Suivez, soutenez et aidez vos auteurs favoris

Inscrivez-vous à l'Atelier des auteurs et tissez des liens avec vos futurs compagnons d'écriture.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
Image de profil de null

SECON DINA

Je sais que le sommet, tu ne l'as atteint réellement qu'une fois en bas

Elisabeth Revol

241
œuvres
217
défis réussis
1442
"J'aime" reçus

Œuvres

Défi
SECON DINA


Numéro six : Colère
Je m’appelle Numéro Six ou Colère. C’est selon. Je tiens en respect mes cinq sœurs, Avarice, Luxure, Envie, Gourmandise, Paresse et mon frère Orgueil. Respectivement Numéros 2, 3, 4, 5, 7, et 1.
Parce qu’ici aussi, vous l’aurez compris, il n’y a qu’un mâle mais il est premier de la classe et c’est lui qui commande, d’ailleurs entre filles, on dit de lui qu’il ne se sent plus pisser, son arrogance et sa suffisance sont aussi grandes que sa fierté démesurée.
Nos parents sont de braves professeurs descripteurs de société qui n’ont de cesse de classer chaque individu dans une catégorie. D’où nos prénoms bien sûr :
Orgueil est né en conquérant, personne n’a pu se préparer à son arrivée.
Il a fallu aller arracher Avarice aux forceps parce qu’elle ne voulait pas gaspiller son énergie.
Luxure a eu un premier regard lubrique parait-il, mais cela me semble peu plausible.
Envie a fait un fait son méconium avant d’hurler, ce qui a semblé suspect à tout le corps médical présent.
On a entendu dans le cri de Gourmandise un besoin de téter mais je pense qu’il s’agissait plutôt de jalousie à cause de son joli minois.
Moi, j’ai crié, crié, CRIÉ, il parait que j’ai mis des heures avant de m’arrêter, j’ai cassé les oreilles à tout le monde, j’étais écarlate, une vraie petite Lilith.
Et ma sœur paresse, ils ont été obligés de lui chanter des refrains, de lui promettre monts et merveilles, et de l’attirer avec milles douceurs pour qu’elle daigne se présenter, enfin, au bout de 10 heures, avec ses fesses en premier pour bien les emmerder.
Voilà pour la présentation de la famille LÉSSETTEPÉCHÉCAPITO. Ça fait pas rêver, pas vrai !
Moi, je vous disais, je m’appelle Numéro Six et ma force c’est de pouvoir signaler les problèmes, les crier à la face du monde quoi. Bon j’ai souvent raison, en fait j’ai toujours raison comme dirait Louise Attaque. Je sais défendre ce qui a de la valeur pour moi-même et pour ceux que j’aime. Et personne ne me marche sur les pieds car je sais être agressive quand il le faut. Et sacrement agressive si je veux. Mais je suis plus maligne que ça. En grandissant et en m’affrontant à Orgueil un max de fois, j’ai développé une magie :
Je sais poser mille limites pour éviter les combats inutiles. En effet les pertes d’énergie consécutives à mes séances d’agressivité sont impressionnantes et j’ai tout intérêt à être stratège pour survivre longtemps. Colère oui mais pas complètement idiote, quand même. Je vous le disais j’ai toujours raison.
Et je vous le rappelle, je suis La Raison de la survie de l’espèce, sans moi, on aurait tous été dévorés, orgueilleux et autres paresseuses-envieuses-et cetera.
11
5
0
2
Défi
SECON DINA


Je sais bien que cette peur-là est une peur d’enfant, mais son nom est tout sauf enfantin, l’achluophobie.
Et la sensation qu'elle diffuse dans mes veines est bien au delà de la frayeur, elle est la frayeur.
Quand j’étais petite fille, ma grande sœur s’amusait à me faire hurler en éteignant simplement l’interrupteur de notre chambre commune quand je me trouvais au milieu de la pièce. Elle rallumait en soufflant et en ricanant :
- Oh, là, là tu n’as qu’à faire un pas pour allumer, faut pas exagérer quand même !
- Tu verras quand je te ferai manger une araignée avec ses pattes poilues, t’auras qu’un pas à faire pour ne pas croquer dedans, faudra pas exagérer quand même !
Je retrouvais illico presto ma prestance de sale gosse dés que la lumière fusait.
Et je devenais le cri de Munch en une fraction de seconde dès que l’obscurité m’enveloppait de ses bras de fantômes. Faut vous dire que les ombres sont nombreuses dans le noir de la nuit, les morts aussi sont tous là et les âmes trucidées et humiliées cherchent avec tout le désespoir perdu une vivante ou un vivant capable de les entendre pour enfin mourir pour de bon.
Et moi, j’étais (et je suis toujours d’ailleurs) cette vivante-là, celle qui voit ceux qui n’en finissent pas de mourir derrière les murs, qui entend les râles et les supplications, les appels au secours, qui ressent les pressions des doigts des squelettes démantibulées, qui touchent l’horreur du bout des lèvres. Atroce ! Imaginez les souffles et les secrets que j’entends chuchotés dès que l’opacité m’enveloppe, imaginez et criez avec moi, vous n’aurez pas le choix.
Mes parents, au début, ont haussé les épaules et puis les cris horribles qui sortaient de ma bouche ont gagné.
- Docteur, elle nous fiche la frousse la petite, vous pensez qu’elle est folle ?
- Je ne pense pas, c’est plutôt courant à cet âge là.
- Oui mais sa sœur n’est pas du tout comme ça.
- Voyez vous, elle est plus sensible et plus…comment dirais-je imaginative. Quand elle vit quelque chose de terrible, d’effrayant, l’amygdale enregistre tout. Puis à chaque épisode dans le noir, l’enregistrement se réactive et la peur revient. Et peut-être plus forte à chaque fois.
- Que pouvons nous faire ?
- Il y a des thérapies comportementales qui donnent de bons résultats, il s’agit de se confronter petit à petit à la peur pour l’apprivoiser en quelque sorte.
- Ah non alors, moi je veux pas, j’ai dit à ce médecin de malheur. Je ne veux pas apprivoiser cet animal là, jamais, vous m'entendez, jamais !
Je n’ai pas voulu, j’ai résisté. Je ne sais pas comment cela a été possible. Les morts, aussi terrifiants qu'ils étaient, m'avaient appris la détermination et à croire à mes intuitions.
Aujourd’hui, je ne suis plus une enfant. La peur est toujours là et n’a pas perdu de son intensité. J’ai tenté un « rebirth », et une renaissance abominable a surgi du passé : j’aurais été un garçon de huit ans en 1941 dans le ghetto de Varsovie…
6
6
3
2
Défi
SECON DINA

