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SECON DINA

Défi
SECON DINA


Numéro six : Colère
Je m’appelle Numéro Six ou Colère. C’est selon. Je tiens en respect mes cinq sœurs, Avarice, Luxure, Envie, Gourmandise, Paresse et mon frère Orgueil. Respectivement Numéros 2, 3, 4, 5, 7, et 1.
Parce qu’ici aussi, vous l’aurez compris, il n’y a qu’un mâle mais il est premier de la classe et c’est lui qui commande, d’ailleurs entre filles, on dit de lui qu’il ne se sent plus pisser, son arrogance et sa suffisance sont aussi grandes que sa fierté démesurée.
Nos parents sont de braves professeurs descripteurs de société qui n’ont de cesse de classer chaque individu dans une catégorie. D’où nos prénoms bien sûr :
Orgueil est né en conquérant, personne n’a pu se préparer à son arrivée.
Il a fallu aller arracher Avarice aux forceps parce qu’elle ne voulait pas gaspiller son énergie.
Luxure a eu un premier regard lubrique parait-il, mais cela me semble peu plausible.
Envie a fait un fait son méconium avant d’hurler, ce qui a semblé suspect à tout le corps médical présent.
On a entendu dans le cri de Gourmandise un besoin de téter mais je pense qu’il s’agissait plutôt de jalousie à cause de son joli minois.
Moi, j’ai crié, crié, CRIÉ, il parait que j’ai mis des heures avant de m’arrêter, j’ai cassé les oreilles à tout le monde, j’étais écarlate, une vraie petite Lilith.
Et ma sœur paresse, ils ont été obligés de lui chanter des refrains, de lui promettre monts et merveilles, et de l’attirer avec milles douceurs pour qu’elle daigne se présenter, enfin, au bout de 10 heures, avec ses fesses en premier pour bien les emmerder.
Voilà pour la présentation de la famille LÉSSETTEPÉCHÉCAPITO. Ça fait pas rêver, pas vrai !
Moi, je vous disais, je m’appelle Numéro Six et ma force c’est de pouvoir signaler les problèmes, les crier à la face du monde quoi. Bon j’ai souvent raison, en fait j’ai toujours raison comme dirait Louise Attaque. Je sais défendre ce qui a de la valeur pour moi-même et pour ceux que j’aime. Et personne ne me marche sur les pieds car je sais être agressive quand il le faut. Et sacrement agressive si je veux. Mais je suis plus maligne que ça. En grandissant et en m’affrontant à Orgueil un max de fois, j’ai développé une magie :
Je sais poser mille limites pour éviter les combats inutiles. En effet les pertes d’énergie consécutives à mes séances d’agressivité sont impressionnantes et j’ai tout intérêt à être stratège pour survivre longtemps. Colère oui mais pas complètement idiote, quand même. Je vous le disais j’ai toujours raison.
Et je vous le rappelle, je suis La Raison de la survie de l’espèce, sans moi, on aurait tous été dévorés, orgueilleux et autres paresseuses-envieuses-et cetera.
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Défi
SECON DINA


Je sais bien que cette peur-là est une peur d’enfant, mais son nom est tout sauf enfantin, l’achluophobie.
Et la sensation qu'elle diffuse dans mes veines est bien au delà de la frayeur, elle est la frayeur.
Quand j’étais petite fille, ma grande sœur s’amusait à me faire hurler en éteignant simplement l’interrupteur de notre chambre commune quand je me trouvais au milieu de la pièce. Elle rallumait en soufflant et en ricanant :
- Oh, là, là tu n’as qu’à faire un pas pour allumer, faut pas exagérer quand même !
- Tu verras quand je te ferai manger une araignée avec ses pattes poilues, t’auras qu’un pas à faire pour ne pas croquer dedans, faudra pas exagérer quand même !
Je retrouvais illico presto ma prestance de sale gosse dés que la lumière fusait.
Et je devenais le cri de Munch en une fraction de seconde dès que l’obscurité m’enveloppait de ses bras de fantômes. Faut vous dire que les ombres sont nombreuses dans le noir de la nuit, les morts aussi sont tous là et les âmes trucidées et humiliées cherchent avec tout le désespoir perdu une vivante ou un vivant capable de les entendre pour enfin mourir pour de bon.
