Cette même semaine où un cœur était l’objet à venir d’une guerre, Jamal et Raliha, notre couple de Feu, étaient partis à la recherche de cette Flamme nouvelle. La Flamme Destinée divinement incarnée dans le corps d’Anaëlle, toujours recluse dans les entrailles de cette planète où elle chatoyait comme jamais. Et comme toujours, il manquait un éclat à ces flammes qui, cette fois-ci, se teintaient d’un rouge carmin. Ce rouge magnifique ne pouvait prendre une autre profondeur car il lui fallait avoir plus de courage, plus de caractère, et surtout plus de témérité.

Pour le devenir, il fallait encore qu’elle sorte de sa caverne, mais cela lui était interdit par Raya qui de plus en plus avait une attitude froide, rigide et pour cause, sa Maîtresse avait peur. Peur de son pouvoir, peur qu’elle ne détruise tout et sans en prendre conscience, elle le lui transmettait.

Ressentie par Anaëlle, cette émotion lui permettait d’être plus forte mais aussi d’être plus faible. Un paradoxe dû au fait que Destinée devait s’émanciper du joug de Raya. Et même si Ross et son compère Angelo étaient en admiration face à son pouvoir, Destinée ne pouvait rester recluse encore longtemps. Or, dans l’ombre et non loin de là, une guilde composée de sept mages avait été envoyée par Ramirez. Ces mercenaires sans visage, tous vêtus de noir, s’approchaient de ce lieu à l’aide d’un sortilège pour détecter l’énergie divine.

Ces mêmes sorciers passèrent sur un chemin étroit et pentu tandis que plus haut, de l’autre versant de cette falaise, Jamal les observait de derrière un roc pendant que Raliha préparait une stratégie tout en se rappelant les paroles de leur Maître, Lars. Ces mêmes paroles qu’elle annonça à son bien-aimé :

— Maître Lars nous a dit de les suivre et à bonne distance !

— Merci pour l’info et je m’en souviens très bien ! Or, ils ne m’ont pas l’air très puissants. Néanmoins, je n’arrive pas à sentir leur aura et c’est étrange, voire inquiétant.

Il s’avança imprudemment, mais Raliha lui saisit aussitôt le bras avant qu’il ne soit découvert. Fort heureusement, ces mages ne les virent pas. Enfin, c’était ce qu’ils croyaient,car ces mercenaires avaient déjà ressenti leur présence bien avant que le couple de Feu ne les ait eusen ligne de mire. L’un d’eux sortit de la manche sa main aux ongles crochus d’où il émana une fumée noirâtre. Celui-ci sut en cet instant que Jamal avait un cœur sombre et empli de colère et que cela allait le mener droit à sa perte.

Le mage ne fit rien, attendant patiemment que tous deux se rapprochent. Loin d’être stupide, il communiqua à ses congénères leur position et tous s’enfoncèrent en direction de la caverne où Destinée s’entraînait avec sa Maîtresse. Munie d’un arc de feu et de flèches à la pointe embrasée, Raya lui apprenait les techniques du tir à l’arc. Et Raya fut surprise quand elle vit que malgré sa maladresse, ses tirs touchaient toujours leur cible en plein centre. Raya semblait en ce moment jalouse, mais n’en montra point l’expression.

Quand tout à coup, les mercenaires arrivèrent devant l’entrée de la caverne d’où il s’échappait une intense lumière. Ces mages aux visages effacés par la noirceur de leur capuche, en cet instant, firent apparaître une faux comme celle que tient la mort. L’une des armes contre le divin. Celui qui semblait être le meneur, ordonna d’un mouvement du bras, à deux des siens d’y entrer. L’énergie de l’apparition de leur faux fut ressentie par Raya, mais elle était trop occupée à penser à son égocentrisme. Et les deux assaillants, sans se cacher la pénétrèrent. Enfin parvenus sur un rocher plus bas se trouvaient Ross et Angelo qui observant Destinée tirer dans le mille. Alors que Raya, elle, bras croisés, attendait l’instant où Anaëlle faillirait.

***

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La convoitise de Destinée ne faisait que commencer et tous en ces lieux voulaient savoir de quoi elle était vraiment capable.

Dans le bureau du Préfet de Luzina, l’émissaire de Ralihan apportait la réponse écrite par son Consul et que Ramirez ouvrit :

Très cher Ramirez,

Après moult réflexions, seul puis avec mes généraux, je vous fais part, vieil ami, que je valide votre sollicitation pour entrer dans cette course effrénée à la Flamme,mais et surtout pour qu’elle ne puisse jamais à nouveau enflammer. Pour cela, au moment que nous estimerons le plus opportun, nous vous enverrons deux tiers de notre armée et si nécessaire, quelques hommes supplémentaires.

Si je puis me permettre ainsi, vieil ami, vous dire que votre écriture est plus digne encore que celle de la main d’un Maître.

Et c’est aussi en partie, pour laquelle, me voici avec ces mots si faibles en comparaison des vôtres.

Henri Deville

En lisant ce courrier, Ramirez n’en fut point flatté car il le savait, en usait, et même en abusait.

Et le jour suivant, le Préfet d’Annihila se présenta à Ramirez. Cet homme, plus massif et plus grand comparé à Ramirez, prit place dans son bureau. Elvis Down était l’un des rares humains à ne posséder aucune force magique, aucun pouvoir. Et c’est cela qui avait été fort apprécié lors de son élection au plus haut poste du comté d’Annihila. En fait, sa particularité résidait dans tout autre chose. Ramirez lui proposa de s’assoir. Et une fois assis sur un fauteuil, Elivis cala ses coudes et croisa les doigts, attendant le bon moment pour parler :

— Voulez-vous du thé ?

