proposé de mettre les ingrédients qui doivent être conservés au frais tout en bas et ceux qui peuvent être conservés à température ambiante dans les étagères du haut.
Quand nous avons enfin eu tous les ingrédients nécessaires à la préparation, nous avons attendu le bon moment. Ce moment est très particulier, car si nous ne faisons pas exploser le gâteau à temps, tout le monde sera sorti de la pièce. Il faut que ce jour soit un jour qui les humilie profondément. Alors, notre fameux jour spécial a été décidé : il se déroulera le jour de l'inspection. Ce jour-là, les officiers doivent être inspectés par leur supérieur et par le directeur de la prison. Ce sera très humiliant pour eux, puisque la salle entière, et eux y compris, seront recouverts de gâteau devant le directeur et leur chef, une humiliation ultime pour ceux qui ne font que persécuter.
Alors, quand ce jour fatidique arrive, Vague et moi nous rendons en cuisine. Là-bas, nous récupérons tous les ingrédients en vérifiant bien que personne ne nous surveille, ce qui est parfois le cas puisque nous sommes tout de même des détenus. Après une heure de préparation et quarante minutes au four, notre délicieux gâteau explosif est enfin prêt.
Aussitôt préparé, nous l'emballons, puis nous le mettons sur le chariot du livreur. Nous avons fait croire que c'était l'un des colis à livrer au garde. Et, comme prévu, le livreur ne s'est absolument pas douté qu'il avait un colis en plus. Comment se fait-il qu'aucun prisonnier ne se soit évadé par la poste ? Franchement, moi qui ne suis pas dans les manigances criminelles, j'ai eu tout de suite l'idée. Mais ce n'est pas le moment d'en parler. Pour le moment, il faut attendre que les pétards allumés juste avant l'emballage explosent pile au bon moment.
Pour cela, nous avons demandé l'aide de nos contacts pour faire en sorte que tout se passe bien et que le transport du paquet jusqu'à la salle en question se fasse de la manière la plus fluide possible. Quand Vague et moi nous sommes assurés que le colis était arrivé dans la salle, le directeur et leur chef de service se dirigeaient vers cette dernière. Nous nous sommes donc éloignés et avons rejoint discrètement la cuisine pour terminer les repas de midi.
Puis, après quelques minutes, les gardes nous demandent de retourner à nos cellules, ce que nous faisons sans rechigner. Et en arrivant chacun dans notre cellule, nous entendons un gros boum.
L'explosion a parfaitement fonctionné, car seulement quelques secondes après, nous entendons des voix d'hommes crier de partout. Et bien entendu, parmi celles-ci, je reconnais celle de l'homme qui était venu chercher le petit pour le prendre à part dans la salle. Il semblait essayer de justifier ce qui s'était passé, alors qu'il ne comprenait pas lui-même. On aurait presque dit qu'il était en panique et confus, lui qui, pourtant, n'avait pas hésité à essayer de tuer le petit.
C'était très drôle à entendre, même si j'aurais aimé voir ce qui s'est passé là-bas. Mais qu'est-ce que vous voulez, on ne peut pas tout avoir. Cela n'empêche que, les jours qui ont suivi, la plupart des gardes présents dans la salle au moment de l'explosion ont dû nettoyer la prison de fond en comble. Une chose qui a bien fait rire tous les détenus.
Et après cet incident, alors que j'étais seul dans la cour, car j'avais droit à une pause un peu plus longue que les autres, la brute qui avait la même permission que moi vient s'asseoir à côté de moi. Le stress commence à monter petit à petit ; je ne sais pas ce qu'il me veut et je n'ai rien fait pour le provoquer. Peut-être est-il là parce qu'il a appris notre plan d'une manière ou d'une autre ? Ou est-ce qu'il est là pour me remercier de l'avoir vengé, même si c'était indirectement ?
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