VIII

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Luzi s’avança après avoir dépassé les hautes portes clairsemées d’ossements de seulement quelques mètres. Présente sépulture en plein air composée de ses propres gardes morts de diverses manières. Puis la terre noire se mit à se mouvoir des taupières. De ces monticules s’extirpaient les gardes et autres soldats de Gridès.

Quand chacun fut extrait du sol, Luzi vit qu’ils avaient la peau sur les os comme des momies, mais étaient de la taille d'un bon gaillard. Le teint de la même couleur que la terre, ils portaient des armures et armes de spartiates. Le plus massif d’entre eux éveilla son regard rubis et s’avança vers Luzi. Ce dernier, sur ses gardes, recula d’un pas.

— Mais que vois-je ? Un immortel céans, dont les yeux or me rappellent que jadis j’eusse fort apprécié sa chair !

Cette phrase était la phrase de trop. Luzi ne pouvait plus se contenir, et d’un mouvement de la main qu’il referma, celui qui l’avait provoqué avait eu son casque écrasé sur lui-même et il s’écroula face contre terre. Luzi sombrait dans les abîmes de la haine. Plus il massacrait, plus son âme perdait de son intensité. Quand la poignée de gardes ne fut plus, il ne pensait plus à cette Flamme qu’il aimait, mais plutôt à comment tuer d’autres soldats à la langue bien trop pendue. Enfin, Luzi amorça un pas plus lent, et cette fois-ci, il continua une descente où plus bas, le pays sombre de Gridès s’étendait à perte de vue.

Et Gridès n’était pas n’importe quel pays, non ! Il portait très bien le préfixe « sombre », car la majeure partie de la population n’était faite que d’ombres. Ces mêmes ombres avaient autrefois dévoré Caria lors d’une mission dont Luzi ignorait toujours l’ordonnance. Son visage métissé aux yeux de même brillance s’effaçait de ses pensées.

Ramirez l’avait sciemment dirigé vers une mort certaine. Luzi aura-t-il assez de force pour se tirer de ce piège ? Ramirez, dans son bureau, l’espérait quand il observa de sa fenêtre la nuit tomber. Car un piège de ce type s’avérait toujours à double tranchant, comme la hache qui se balançait sur le dos d’Amélia accompagnée de Liban. Tous deux se dirigeaient vers Idrézia avec la ferme volonté de résoudre le mystère de ce dialecte ancestral.

Le temps que nos deux héros parviennent à Idrézia, la cinquième semaine passa et Lars entraînait Rakièl aux arts télépathiques pour lire les mouvements de ses futurs ennemis et ainsi mieux les combattre. Muni d’un sabre, Lars attendait que Rakièl ferme son esprit pour attaquer.

Du métal croisé s’échappa à chacun des impacts des étincelles. En cet instant, Rakièl avait l’avantage car son esprit combatif était plus élevé que celui de son Maître. Et comme toujours, son trop-plein de confiance le perdait. En fait, son ego rouvrait son esprit et Lars profitait toujours de cette ouverture pour le contrer d’un coup de pied ou d’un coup de coude, selon l’ouverture qu’il laissait. Et Rakièl heurtait toujours violemment le sol de la salle des officiers.

Rakièl remarquait qu’à chaque fois le coup était plus fort. En réalité, Lars testait sa colère, sa haine.

— Maître, pourquoi toujours être aussi brutal dans vos ripostes ?!

Lars rengaina son sabre dans son fourreau, s’éloigna de sa position et annonça d’un ton neutre :

— Crois-tu que tes futurs adversaires seront toujours aussi gentils ? Allons… Rakièl, tu es bien trop tendre. Révèle-moi ta véritable nature, j’ai lu bien plus de haine en toi qu’en quiconque sur cette planète, articula-t-il.

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Rakièl essuya du plat de la main sa bouche d’où il coula un filet de sang. Rakièl ne comprenait point ces propos. Quand il se leva, d’un coup ferme, il planta son épée et sortit de la salle.

Rakièl en colère, son propos commençait tout juste à le faire réagir et Lars se mit à sourire.

Cette haine était l’héritage de son père, et avant lui, celui de sa mère, et bien avant eux, toute une génération de Diaz. Génération qui autrefois était composée de guerriers à la réputation sanguinaire. Une vieille légende disait que cette même lignée avait contribué à faire de l’Homme un Immortel. Et c’est cela que voulait vérifier Liban. Cet immortel au passif mystérieux. À ce propos, Liban avait été destitué de son nom quelque temps avant que Destinée ne détruise le continent Erizhaé, et cela était dû à sa relation cachée avec Raya.

Sa famille voulait tout contrôler et était au gouvernement de cette Cité qui reposait comme une stèle dont personne, dans les entrailles de Kuahra, ne voulait se rappeler. Et pourtant, il le fallait car ces inscriptions allaient mener Liban à s’en remémorer et par la même occasion, lui réveiller des souvenirs et pas des plus agréables. Et lorsqu’Amélia arriva devant ce tunnel menant au pays d’Idrézia, il s’était passé de nombreux évènements notamment du côté de Luzina.

Présente ville, dont un groupe fantassins arrivait à ses portes. Fantassins, vêtus de costumes rouges du XVIIe siècle, tenant chacun à leur ceinture pistolets et autres mousquets. Le Roi d’Enzio avait répondu à Ramirez qui lui avait écrit de sa plume de Maître.

