Jour 2 [Courir]
Emportée par l’inclinaison de la pente, portée par l’élan fluide de ses gestes précis et joyeux, la petite accélère. Ses boucles blondes virevoltent autour de son visage parfaitement lisse, rebondissent au rythme de ses foulées vives, dansent avec les manches à godets de sa robe écarlate. L’enveloppe qu’elle habite semble s’adapter sans peine à cette impulsion inédite.
Enivrée par la vitesse, elle cherche, trouve, décode de nouvelles instructions. Tandis qu’un pied, avec sa cheville articulée, produit une poussée puissante vers l’arrière, l’autre est projeté vers l’avant, quitte le sol dans un mouvement presque horizontal, se pose à plat, puis engage, une fois le centre de gravité aligné, la prochaine poussée. Chaque pas chasse la suivante, avec précision, dans une alternance parfaitement coordonnée.
Elle adapte et optimise. Très vite, ses enjambées s’allongent. Elle calcule en permanence la zone d’atterrissage de ses extrémités inférieures pour éviter les pierres, les branches et les nids de poule qui constellent la voie au revêtement craquelé.
Elle approche les cent kilomètres par heure, avec une moyenne de six mètres par foulée. Presque comme le guépard [Acinonyx jubatus], apprend-elle avec amusement. Elle pourrait voler son record, bien sûr – mais elle préfère lui laisser. C’est un animal tellement beau !

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