La rame de métro entra dans la station dans un bruit sourd et un crissement de pneus. Une légère odeur de brûlé flotta alors dans l'air se mêlant aux autres effluves indéterminées qui formaient cette odeur si caractéristique du métro parisien.
John était assis-là comme tous les matins depuis deux mois, son barda posé à ses pieds, ses mains grattant nonchalamment sur sa guitare hors d'âge. Quel meilleur poste d'observation que celui-là ? Il aurait pu se mettre en terrasse de l'un des nombreux cafés que comptait la capitale mais il n'avait pas suffisamment d'argent pour se payer un espresso hors de prix.
Au lieu de quoi, il était là et regardait. Il regardait le ballet incessant de ceux qui montaient et descendaient de la rame toutes les deux minutes, petites fourmis laborieuses pressées d'arriver sur leur lieu de travail. Il y avait les fourmis élégantes, les débraillées, les affairées ou au contraire les endormies, les bavardes et les mutiques, les joyeuses et les abattues formant un patchwork fascinant et sans cesse renouvelé de l'espèce humaine, jour après jour.