Aujourd'hui est un joli mot, chronique (08/24)

de Image de profil de Richard Gildas Richard Gildas

Avec le soutien de  Mac Aroni 
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Ainsi les fronts se suivent sans se ressembler. Qu’ils soient national, populaire, sanitaire, républicain, qu’ils revêtent les atours de la nouveauté ou qu’ils se drapent sous le bonnet phrygien, les fronts se conjuguent à l’imparfait du présent. Quatre-vingt huit ans après, le Nouveau Front Populaire a le mérite d’avoir rassemblé tout un peuple qui aspire, encore et toujours, à ce qui constitue l’idéal ancré dans le granit de nos frontons de mairies. Des mots comme des promesses, tout faire pour que chacun ait une place, qu’il soit noir ou blanc, à plumes, à poils, puissants ou misérables. Se peut-il qu’encore aujourd’hui un gouvernement change les vies ? Leur donne le sel et l’éclat d’une perspective nouvelle, déride les visages creusés par la fatalité des jours qui se répètent, tristes de gris. Assurément, oui. Depuis de trop longues années, les lendemains qui chantent pointent les logements comme des passoires, les déserts en campagnes, les femmes et hommes en voie de disparition, qui des facteurs et des boulangers, qui des médecins et des gardes-champêtres, qui des cuisiniers et des maitresses. Tous manquent à l’appel, tous connus et reconnus comme professionnels de la première ligne. Une urgence, pour que des vies devant soi ne soient pas une ornière, une galère, le risque d’y rester, enlisés à jamais dans le besoin et la petite mort qui s’en vient. Mais qu’il est loin l’été 36 et sa révolution ! Le projet d’alors alliait l’ordinaire des jours et le miracle, le mieux des conditions de vie et le sens de celle-ci. Comment encore l’imaginer d’ailleurs, la vie d’alors ? Les monuments aux morts étaient déjà là mais on tressaillait devant la stèle, tant les morts étaient si proches, si frères et pères. Combien d’années faut-il pour que les cendres d’une guerre reposent ? C’étaient encore le cœur lourd et les peines à jamais. Et la vie d’un laborieux d’alors, en a-t-on idée ? Simple, y avait l’école jusqu’à 12 ans et puis après le boulot jusqu’à la fin de ses jours, à raison de 8 heures à bûcher, suer, essorer ou boulonner. Mais fallait pas compter ! Six jours d’affilée puisque le septième était pour le bon dieu. L’idée de loisir n’existait pas, même en rêve. Alors voilà, avec les textes de Léo Lagrange, Blum a introduit une vision de l’homme, une vision de la vie, un style de vie. La politique d’alors, c’était autre chose Môssieur ! D’un coup d’un seul, on changeait radicalement la vie : le temps de l’école qui allait s’allonger petit à petit jusqu’à 14 piges, le temps du travail avec une semaine de deux dimanches et, surtout, douze jours qui appartenaient soudainement au travailleur et à lui seul. Et l’ambition politique se traduisait avec des mots dont on se demande comment on les a perdus au fil des septennats. Notre objectif, annonçait en 36 le Sous-Secrétaire d’Etat aux Sports et à l’Organisation des Loisirs, consiste à recréer le sens de la joie et celui de la dignité. Il faut mettre à la disposition des masses toutes les espèces de loisirs. Que chacun choisisse. Il faut ouvrir toutes les routes afin que chacun puisse participer au jeu libre et équitable de la démocratie.

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