Jour 3 [Chuter]
Soudainement, le bitume disparaît, remplacé par une piste en faux plat, couverte de sable et de cailloux tranchants, qui s’enfonce dans un bois taillis récemment carbonisé. Ralentir n’est pas chose aisée. Les jeunes mélèzes, noirs et nerveux, fouettent ses flancs ; le sol meuble et instable contrarie chacun de ses appuis. Elle improvise un écart. Sa chaussure heurte une pierre – elle culbute, s’enroule, tourneboule, puis atterrit brutalement sur les fesses.
Aucun bruit. Pas même le chant moqueur d’une pie.
Ses mains sont couvertes de cendre, tout comme ses bras et ses genoux. Elle demeure ainsi quelques minutes, immobile et silencieuse, sous un ciel d’un bleu uniforme. Puis elle se redresse lentement.
Un rapide examen de son enveloppe confirme qu’aucun composant essentiel n’est endommagé. Sa robe, en revanche, est salie, déchirée en plusieurs endroits.
Qu’a-t-elle omis ? Quelles sont ses failles ?
Encore sonnée par la cabriole, et désireuse d’affiner ses compétences motrices, elle analyse ses propres enregistrements vidéo et consulte les archives de l’encyclopédie impériale.
Cette compulsation lui enseigne que les humains aussi chutent fréquemment, et pas seulement lorsqu’ils apprennent, comme elle, à marcher. Le vivant commet, régulièrement, des erreurs d’appréciation.

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