À croire que ces mots écrits en des phrases se composaient d’un contenu envoûtant car Ramirez n’eut presque que des réponses positives. Et Ramirez voyait un vent tourner en sa faveur car il était très opportuniste et plus encore.

Quand l’un des fantassins, aux cheveux gris ornés d’un chapeau en daim, dépassa les portes de Luzina, il s’aperçut que cette ville était composée de bâtiments fort charmant. Cet homme retira son chapeau à la vue d’une jeune citadine intéressée par ces hommes bien vêtus et continua son chemin, sourire aux lèvres. L’homme qui semblait être l’émissaire du Roi d’Enzio l’interpela :

— Belle demoiselle au sourire enchanteur, auriez-vous l’amabilité de m’indiquer où se trouve le complexe de votre Gouverneur ?

La jeune femme, visiblement séduite par la voix douce de cet homme, lui répondit avec la même chaleur :

— Bien évidemment, pour cela, puis-je vous demander votre prénom ?

Quel culot ! pensa cet homme et il attendit un instant :

— Dany, et puis-je ? répliqua-t-il en proposant son bras.

Cette jeune femme l’accompagna devant le bâtiment préfectoral. Dès qu’ils arrivèrent, un garde partit aussitôt chercher le Préfet.

Et Ramirez arriva devant ce prétendu Dany et se mit à sourire, l’expression de son visage ne trompait pas. En ce moment, il voyait grand :

— Bienvenue à vous, émissaire d’Enzio. Puis-je vous demander de vous séparer de cette femme et venir vous entretenir dans mes quartiers privés.

Il avait millimétré cet accueil et l’avait répété des dizaines de fois, et cette fois-ci, Ramirez le mit en pratique. La réponse de Dany fut positive et tous deux se dirigèrent dans les ruelles étroites de Luzina. Lorsque Dany vit qu’en face de lui se tenait une impasse, il voulut saisir son pistolet. Mais ce dernier s’écroula avant toute riposte. Le monstre tenu à ses côtés écrasa cet organe. Le

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cœur de Dany qui allait être l’objet d’une guerre qu’avait calculée Ramirez mille coups à l’avance. Le Préfet était-il devenu fou ? Provoquer le Roi d’Enzio revenait à tout perdre car son armée était d’une envergure sans pareille.

Devant le bâtiment préfectoral, la demoiselle n’était plus les fantassins furent attaqués par les mages de Luzina et quand cette boucherie prit fin, les nombreux témoins de cette attaque eurent tous la mémoire effacée par leur sombre magie.

Liban commença tout juste à s’adapter à la noirceur de ce tunnel qu’un halo de lumière l’aveugla. Devant lui, Amélia n’avait qu’une hâte, descendre pour retrouver son grand ami, Alves. Elle était à des lieux de savoir qu’un conflit allait s’installer entre tous les pays, comtés et autres districts. Et ce n’est que lorsque tous deux virent des hommes et femmes aguerris s’entraîner aux arts du combat dirigés par des Maîtres d’armes, qu’ils commencèrent à se poser des questions et pas n’importe lesquelles.

Liban n’était jamais venu au pays d’Idrézia et fut conquis par la beauté des lieux. Ce pays était vraisemblablement l’un des plus beaux qu’il ait vu depuis Erizhaé. Quand Amélia s’approcha du Maître d’armes, elle lui demanda :

— Que diable se passe-t-il ?! Ne me dites pas que vous préparez nos jeunes à une guerre !

De sa voix grave et d’un mouvement d’un bras, le Maître stoppa ses élèves. Ce dernier était un géant comparé à nos deux héros et quand il se retourna et qu’il vit que c’était Amélia, il lui présenta ses respects en s’inclinant :

— Veuillez me pardonner, ô Maîtresse, mais je n’en sais pas plus. Pour cela, je vous invite à vous orienter vers le haut Consul qui doit en ce moment être au Fort. Le seul renseignement que je puisse vous donner est qu’un conflit se profile à l’horizon.

Dans le champ, face à lui, se tenait une vingtaine de binômes qui croisèrent le fer dès que leur Maître en relança l’ordre. Liban suivit Amélia vers le Fort. Ce Fort qui lui rappelait un vieux souvenir.

Dans celui-ci, la Cité dont il ne voulait pas se rappeler le nom, mais il la voyait clairement. Ces murailles hautes de quinze étages étaient faits de pierres blanches et plus en profondeur une immense bâtisse plus grande qu’une pyramide s’y dessinait. Dans ce songe, il était à cheval accompagné par sa douce, Raya.

— J’ai bien peur que nous devions nous séparer ! lança-t-elle.

Liban stoppa sa monture et elle descendit :

— Quel dommage qu’on ne puisse s’aimer pleinement et sans avoir à se cacher. Raya soupira, son regard se perdait sur cette Cité.

— Allez, va ! Si jamais on te voit, tu risques d’avoir des poursuites.

Et Liban repartit dans la direction opposée. Laissant derrière lui cette Cité aux allures d’une Merveille. Et lorsqu’il reprit ses esprits, il avait déjà dépassé les portes de ce Fort. À l’intérieur, l’agitation était à son comble, tous s’affairaient à leurs occupations sous l’œil avisé du haut Consul, Alves Durand.

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