Et moi, j’étais (et je suis toujours d’ailleurs) cette vivante-là, celle qui voit ceux qui n’en finissent pas de mourir derrière les murs, qui entend les râles et les supplications, les appels au secours, qui ressent les pressions des doigts des squelettes démantibulées, qui touchent l’horreur du bout des lèvres. Atroce ! Imaginez les souffles et les secrets que j’entends chuchotés dès que l’opacité m’enveloppe, imaginez et criez avec moi, vous n’aurez pas le choix.
Mes parents, au début, ont haussé les épaules et puis les cris horribles qui sortaient de ma bouche ont gagné.
- Docteur, elle nous fiche la frousse la petite, vous pensez qu’elle est folle ?
- Je ne pense pas, c’est plutôt courant à cet âge là.
- Oui mais sa sœur n’est pas du tout comme ça.
- Voyez vous, elle est plus sensible et plus…comment dirais-je imaginative. Quand elle vit quelque chose de terrible, d’effrayant, l’amygdale enregistre tout. Puis à chaque épisode dans le noir, l’enregistrement se réactive et la peur revient. Et peut-être plus forte à chaque fois.
- Que pouvons nous faire ?
- Il y a des thérapies comportementales qui donnent de bons résultats, il s’agit de se confronter petit à petit à la peur pour l’apprivoiser en quelque sorte.
- Ah non alors, moi je veux pas, j’ai dit à ce médecin de malheur. Je ne veux pas apprivoiser cet animal là, jamais, vous m'entendez, jamais !
Je n’ai pas voulu, j’ai résisté. Je ne sais pas comment cela a été possible. Les morts, aussi terrifiants qu'ils étaient, m'avaient appris la détermination et à croire à mes intuitions.
Aujourd’hui, je ne suis plus une enfant. La peur est toujours là et n’a pas perdu de son intensité. J’ai tenté un « rebirth », et une renaissance abominable a surgi du passé : j’aurais été un garçon de huit ans en 1941 dans le ghetto de Varsovie…
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Défi
SECON DINA

Alors bon je vous décris le délire. Mais tout d'abord je vais me dresser un petit portrait.
Je suis la reine des réunions, j'en organise des kilos de créneaux. J'anime, je suis la maîtresse du temps, je recadre quand ça part en crabe, je synthétise quand l'heure défile, je détends l'atmosphère si les scuds fusent, je recentre si ça part en vrille, je donne rendez-vous pour la prochaine réunion à moins deux minutes de la fin, je remercie. Et hop je passe à la suivante.
Seulement voilà, hier, j'arrive rassasiée de certitudes devant la pièce 237 du 4ème étage pour une réunion de suivi QVT. Personne. Qualité de Vie au Travail d'accord mais pas Ponctualité au Travail pour ceux là, je rifougne en pensant à la réunion PT que je pourrais diriger à la place.
J'attends, seule, pas un chat. Bizarre, je me dis, et ce numéro, tiens, c'est bien la chambre 237 dans Shining, bizarre, je frisonne. J'appelle Thierry, un participant qui me dit en reprenant son souffle "On...euh...arrive, on est restés coincés dans l'ascenseur. Un gars a fait une crise de panique, je lui ai filé une beigne euh... je l'ai giflé pour qu'il se calme parce qu'il hurlait et que ça faisait monter la tension à tout le monde...et puis ça s'est débloqué. Après on a appelé les pompiers".
Je souffle en l'attendant et je regarde la porte devant moi. Je vois... le chiffre 217.
J'ai pas le temps de perplexifier, le groupe arrive, hilare et rougi d'émotions et de situations cocasses à raconter. Je compatis deux secondes, je canalise, le préposé aux badges ouvre la porte et nous nous engouffrons tous dans la pièce 237/217.
A l'intérieur, pas une fenêtre, pas une ouverture, rien. Quatre murs pleins couleur indéfinie entre le beige et le jaunasse. Et une porte. Basta. Une pièce borgne. De penser cela me donne un coup au foie, pourquoi borgne, je me dis, borgne comme une personne, comme si la pièce était une entité vivante ou comme un hotel borgne, malfamé, dangereux... J'inspire avec peine et fixe mon regard sur une immense table au milieu avec des chaises alignées autour comme autant d'adeptes sataniques. Un serrement immédiat au cou et une chaleur diffuse me monte du ventre tel un petit volcan. Pour la première fois depuis trois ans, je bafouille. On me regarde avec de droles d'yeux chafouins. Thierry s'approche de moi et me demande si je me sens bien et je l'entends de très loin. Soudain j'ai peur qu'il me file une de ces beignes dont il a le secret. Je fais oui de la tête. Et il part s'assoir en face de moi de l'autre côté de la table.
