La route est pentue, encombrée d'obstacles ; ses petites jambes sont incertaines. Si les instructions sont strictement décodées par les systèmes logiques – et même optimisées à plusieurs reprises –, la calibration du geste, quant à elle, demande encore un temps d’adaptation. Chaque mouvement repose sur une architecture fine : des actionneurs pilotés par une multitude de servomoteurs, coordonnés pour produire un équilibre de plus en plus assuré.

Mais la Terre est imprévisible. Impossible d’obtenir une résolution parfaite et durable au chaos de son plancher. La marche est un acte à réajuster sans cesse. C’est un calcul perpétuel destiné, avec le temps et l’entraînement, à devenir automatique. Pour l’heure, elle règle son apprentissage. Chaque appui suscite un nouveau défi, une aventure éphémère, qu’elle aborde le sourire aux lèvres. À plusieurs reprises, une racine, des décombres ou un trou viennent troubler sa progression. Elle expérimente la perte de stabilité, et cette difficulté l’amuse. Son rire clair résonne parfois entre les feuillages, se mêlant au chant des oiseaux et provoquant la fuite de petits mammifères peureux.

Au bout de quelques kilomètres, elle trouve enfin son rythme. Ses appuis sont plus assurés. Ses bras balancent naturellement pour accompagner le mouvement, son bassin ondule et absorbe les tensions mécaniques de ses genoux. Chapés de souliers noirs aux reflets lisses, ses pieds ne semblent plus hésiter.

Sous le Soleil matinal, la petite bat la campagne.