Ivoire descendit rapidement les escaliers pour se rendre aux sous-sols, où l'attendait Maitre Oliv. Il était sévère et froid, son visage ne le trahissait jamais. Ses sourcils broussailleux, sa barbe pointue, ses habits foncés et toujours nets. Une légère odeur de cuivre, son parfum habituel. Tous les enfants imprudents ont déjà reçu la menace de leurs parents: "Tu vas voir Maitre Oliv si tu continues comme ça!"
D'où cela remonte t'il? Si longtemps. Si bien que de nombreux mystères pèsent sur lui: quel âge a t'il, est-il si méchant, immortel, a t'il une femme, des enfants?
Ainsi, Ivoire se dépêcha pour ne surtout pas être en retard. Elle posait ses mains le long des murs froids de pierre pour éviter de tomber, s'écorchant les doigts, ses pieds dansant avec agilité les escaliers à une vitesse folle.
Arrivée devant la porte, elle attendit quelques secondes, le temps de reprendre son souffle. Puis elle frappa trois coups à la porte de bois qui grinça presque aussitôt pour s'ouvrir lentement.
-Bonjour, entendit Ivoire dont les yeux commençaient peu à peu à s'habituer à la pénombre. Dans les sous sols, toutes les pièces étaient légèrement éclairées par des systèmes de tunnels qui parcouraient toute la cité pour clarifier et deshumidifier la partie sous-terraine de la ville.
-Bonjour maitre, répondit-elle simplement en s'installant sur son petit bureau d'étude. Ses yeux jettèrent un regard sur le parchemin posé sur celui-ci, qui allait être la leçon du jour. Comme d'habitude, elle devrait le lire silencieusement et il lui poserait des questions ensuite.
Il s'agissait d'une leçon d'Histoire. Ivoire connaissait très bien celle-ci, aussi était-elle étonnée de voir cela aujourd'hui. Peut-être souhaitait-il vérifier ses connaissances. Alors elle lit rapidement, en diagonale, sûre d'elle. Lui dans un coin de la pièce, l'observait. C'était un peu opressant quand on n'avait pas l'habitude d'être en sa présence, mais Ivoire oubliait cela en venant chaque jour. La jeune femme étendit ses jambes, décontractée, posa un coude sur le bureau pour faire semblant d'être sérieuse. Cela l'ennuyait.
-Bon, j'ai lu. Fit-elle assez rapidement. Lui releva légèrement la tête, fronça les sourcils.
-Déjà?
-Oui, on a déjà fait ça plein de fois. Mais je suis prête pour des questions.
Il caressa doucement sa barbe noire, réfléchissant à sa première question.
-Qui est le créateur de la cité d'Emerys?
-Aquann D'Amstraal. A la suite de la tempête il a décidé de s'installer dans une crevasse où il était protégé du vent. Peu à peu, ils ont creusé dans la roche pour installer les futurs habitants, les familles qui s'agrandissaient...
-Une tempête?
-Oui, la Grande Tempête qui déracinait tout sur son passage. La plupart des gens sont décédés. Certains ont survécu grace à différents stratégèmes, comme s'enfermer dans une cave, fuir sur le pan d'une montagne un peu protégée... Mais ça ne suffisait pas. Le vent était toxique. Aquann l'a vite compris et à décidé de fuir avec son village de l'époque.
-Bien. Comment est apparue cette tempête?
-On ne sait pas trop. Certains parlent d'un.. déréglement climatique, d'autres d'un déréglement du soleil. Des légendes évoquent aussi une expérience qui aurait mal tourné, mais nous n'avons pas vraiment la réponse et... le vent est toujours là.
Ivoire était habituée à cela, faisant partie de la génération à avoir vécu abritée. Mais les premiers humains à devoir se protéger pour ne rarement que sortir ont beaucoup souffert psychologiquement.
-N'as tu pas loupé quelque chose dans ce texte?
Ivoire resta un moment silencieuse. Il devait y avoir un piège, ce n'était pas une révision de l'histoire ordinaire. Maitre Oliv ne lui laissa pas le temps de relire.
-Tu es trop impulsive, tu as loupé la moitié du texte. Il se leva, fouilla un moment dans sa bibliothèque pour en sortir un livre abîmé, qu'il tint méticuleusement. Je t'ai laissé une copie car, comme tu le vois, ce livre est précieux et fragile. Il a été écrit par Aquaan lui même.
Tout en tenant le livre en ses mains, il observa attentivement Ivoire avant de reprendre:
-Il explique comment il a survécu. Il remarquait que, partout où il allait, le vent diminuait peu à peu, pour reprendre de plus fort dès qu'il partait de l'endroit d'où ils s'en allaient. Comme si autour d'eux, une bulle protectrice était créée. Il ne comprenait pas pourquoi, bien sûr.
Ivoire écoutait attentivement mais ne voyait pas réellement où son Maitre voulait en venir. Il poursuivit tout de même:
-"Nous étions au campement ce soir, tous fatigués, cachés dans une caverne profonde. Le vent ne s'y engouffrait pas mais quelques uns des hommes sont encore sous le coup du vent de la journée. Comme d'habitude: rires accentués, blagues lourdes, déconcentration. Comme s'ils avaient bu de l'alcool. Ils commençaient à marcher de façon étrange. Cette fois abrités ici, je n'ai pas fermé l'oeil pour observer. L'ancien forgeron Kêneth se leva, il était juste au bord de la grotte tandis que tous dormaient. Avec sa soeur, ils se mirent à discuter puis exécutèrent de grands gestes, aussi bien avec leurs pieds que leurs mains. Cela ressemblait à une sorte de rituel, j'en avais déjà vu par le passé mais c'était différent cette fois. Ils n'avaient pas d'eau pour travailler."
Maitre Oliv referma son livre et ses yeux se posèrent fixement sur son élève qui, cette fois, semblait réfléchir davantage. D'habitude, les rituels se font avec l'eau, sinon aucun effet n'allait se produire.
-Peut être qu'ils s'entrainaient, fit doucement Ivoire, songeuse.
-Peut être, répondit-il en se tournant vers son bureau. La leçon d'aujourd'hui était terminée.