Elvis lui répondit d’un sourire accompagné par le ruissellement du thé versé dans la tasse. Enfin servi, Ramirez lui proposa, mais ce dernier refusa du plat de la main.

— Donc, vous m’avez écrit, j’apprécie. Et plus encore, les mots employés dans votre courrier étaient d’une force presque envoûtante.

Ramirez eut un rictus sur le coin de la bouche et reposa la tasse sur la table.

— Mais voyez-vous, votre petit message n’a point eu l’effet de cette magie dont vous êtes Maître. Et je tenais personnellement à vous le dire en face.

Elvis se leva, dépassant ainsi son hôte, et avança. Le Préfet recula d’un pas, puis d’un autre, pour finir bloqué contre son bureau. Visiblement, sa magie ne pouvait opérer sur Elvis et Ramirez semblait effrayé d’y laisser des plumes.

— Ramirez le grand et terrible qui s’écrase en ce moment face à un homme des plus banals. Qui l’aurait cru ?

Elvis marqua un temps de pause, sous le regard éteint de Ramirez qui de la main tentait de chercher un objet, mais il fut aussitôt coupé de nouveau :

— Et de fait, je tenais surtout à vous faire comprendre que je ne participerai point à la haine de vos autres motivations.

Elvis Down recula et partit lentement sans boire le thé dont une légère fumée s’échappait. Son âme brillait d’une lumière sans pareille, aveuglant toute noirceur où qu’elle soit. Et c’est aussi la raison pour laquelle Ramirez ne pouvait user de sa magie. Il entra en rage, faisant valser d’un

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revers de la main le service qu’il avait préparé. Cette lumière en réalité avait annulé temporairement ses forces magiques.

***

Durant ce laps de temps, dans la caverne, le combat entre les deux mercenaires et nos amis ne faisait que débuter. Plus bas, Angelo, habile de sa hache, croisait l’acier de la lame arrondie de l’un des deux mages dont la dextérité commençait à le surpasser. Angelo fut soudain mis à terre par une force mystérieuse. Cette même force provenant de la main de l’autre sorcier tenu plus haut. Mais Angelo esquiva de justesse la pointe de la faux, évitant ainsi une mort certaine.

Le sorcier haut perché leva ses mains et deux immenses mains sortirent du sol et attaquèrent Ross, sans défense, qui se mit à courir pour leur échapper, mais bien trop rapides pour lui, l’une l’empoigna. Celle-ci le souleva pendant que l’autre au-dessus voulut l’écraser. Mais dans son élan, une flèche en feu s’y planta, coupa ainsi son élan. Anaëlle commençait à s’embraser sous le regard hagard de Raya. Impuissante, sa Maîtresse se rappela l’instant où ces mêmes flammes avaient failli la tuer.

Pendant qu’Angelo retenait son adversaire, Anaëlle s’effaçait pour laisser s’exprimer Destinée. Son arc de feu changea du carmin à l’indigo. Poing contre la joue, sa cible n’eut plus d’espoir. Et quand la flèche transperça le corps de ce mage haut perché, elle finit plantée dans la roche. Ce dernier, visiblement en vie, avança d’un pas, essayant d’invoquer encore son pouvoir. Mais avant que ses mains ne se joignent. Sa blessure au plexus se répandit comme brûle le papier. Son corps devenait cendres et plus bas, Ross s’effondra et sa sombre magie disparut avec lui.

Raya n’en revenait pas du courage d’Anaëlle qui était en train de dépasser ses limites. Et lorsqu’elle vit Angelo en difficulté, Raya se reprit et tira sur le mage restant. En plein dans le mille. Or, ce dernier n’avait pas de visage. Raya avait manqué sa cible la troublant plus encore. Genou contre terre, Raya ne pouvait qu’espérer que l’ennemi ne soit plus qu’un. Destinée visa de nouveau le mercenaire, mais avant de toucher sa cible, il disparut en fumée.

Anaëlle s’émancipa de l’emprise de sa Maîtresse qui avait perdu espoir. Au dehors et bien plus haut, Jamal et Raliha tentaient de suivre et à bonne distance ces mercenaires. Comme toujours, Jamal, fier et combattif, partit à leur rencontre ignorant les avertissements de sa Flamme. Jamal défourailla son épée, déploya ses ailes et s’envola pour observer ce qu’ils faisaient. Il s’aperçut rapidement que trois d’entre eux avaient disparu. Puis, d’un battement d’ailes, il se rapprocha et aussitôt fut repéré et tous usèrent de leur magie élémentaire.

Ces éléments les entouraient comme souffle le vent sur une branche. Ils attaquèrent Jamal qui tentait tant bien que mal d’échapper au feu, aux bourrasques et aux éclairs. Et la foudre le frappa et Jamal se précipita vers le fond de cet abîme. Raliha courait à toute vitesse dans sa direction quand tout à coup, l’un des mercenaires lui para le chemin. Le couple en difficulté, comme l’avait prédit leur Maître Lars dans sa vision à l’instant où il avait plongé son regard du vitrail de lumière. Lars avait vu la chute de Jamal. Néanmoins, il ignorait la suite des événements à venir.