Sur un astre lointain vivait une catin qui couchait avec des pantins. Elle était libre comme un tourbillon de poussière interstellaire voyageant sur les pétales d'une rose planétaire, belle comme la voie lactée, douce comme une étoile satinée. À ses amoureux, elle donna de la joie sans foi. La péripatéticienne n’aimait pas les souverains, et aux dieux hautains, elle préférait les soupirants urbains.
Le gîte de la douce catin se situait au-delà de la voûte céleste. Les soirées de sa maison de tolérance étaient une suite solennelle de fêtes. Chaque soir, les marionnettes venaient sur des fils d'airain témoigner les désirs d'un amour brûlant. À la tombée de la lune vermeil, le jeune Polichinelle, candide et sincère, venait, sur une chevelure d'ange dorée, raconter les délires champêtres d’un auxiliaire sans rival. Ce dernier était l'unique fils d’une mère martienne et d’un père terrestre. Il se nommait Être. Cette extravagante créature mi-auxiliaire mi-verbe était un virtuose passionné. Ardent à vouloir se confirmer, il agissait par la magie des mots.
Être avait la folle manie de vouloir marier les objets à des sujets. Son esprit était d'une complexité inouïe, capable d'analyser et de supporter les pires conjugaisons radicales de la vie. Toutefois, dans ces moments de solitude, il était incapable de transcender une certaine réalité, et au-delà de la vérité des choses, Être était un solitaire mélancolique. Dans le chaos de sa vie d'adulte, il occultait son corps tumulte. Être souffrait d'une effervescence dans son existence. Une excitation sans fin d'une âme en perpétuelle ébullition dans une chair suite de convulsions.
Par sa forme active/passive et son composé temporel, la magie de la vie mouvementée, d'un être aussi surdoué, attisait l'imagination du jeune pantin pour le pur bonheur de la belle catin.
Seulement voilà que les dieux étaient jaloux comme des tigres et se prenaient pour des fous. Ils en voulaient à la divinité de la fille de joie. Ainsi, dans un moment d’aveuglement, les dieux en colère, envoyèrent dans le cœur de la catin de velours, l'amour du ténébreux Être. Ils la jetèrent dans une bobine-en-ciel rejoindre la misérable planète Terre. C’est ainsi que commença un long et discret voyage solitaire d’une sainte mer...