Les murs se rapprochent, une sensation de malaise se diffuse dans mes veines à l'allure d'un poison foudroyant, et plus je veux m'éloigner de cette idée, plus elle enfle pour me dévorer vivante.
Je m'assieds et je fais vite une petite série de respirations 4 X 4 (Inspire 4 secondes retient, expire 4 secondes bloque) pendant que le groupe s'installe en raclant les chaises, en échangeant encore à grand renfort de rires et en éteignant les portables. Je demande à Thierry de lancer la réunion, d'appeler par zoom les lointains, car je viens de recevoir un appel imaginaire super urgent et je sors de la salle de réunion en quatrième vitesse.
Dans le couloir je tente de me raisonner. Mon oeil est attiré par le numéro de la pièce. 237.
J'entends un bruit, je bloque ma respiration, je n'arrive pas à rentrer de nouveau pour demander de l'aide, je me souviens de Jack Torrance/Nicholson quand il entre dans la chambre 237. Les murs vont m'engloutir, je vais voir une sorcière avec des lambeaux de chairs putréfiés. Que puis-je faire, dire, penser, respirer ?
Je me laisse couler contre le mur et je me frotte la gorge pour faire entrer un peu d'air.
Thierry sort de la pièce, j'ai l'impression que c'est lui et que ce n'est plus lui. Il est plus grand, si... différent. Il me regarde avec un petit air triste et cruel. Je me dis que quelque chose cloche, Je sens qu'il diffuse quelque chose comme de la peur, il s'approche et tend la main, une main décharnée dont il ne reste que les os. Je m'évanouis à ce moment là...
Et me réveille entourée de 2 pompiers attentionnés qui me disent " Vous êtes la 2ème personne à faire une crise de panique à cet étage. C'est étonnant, non ?"
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Défi
SECON DINA

Elle regarde ses mains, voit les fines lignes qui sont des rivières de vie, les longs doigts qui partent en exploration, les ongles qui poussent inlassablement.
Elle regarde ses mains élégantes et raffinées, Minmond, et se dit qu'elle ne comprend pas pourquoi on dit d'elle qu'elle est un monstre.
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Défi
SECON DINA

Je me permets de prendre la souris (ça me plait surtout quand elles sont bien aplaties) pour répondre au questionnaire à la place de SECON DINA
1. Comment te décrirais-tu en quelques mots ? Je suis une tigrée européenne, fourrure grise rayée noire, ventre roux, yeux verts en amande, griffes acérées aux arbres de belle facture, crocs dont je me sers de temps à autre pour faire régner l’ordre sur mon territoire
2. Quel est ton prénom ? Iris
3. Où es-tu né(e) ? Nul ne le sait
4. Quel est ton passe-temps favori ? Courir après tout ce qui bouge, faire des sauts acrobatiques de max hauteur en vue des JO félins 2024, torturer des lézards imprudents et faire pschhiittt à mon cousin de voisin qui de temps à autre essaie de me grapiller du terrain
5. As-tu des frères et sœurs ? Si oui, combien ? Nul ne sait, pourtant j’ai entendu SECON DINA dire que je venais d’une portée. Une portée de quoi, nul ne le sait
6. As-tu des animaux de compagnie ? Des tas d'animaux en peluche qui font office de...
7. Quelle est ta couleur préférée ? Vert
8. Qu'est-ce qui te passionne le plus dans la vie ? La chasse
9. As-tu un plat préféré ? Les tranches de chaipaquoi que l'on me coupe en petits filets
10. Quel est ton film préféré ? Faut qu'ça bouge ou qu'ça bouge pas
11. Quelle est ta série préférée ? NCIS
12. Quelle est ton émission télévisée préférée ? Faut qu'ça bouge ou qu'ça bouge pas
13. Quel est ton livre préféré ? La course au mouton sauvage d'Haruki Murakami parce que le narrateur a un chat qu'il aime beaucoup mais qui n'a pas de nom, finalement il est appelé Sardine par quelqu'un qui va le garder. Bon faut le lire le bouquin, je vais pas tout vous expliquer non plus.
