
Nathalie Guillaume
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Œuvres
Les terrils, c’était l’aventure. Celui de chez ma grand-mère, chez qui je vivais quatre jours par semaine, et celui de ma mère, le reste du temps. Leur présence magnétique me rassurait, m’attirait aussi. Chez ma mère, ces reliefs m’offraient paysages et horizons, précieux face à l’uniformité des blocs de la cité. Aujourd’hui, les occasions de contempler des terrils se font rares pour moi. Je fais l’hypothèse que ma ville et l’empreinte de son passé minier m’ont permis de ne pas vaciller. De cette époque, j’avais gardé un objet précieux à mes yeux : une lampe de mineur. Celle de mon grand-père, que la silicose m’avait empêchée de connaître. Elle partage une table basse avec une dizaine de plantes vertes. Marqueur indélébile d’une histoire familiale douloureuse. La mine avait volé son mari à ma grand-mère, mais aussi un frère, dans une catastrophe devenue deuil national, un été de 1956. La lampe, je ne lui jetais qu’un regard discret lors de l’arrosage hebdomadaire. Et un matin, un appel de ma fille Julie. Elle attendait pour un entretien d’embauche, et j’entendis, au son de sa voix, qu’elle avait déjà rongé tous ses ongles. Elle paniquait, devait aller remettre de l’argent dans le p
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De Nathalie Clin 16 mai. (Il y a 3 jours) À changementdenom@just.fgov.be Objet : Demande de renseignements Madame, Monsieur, J’imagine que vous devez souvent recevoir des messages de Connard ou Crétin, peu en phase avec leur patronyme puisque votre service a le pouvoir de changer leurs noms, de les transformer en Collard ou Crépin. Personnellement rien de semblable. J’ai passé une bonne partie de ma vie avec mon nom. Je n’ai pas subi de moqueries particulières. C’est un nom assez passe-partout, bien que sa graphie m’oblige à l’épeler. Phonétiquement, c’est [klᴈ]. [klᴈ] écrit CLAIN : en ancien français, c’est un cri, une plainte. En droit, une action en justice, une demande officielle pour réclamer quelque chose. Mais là, il y avait urgence : les Cantonaux, grandes épreuves communes de fin d’année pour les belges de onze ans, seraient pour juin. J'ai dû m'habituer à l'écrire. J’ai eu du mal. Comprenez : j’avais de l’élan quand je commençais la courbe du G de Guillaume. Puis du jour au lendemain, arrivée au niveau le plus bas de la lettre, en touchant la ligne du quadrillage de ma feuille, cette ligne qui semblait m’indiquer le droit chemin, je devais arrête
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Pour les habitués, ma grand-mère n’était pas madame Monard, encore moins bobonne : elle était madame Welby. De 1975 à 1979, juste après le tintement des clochettes de la porte d'entrée du magasin, j’entendais sur tous les tons possibles un Bonjour madame Welby. De 1975 à 1979, juste après le tintement des clochettes de la porte d'entrée du magasin, j’entendrais sur tous les tons possibles un Bonjour madame Welby. Quand quelqu’un entrait et que j’étais seule à faire du tricycle dans mon labyrinthe de bacs d’eau, de bière ou mes nuages de papier toilette, je stoppais net et je criais, d’une voix que je voulais sérieuse, maaaadame Weeeeeelby, et ma grand-mère arrivait en riant. Je la faisais rire et ça me faisait rire que ça la fasse rire. Dans ces moments-là, je n’aurais jamais pensé à l’appeler bobonne parce que je savais que les clients venaient voir madame Welby, pas ma bobonne. Ma grand-mère allait être veuve quand elle avait pris la gérance du petit magasin de quartier. Les patrons voulaient un couple. Mon grand-père suffoquait de silicose, mais il avait fait le fort pour signer les papiers. Pendant son agonie, puis après sa mort, elle avait travaillé pour deux. Aujourd’hui, je
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Avec Les pages que je n'ai pas lues, Défi - J'aime quand il pleut ! (Nouvelles)...