Apna venait d'une cité ruche désolée, en perdition, en ruine pour ainsi dire. Ce n'est pas là bas qu'elle apprendrait la magie, de toute façon elle n'avait pas d'argent pour payer des parchemins, encore moins pour trouver un professeur.
Mais l'arrivée de cet AUSP changea la donne.
D'abord, il y a tous ces gens qui en possèdent qui cherchent des solution: Essayer de faire pousser les plantes plus vite pour nourrir rapidement les gens. D'accord. Solution envisagée: demander de l'aide à Atlantis. Non pas ce que cela ne lui passe pas plaisir, elle en était juste dégouttée. Autant elle détestait son père qui lui même détestait les atlantes, il semblerait pourtant qu'il s'agisse là de leur seul point commun.
Attirée par la magie et grace à cet petit outil de communication, elle accède à la tour de sorcellerie avec un but en tête: trouver une solution, un rituel afin de faire grandir des plantes plus rapidement.
Après un trajet mouvementé bien que la rencontre d'un dragon soit palpitante, elle arriva enfin devant cette fameuse tour où, avant de rencontrer la fameuse Luy Zenpachi, elle prit le temps d'acheter quelques parchemins et de les mémoriser. On ne sait jamais.
Une fois appris, elle entreprit cette fois d'entrer. L'achompte est impressionante, surtout pour une pauvre fille des cités ruches. Elle lui fait visiter rapidement la tour, quelques lieux de base, croise quelques novices de ci de là en n'osant pas même leur adresser un sourire, puis arrive enfin dans la fameuse bibliothèque. Il s'agit d'une pièce remplie de bureaux équipés en parchemins, plumes et encriers, qui semble bercée de respirations haletantes et de murmures infernaux. Parfois un fin ricanement ou le claquement sec d'une incantation retentit au loin. A l'un des bureaux s'affaire un petit diablotin violet au style crochu
- Le Chapitre. C'est ici que l'on rédige parchemins et ouvrages de sorcellerie. C'est ici que vous consignerez vos recherches. Zanax sera sous votre commandement.
A la mention de son nom, le diablotin cesse son travail et rejoint Apna, un large sourire aux lèvres en se frottant les mains. Zenpachi reprend:
- Il peut vous aider à trouver des ouvrages traitant des thèmes que vous recherchez ou tenter de trier les informations de ceux que vous lui confierez selon vos critères.

S'avançant vers le fond de la pièce, l'Archonte ouvre une porte qui débouche sur la bibliothèque aux rayonnages poussiéreux qui semblent démesurément infinis et déboucher sur les confins un monde immatériel.
En cette pièce occulte le temps n'a aucune prise et Apna ne sentira les progrès de la journée qu'à l'épuisement total de son énergie. Malgré tout, les heures défilent vite. Plusieurs vies seraient nécessaires pour découvrir la totalité des secrets dissimulés au sein de ces pages et enluminures parcheminées.

-Zanax sera également votre guide ici. Vous serez nourrie et logée le temps de vos recherches. Il vous montrera vos quartiers, alors évitez de le malmener. Adressez-vous à lui lorsque vous aurez terminé. Et ne vous aventurez pas dans les autres parties de la tour. Vous y resteriez. J'ai à faire, je retourne dans mes quartiers. Tâchez d'être efficace.

l'Archonte laisse une seconde s'écouler pour voir si Apna a une objection ou une question, sans quoi elle reprendra l'escalier pour monter.
Apna resta silencieuse tout du long. Concentrée, impressionnée à la fois. Elle se tourna vers Zanax.*

-Hm, bonjour, c'est possible de savoir où je pourrai poser mes affaires avant de commencer?

Elle lui montre son sac en tissu, contenant toute sa pauvre vie. A l'intérieur il ne doit y avoir qu'un collier, vestige de souvenirs d'enfance, un couteau pour.. manger la viande, quelques parchemins à l'étude. Tout sourire, il répondit d'une traite:
- Bonjour Boss! Le coin vous plaît?

Vous pouvez laisser vos affaires ici Boss. Mais vous pouvez aussi les faire enfermer dans un casier runé selon la dangerosité de ce qu'elles contiennent ou la peur que vous avez de les voir disparaître dans un incident magique. Tout dépend votre degré de préparation, Boss.

Vous pouvez souscrire à une assurance pour vous faire rembourser tout ou partie de vos biens selon la manière dont vous les aurez perdus, et à une assurance vie pour être ramenée par nécromancie en cas de décès inattendu. Avec un niveau de puissance évidemment proportionnel à la somme préalablement payée. Je peux aussi vous faire un tarif groupé pour simplifier les démarches, si on ajoute un contrat d'asservissement post-mortem pour améliorer le niveau de votre assurance.

Vous avez une préférence pour la couleur de signature des papiers, Boss?