Alors bon je vous décris le délire. Mais tout d'abord je vais me dresser un petit portrait.
Je suis la reine des réunions, j'en organise des kilos de créneaux. J'anime, je suis la maîtresse du temps, je recadre quand ça part en crabe, je synthétise quand l'heure défile, je détends l'atmosphère si les scuds fusent, je recentre si ça part en vrille, je donne rendez-vous pour la prochaine réunion à moins deux minutes de la fin, je remercie. Et hop je passe à la suivante.
Seulement voilà, hier, j'arrive rassasiée de certitudes devant la pièce 237 du 4ème étage pour une réunion de suivi QVT. Personne. Qualité de Vie au Travail d'accord mais pas Ponctualité au Travail pour ceux là, je rifougne en pensant à la réunion PT que je pourrais diriger à la place.
J'attends, seule, pas un chat. Bizarre, je me dis, et ce numéro, tiens, c'est bien la chambre 237 dans Shining, bizarre, je frisonne. J'appelle Thierry, un participant qui me dit en reprenant son souffle "On...euh...arrive, on est restés coincés dans l'ascenseur. Un gars a fait une crise de panique, je lui ai filé une beigne euh... je l'ai giflé pour qu'il se calme parce qu'il hurlait et que ça faisait monter la tension à tout le monde...et puis ça s'est débloqué. Après on a appelé les pompiers".
Je souffle en l'attendant et je regarde la porte devant moi. Je vois... le chiffre 217.
J'ai pas le temps de perplexifier, le groupe arrive, hilare et rougi d'émotions et de situations cocasses à raconter. Je compatis deux secondes, je canalise, le préposé aux badges ouvre la porte et nous nous engouffrons tous dans la pièce 237/217.
A l'intérieur, pas une fenêtre, pas une ouverture, rien. Quatre murs pleins couleur indéfinie entre le beige et le jaunasse. Et une porte. Basta. Une pièce borgne. De penser cela me donne un coup au foie, pourquoi borgne, je me dis, borgne comme une personne, comme si la pièce était une entité vivante ou comme un hotel borgne, malfamé, dangereux... J'inspire avec peine et fixe mon regard sur une immense table au milieu avec des chaises alignées autour comme autant d'adeptes sataniques. Un serrement immédiat au cou et une chaleur diffuse me monte du ventre tel un petit volcan. Pour la première fois depuis trois ans, je bafouille. On me regarde avec de droles d'yeux chafouins. Thierry s'approche de moi et me demande si je me sens bien et je l'entends de très loin. Soudain j'ai peur qu'il me file une de ces beignes dont il a le secret. Je fais oui de la tête. Et il part s'assoir en face de moi de l'autre côté de la table.
Les murs se rapprochent, une sensation de malaise se diffuse dans mes veines à l'allure d'un poison foudroyant, et plus je veux m'éloigner de cette idée, plus elle enfle pour me dévorer vivante.
Je m'assieds et je fais vite une petite série de respirations 4 X 4 (Inspire 4 secondes retient, expire 4 secondes bloque) pendant que le groupe s'installe en raclant les chaises, en échangeant encore à grand renfort de rires et en éteignant les portables. Je demande à Thierry de lancer la réunion, d'appeler par zoom les lointains, car je viens de recevoir un appel imaginaire super urgent et je sors de la salle de réunion en quatrième vitesse.
Dans le couloir je tente de me raisonner. Mon oeil est attiré par le numéro de la pièce. 237.
J'entends un bruit, je bloque ma respiration, je n'arrive pas à rentrer de nouveau pour demander de l'aide, je me souviens de Jack Torrance/Nicholson quand il entre dans la chambre 237. Les murs vont m'engloutir, je vais voir une sorcière avec des lambeaux de chairs putréfiés. Que puis-je faire, dire, penser, respirer ?
Je me laisse couler contre le mur et je me frotte la gorge pour faire entrer un peu d'air.
Thierry sort de la pièce, j'ai l'impression que c'est lui et que ce n'est plus lui. Il est plus grand, si... différent. Il me regarde avec un petit air triste et cruel. Je me dis que quelque chose cloche, Je sens qu'il diffuse quelque chose comme de la peur, il s'approche et tend la main, une main décharnée dont il ne reste que les os. Je m'évanouis à ce moment là...
Et me réveille entourée de 2 pompiers attentionnés qui me disent " Vous êtes la 2ème personne à faire une crise de panique à cet étage. C'est étonnant, non ?"
Non
10
5
21
3

Questionnaire de l'Atelier des auteurs

Pourquoi écrivez-vous ?

Pour respirer.
0