14. Quel est ton auteur / autrice préféré(e) ? Karine Giebel
15. Quelles sont tes qualités principales ? Fidélité, Soupe au lait (j'adore), Supra collante
16. Quelles sont tes faiblesses ou tes points à améliorer ? Des points ? je ne vois que des cibles
17. Quelle est ta devise ou ta citation préférée ? De Didier Van Cauwelaert " Tout a un sens, pour peu qu'on ait un but "
18. Préfères-tu le thé ou le café ? Leté ou lecaffé, connais pas.
19. Comment passes-tu tes week-ends ? à chasser pardi
20. As-tu des talents cachés ? Je pressens l'avenir, mais je ne donne pas ma langue au...
21. Qu'est-ce qui t'inspire dans la vie ? Regarder les humains
22. Quelle est ta saison préférée ? Le printemps, même si c'est dangereux, y'a des odeurs, mama mia, et des chants de volants, oh là là, et les gars même coupés qui deviennent ceux du genre à chercher des noises alors qu'ils étaient ceux du genre à se la couler douce sur le canap.
23. Aimes-tu voyager ? Si oui, quelle est ta destination préférée ? Je ne comprends pas ce que veut dire voyage, voyage...et jamais ne reviens, ben ça encore moins
24. Quelle est ta chanson préférée ? Au Mont Sans-Souci, Jean-Louis Murat, je crois
25. Préfères-tu les chiens ou les chats ? D'après toi ?
26. Quelle est la chose la plus précieuse pour toi ? La tranquillité
27. Préfères-tu la montagne ou la mer ? La mertagne (cf réponse de @FannyO2R@)
28. Es-tu plutôt du matin ou du soir ? Ni l'un ni l'un
29. Aimes-tu cuisiner ? Si oui, quel est ton plat préféré à préparer ? Cuisiner c'est torturer non ?
30. Préfères-tu lire ou regarder des films ? Regarder SECON DINA lire me ravit
31. As-tu des projets personnels ou professionnels dont tu es fier(ère) ? Avoir réussi mon adoption
32. As-tu des croyances ou des valeurs qui te sont chères ? Ne compter que sur ses griffes
33. Préfères-tu le sport ou la lecture ? La chasse pardi
34. Comment te vois-tu dans 10 ans ? En lecture non stop sur les genoux de SECON DINA
35. Quelles sont tes habitudes matinales ? Où sont mes croquettes ?
36. Préfères-tu la ville ou la campagne ? Campagne campagne campagne
37. Quel est ton parfum de glace préféré ? Yaourt
38. Comment définis-tu le succès ? La chasse amène la proie
39. As-tu des personnes qui t'inspirent ? Ceux qui m'entourent
40. Préfères-tu sortir avec des amis ou rester à la maison ? Autour de la maison
41. As-tu des compétences particulières que peu de gens connaissent ? 3ème œil
42. Quelle est ta plus grande peur ? L'embuscade
43. Quelle est ta plus grande réussite jusqu'à présent ? L'embuscade
44. Qu'est-ce qui te rend heureux(se) ? La chasse, l'embuscade et l'attente
45. Quelles langues parles-tu ? Toutes
46. Quelles sont tes attentes envers l'avenir ? Qui est-ce ?
47. Préfères-tu l'été ou l'hiver ? Le Printété (cf inspiré de la réponse de @FannyO2R@)
48. Aimes-tu rencontrer de nouvelles personnes ? De nouveaux félins, non, pas vraiment
49. As-tu des habitudes ou des manies particulières ? Le déchiquetage de proie
50. Quelle est la leçon la plus importante que tu aies apprise dans la vie jusqu'à présent ? Ce que je vis me ravit
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Défi
SECON DINA


- Monsieur, je crois que j’ai besoin d’aide.
Son regard effrayé, perdu, sa vulnérabilité, son appel au secours, je sens ma carapace se désintégrer en une seconde. J’ai déjà tout perdu mais il semble qu’il me reste un petit bout de chance. Je pense à Myriam. Mes poings s’ouvrent. Ma mâchoire se desserre et je soupire :
- Ok, t’as gagné.
- Euh… j’ai gagné quoi ?
