Dans une forêt luxuriante et escarpée, se trouvait l’Imaginaire.

On y pénétrait d’abord par un coin de ville, un endroit éloigné de seulement deux rues de la circulation et du monde en général. C’était une grande allée aux airs rêveurs et étonnement colorée pour qui connaissait la région. Elle semblait être une voie hypnotisant par sa clarté, comme un chemin menant à une forme terrestre du Paradis. Il y avait tout du long de grandes maisons blanches qui paraissaient toujours vides, aux toits rouges surmontés de cheminées en brique éteintes par la saison. La route était bordée d’arbres verts et touffus pour ce début d’été, dont les trois vieilles feuilles du printemps tombaient sur le goudron imparfait du trottoir, ondulé par les racines veineuses de ces baliveaux. Une touche jaunâtre était apportée par un astre chaud, mais non cuisant, de ce milieu d’après-midi, duquel s’échappaient en vitesse des rayons perçants. De rares nuages cotonneux se baladaient, souvent apportés par l’imperceptible brise, dans un ciel bleu simple qui s’éclaircissait au proche horizon. Car au bout – peut-être même déjà à la pointe de votre nez – chuchotait la forêt, connue à cette heure par deux visiteurs.

En tendant l’oreille dans ce qui paraissait au premier abord un silence immuable, il était possible pour les plus grands discrets d’en discerner des bruissements, des craquements, des froissements, des rumeurs, des sifflements, des fredonnements, des susurrements, et même des clapotis… Et pourtant, on ne voyait pas un mouvement qui indiquerait la présence d’un être quel qu’il soit. C’était comme une image dans laquelle on aurait plongé à la recherche de ses moindres secrets et de ses plus petits détails – dont les sons nous parviendraient – sans réussir, cependant, à prouver l’existence d’un être doté d’ailes ou de pattes.

Toutefois, si vous étiez plus attentifs, peut-être verriez-vous ce qui, bambins comme mûrs, fait vibrer les subconscients. Les gens de ce monde connaissent tous l’Imaginaire, en particulier les enfants, mais qui a eu un jour la chance – ou l’audace – de dire s’y être pleinement aventurer ?