chapitre 2 part 2

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Louisiane,

Les tensions au sein de la famille Walker se faisaient de plus en plus intenses. Madame Walker voulait rester quelques jours à la maison afin de s’occuper de ses enfants après une longue période d’absence, mais rongée par la colère, elle n’avait qu’une seule envie : repartir pour ne pas hurler dans toute la maison et surtout ne pas croiser son mari, fier de quitter sa Louisiane natale qu’il détestait par-dessus tout. Après en avoir longuement parlé avec ses enfants, Davon et Monika s’étaient faits à l’idée et soutenaient presque leur père. Tout allait si vite, il avait organisé tous les papiers, préparé le jour du déménagement, il ne restait plus qu’à franchir le pas. Pour ce qui la concernait, son avis était déjà fait, elle ne voulait pas déménager. Sa famille, ses amis, vivaient dans la région ; même si elle voyageait beaucoup, elle aimait se ressourcer dans le lieu qui l’avait vu naître. Quand elle n’allait pas bien, elle se réfugiait chez Annick Wilson, son amie d’enfance avec qui elle avait fait toutes ses études.

Annick était elle aussi mère de deux enfants, Calvin et Harry, deux jumeaux hyperactifs. Son mari Chuck était chauffeur livreur pour une entreprise d’import-export, tout comme Carole il était rarement à la maison. Annick élevait ses deux enfants quasi-seule et peinait à se faire respecter. Mère au foyer, elle vouait tout son temps à ses enfants. Pourtant, avant que naissent Calvin et Harry, elle était comptable et aimait son travail. Elle avait une vie sociale et des collègues qui l’appréciaient. Mais la vie en avait décidé autrement ! Tout comme Barney, elle n’aimait plus sa vie, elle nourrissait secrètement un désir de changement, de renouveau. Chuck, obsédé par son travail, passait peu de temps à la maison. Quand il n’était pas dans son camion, il passait son temps libre au bar avec ses amis de boulot. Annick tentait de maintenir la maison en ordre avec ses deux enfants et rêvait d’une vie meilleure.

— Comment vas-tu, ma chérie ? demanda Annick en servant une tasse de thé à Carole.

— Je suis épuisée, même si mon travail me passionne, il est éreintant. Et il faut que mon mari tombe dans la crise de la quarantaine ! Il a pris la décision, sans me consulter, de partir d’ici pour respirer, se redécouvrir ou je ne sais quoi. Et le pire dans tout ça, c’est pour surveiller un vieux bâtiment à l’abandon au fin fond de Kentucky. Quand je l’ai épousé, il n’était pas comme ça, aujourd’hui c’est un plouc fan de sport et qui passe son temps dans un bar avec ses copains, annonça Carole d’un ton méprisant.

Carole avait un regard lointain, comme si elle s’imaginait ailleurs, dans une autre vie, celle de la femme qu’elle aimerait être. Elle n’était plus cette femme entreprenante et dynamique, elle avait plus l’impression de errer sans fin en idéalisant sa vie.

— Tu sais ma chérie, ma vie n’est pas très palpitante non plus. Chuck n’est jamais là, les enfants sont épuisants, je trouve mon bonheur ailleurs, tu devrais en faire autant.

— Que veux-tu dire ? Refaire une nouvelle vie ? interrogea Carole intriguée.

— Pas forcément, mais tu peux te trouver une échappatoire occasionnelle ! suggéra son amie avec un regard coquin.

— Tu veux dire coucher avec d’autres hommes, annonça Carole à voix basse, presque gênée.

Annick acquiesça de la tête avec une certaine fierté. Elle lui montra la photo d’un homme au charme certain sur son téléphone.

— Il s’appelle Théry et il est architecte, je le fréquente depuis quelques mois maintenant, et je me sens mieux ! Nous cherchons une autre personne pour des jeux entre adultes consentants.

— Je me vois mal m’immiscer entre vous, il doit être marié, je suppose.

— C’est sa femme qui a proposé, il y a un club libertin sur Fontaine Street, elle aime ce genre d’endroit. Et je dois t’avouer que c’est très excitant !

Carole imaginait mal son amie se livrer à de telles extravagances. Mais l’idée de prendre du bon temps, ne penser qu’à elle ne lui déplaisait pas.

— Imagine, entre deux vols, hop une récréation ! Ton mari est tellement ailleurs qu’il ne captera rien, vous ne baisez plus, je suppose ?

— M’en parle pas, lui il est toujours partant, c’est moi qui ne veux pas. Il me dégoûte, alors parfois je cède pour flatter son égo. Heureusement je pars bientôt, mais les enfants vont me manquer.

On sentait une profonde tristesse dans sa voix, du chagrin mélangé à du remords. D’ici peu elle allait être confrontée à un choix…


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