- Une intervention expresse : tu me dis ton prénom, ton souci et moi je me transforme en un guerrier intrépide, je balance deux ou trois gnons à ton souci, on récupère le diamant ou le fric et on se fait la belle, qu’est-ce que tu en dis ?
Un pâle sourire tente de conquérir son visage. Je ne sais pas pourquoi j'ai dit tout ça, surement pour la faire se marrer. Surtout pour ne plus voir la tristesse lui manger les yeux.
- Tina, je m’appelle Tina. Et t’as raison j’ai pas encore 18 ans.
- Mais je n’ai rien dit…
- Je sais entendre ce qui n’est pas dit.
- Impressionnant Tina. Moi c’est Joseph, et lui c’est Jojo.
- Enchantée vous deux. En fait mon beau-père est mon souci. Ma mère ne nous ramène que des types chelous, qui ne tiennent pas la route, des loosers méchants.
- Nous ?
- Mon petit frère, Jason et moi. Et ce type immonde, il ne pense qu’à deux choses, essayer de me tripoter dans les coins et filer des trempes à Jason pour rien.
- Et ta mère, elle dit rien ?
- Ma mère, elle dit jamais rien. Elle préfère ses mecs à ses enfants. C’est pour ça que je suis partie, je n’en pouvais plus. Mais j’ai besoin d’aide pour Jason. Pour moi c'est bon, je gère.
J’ai déjà assez de problèmes pour m’en rajouter un autre. Je ferai bien de me tirer et déposer cette gamine au commissariat le plus proche. Mais j’ai ouvert les mains et je me sentirais moins que rien, moins que ce que je suis déjà, si je ne me bougeais pas pour Tina.
- Allez, on y va, montre-moi le chemin. On va chez toi.
- T’es sérieux ?
- Ultra sérieux, le guerrier est prêt.
Je ne suis ni prêt ni préparé à faire quelque chose d’aussi insensé. D’ailleurs que vais-je faire ? Tabasser le beau-père uniquement sur la déclaration d’une petite paumée ? Et puis après que va-t-il se passer pour Tina et Jason ?
On a marché un bon moment tous les 3, Jojo était plutôt content de cette expédition. Moi, en revanche, j’ai commencé à douter et avoir mal aux pieds.
- Tu sais, t’es pas obligé…de m’aider.
- Purée, mais t’es télépathe ou quoi ?
- Téléquoi ?
- Euh..
- Allez, j’te fais marcher. Moi aussi j'aime déconner.
- Pour marcher, ça tu me fais bien marcher !
- Bon, ben c'est bientôt fini la rando , on arrive, tu vois c’est cette maison-là. C’est chez moi.
On y est. Il ne s’agit pas de se dégonfler. Tina compte sur moi. Et Jojo me regarde interloqué. Il se demande ce qu’on fout là.
Je tape à la porte, trois coups décidés, Tina et Jojo protégés derrière moi. Une femme débraillée ouvre et j’aperçois derrière elle un grand costaud avec un regard mauvais. Il éructe :
- Alors qu’est-ce qu'il veut le zonard ?
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SECON DINA
Les mots ont une vie comme vous et moi, ils sont des bébés, puis des enfants, des adolescents, des adultes et puis...comme vous et moi ils s'effacent en laissant des traces, des mémoires.
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Défi
SECON DINA

Quand nous sommes arrivés dans la maison d'hôtes, tout semblait parfait. Une maison rustique, bien décorée, toute en pierre, avec des voûtes et des coins et des endroits un peu sombres mais bien éclairés, rassurants.
Notre chambre était contigue à une chambre fermée à clé. Les autres chambres étaient inoccupées. La propriétaire vint nous prévenir après un repas fort sympathique qu'elle était obligée de s'absenter et nous priait de l'excuser de nous laisser pour les jours à venir.
Oh ! Pas grave, au contraire, nous étions ravis d'avoir la maison à nous seuls.
Le premier soir fut parfait, champagne, poulet rôti et patisseries fines. J'ai même regardé une série dans le grand salon froid, allongée sous un plaid, sans une once de peur. Mon mari était parti dormir car il avait conduit une partie de la journée.
Le deuxième soir je fis un cauchemar immonde et traumatisant. Je me réveillais en sueur, me levais et suivis un couloir obscur au bout duquel les jumelles de Shining m'attendaient les bras dans le dos, un sourire mauvais plaqué sur leurs faces de démons. La peur se diffusa dans mes veines et je jetais les couvertures au bas du lit, le coeur en ébulition, j'avais rêvé que je m'étais réveillée !
Au matin je dis à mon mari que j'avais mal dormi, la maison d'hôtes me sembla fort étrange tout à coup. Nous partimes visiter les alentours et le troisième soir nous fîmes un repas léger au son cadencé du reggae entêtant de Bob Marley. Nous étions en train de rire d'une blague idiote quand tout à coup nous entendîmes une dégringolade d'objets qui semblait venir de la chambre fermée à clé.
Une frayeur absolue nous paralysa sur nos chaises. Nos coeurs se figèrent ainsi que nos respirations. Et nous vîmes descendre de l'escalier de pierre dix personnages fantomatiques, Edward aux mains d'argent, deux fantômes aux yeux de tombes, trois feux follets à têtes d'épingles, deux jeunes mariés tout juste décédés et bien sûr les deux jumelles de Shining. Tout ce petit monde vint nous entourer en raclant les chaises pour se serrer contre nous avec leur haleine de cimetiere.
Mon coeur avait cessé de battre et je ne respirais plus. Mon mari avait les yeux exhorbités et nos hôtes riaient avec des bouches pleines de dents acérées.
Les jumelles de Shining ont dit une phrase en même temps, cela sonnait comme une comptine de film d'horreur " Et ils étaient douze à table, la famille devait se rétrécir à dix, qui seront les deux qui seront appelés à devenir des ombres ? "
- " Comme nous, comme nous, comme NOUS ! "
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Défi
SECON DINA

Le défi, si vous le relevez, est simplissime. Tomber droit comme un I. Pour défier les lois. Ne pas regarder en bas. Vous serez vêtus d'un pardessus austère et coiffé d'un melon. Au sol vous fondez comme des flocons.
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Défi
SECON DINA

Il avait envie de dire des conneries, peut-être parce qu’il avait un peu bu, peut-être aussi parce que les conneries lui venaient de façon directe dans le cerveau alors que les autres pensées, plus profondes, plus dérangeantes, ne faisaient que passer mais ne s’arrêtaient jamais dans ses réflexions. Et c’était pas plus mal, il en aurait eu des insomnies.
Il rentra dans l’appart et appela Mégane. Pas un bruit, c’était étrange, elle finissait le job avant lui. Elle devrait être là. Un frisson lui parcouru l’échine à la façon d’une main fantôme baladeuse. Il sursauta :
- Euh…J’ai le hoquet ; je grandis en connerie, dit-il bien fort pour se donner du courage et pour expliquer son sursaut de trouillard.
Personne ne lui répondit. C’était franchement flippant. Il crut entendre comme un grattement dans la salle de bains et s’y dirigea tout à coup confiant, espérant trouvé Mé… Il sursauta à nouveau et glissa dans quelque chose de gluant, couleur chocolat rose, en criant :
- Eh, eh…Mieux vaut pas sauter dans la merde ; ça éclabousse.
C’était pas de la merde, c’était du sang en paquet, du sang en gelée, un truc immonde. Il s’étala direct dedans en hurlant encore une connerie, ça lui sortait de la bouche sans qu’il puisse se contrôler et ça lui donnait l’espoir de maîtriser quelque chose dans ce bourbier de cauchemar :
- Beurk, Dégueu ! …Des fois, j’me lève, et d’un coup, j’suis debout.
Et là, à quatre pattes dans la mélasse rougeasse, il vit le corps de Mégane, tout désarticulé, inséré dans le meuble sous l’évier !
- AAAAHHHAAHHH !!!! Mais bon sang, qu’est que….C’est pas possible.
Il n’arrivait pas à se relever, il glissait, il patinait, il dérapait. A ce moment là de sa déroute il entendit une voix. Une voix qui était la sienne, qui pérorait, qui jacassait, en étouffant des rires idiots entre deux aphorismes à la noix :
- Moi, voyez-vous, disait la voix, je suis très famille quand c’est pas la mienne. Et là il faut bien dire que c’est un peu ma famille sans l’être vraiment, c’est ma voix autant que la tienne mon gars. Et je sens moult conneries qui fourmillent derrière mes yeux et qu'attendent que j'ouvre ma gueule pour s'épancher, alors je peux faire ce que je veux, pas vrai ? En fait, en fête devrais-je dire, euh…eh bien… Je crois que la vie est adepte de l’humour noir...
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Défi
SECON DINA


Ils sont partis avec des chars fleuris mais avec des armes aussi. Ils étaient heureux ou du moins ils en avaient l’air. Les enfants suivaient regroupés dans des chariots un peu plus loin. On ne sait jamais.
Quand ils sont arrivés dans la plaine d’argent, le souffle du vent les attendaient avec violence et détermination. Leurs longues nattes s’élevaient à l’horizontale au-dessus de leurs casques.
Au fond du vallon se tenait l’armée extérieure, les chevaux fumants étaient prêts à fondre sur l’ennemi qui venait d’arriver, prêts à piétiner s’il le fallait.
L’assaut fut lancé on ne sait plus par quel côté, l’affrontement fut bref, sanglant, un chaos meurtrier, une histoire mille fois répétée.
Les enfants des deux côtés regardaient le massacre en se tenant les mains, les larmes coulaient et les espoirs s’amenuisaient.
- Et si demain n’était pas la réplique d’aujourd’hui ? cria Rahan-le jeune. Nous pourrions vivre en harmonie, vous et nous, dans la plaine féconde. En oubliant le chaos de ce jour funeste qui a tranché dans nos chairs nos pères et nos mères.
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Défi
SECON DINA


Elles se sont installées à partir des années 20, de 2020 exactement. Juste après la première pandémie mondiale.
Les Panuries sont le mélange anxiogène des pannes et des pénuries. Elles se succèdent à répétition. Comme des boulets de canons dans la gueule des terriens.
Puis les cyberattaques ont frappé plusieurs fois par jour sur tous les fronts, états, systèmes de santé, banques mondiales.
L’organisation des pays n’a pas tardé à s’effondrer comme un soufflé au fromage. Dans les années 60, 2060 exactement.
À ce moment là du chaos, les dieux désabusés et les anges tous paumés se sont réunis sur le mont fondant pour prendre une décision.
- Il faut redonner Espoir à ces petits humains, tonna le Dieu Tonnerre-et-page-de-pluie
- J’avais bien dit que je ne voulais plus en entendre parler, siffla un Dieu asthmatique sur un nuage déchiré.
Dianesse arriva en scooter des airs. Elle adorait tester les expériences humaines.
- Oh, désolée de te clamer ça, Bronchiste, mais ce sont les humains qui n’entendent plus parler d’espérance. Ta pandémie machin-truc, celle que t’as balancée pendant des années et les Panuries qui ont suivies les ont essorés comme des chaussettes trouées. Plus une goutte d’idéal dans leurs cerveaux à moitié grillés.
- Ah d’accord, et je suis responsable aussi des températures extrêmes, peut-être ? Ils sont assez idiots pour se détruire tout seuls, comme des grands, des presque-dieux.
- Peut-être, Bronchiste, peut-être. Mais bon, trêve de chamailleries céleste. Et si on leur balançait une mythologie pour les réinitialiser ?
- Ouais, une mytho, une mytho ! couina Neufzilopichli en dérapant sur un flocon de plume. Mes arrières-grands me disaient toujours que l’eau précieuse devait couler.
- Les humaines se nettoient le visage à l’Eau Précieuse, précisa Adolescentina en descendant d’une corde de rêve.
- Ce n’est pas la même eau Tina, celle-ci c’est le liquide sangueux qui inondent leur corps. Et je propose un grand sacrificium pour que les terriens continuent d’exister.
Dianesse soupira
- C’est toujours pareil avec vous les dieux, vous ne pensez qu’à la guerre, qu’à la douleur, qu’à la destruction. Vous partez d’une bonne idée et vlan, vous faites tout foirer à chaque fois. Vous parliez d’ Espoir mon cher Tonnerre et ça finit en Sacrifice mon cher Neufzilopichli. Allez je me tire. Moi je m’en lave les ailes de vos idées délavées, je retourne sur Vénus.
Les humains entendirent une pétrolette divine déchirée l’astrale cielopée toute salopée par les trainées de foudre cosmico-polluo-stratosphérique…Puis plus rien.
Ils ont bien cru pendant une fraction de milli-seconde que la lumière pouvait à nouveau percer leurs ténèbres puis plus rien…
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