
Flora Lynn
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Défi
Fatigue excessive, paralysie. Je suis à court de larmes. Rien ne me rend plus triste que mes pensées. Je crois que mon ange est tombé. Ricanements cruels, jumelles démoniaques sous l’escalier. Misère et utopie s’entrechoquent. Mes pensées bouillonnent, frictions insupportables. Panique générale : je ne me fais plus confiance. Alors je pose les mots. J’apprivoise, je teste mes limites. J’abdique mes peurs, je dompte mes obsessions. Le désordre devient danse, amusement, satisfaction fragile. L’art de m’aimer. Je révèle les éclats de ma douleur. Je parsème mon chemin d’étoiles filantes. Décharge, partage, libération: mon ange peut maintenant voler. Ma poésie, mon firmament, mon exutoire. Mon amie ?
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Caroline n’avait pas eu le choix. Sur ordre de son patron, elle devait assister à ce cours. Son comportement l’avait conduite directement à la case "apprentissage". À l’entrée, un agent lui saisit le bras et scanna le tatouage qui y était imprimé. Elle reçut un badge à son nom et pénétra dans une vaste salle où s’alignaient plusieurs rangées de sièges. Caroline fut l’une des dernières à arriver. Elle repéra une place libre près d’une femme au sourire absent et s’y installa. Malgré la présence d’une centaine de ses collègues, le silence qui régnait dans la salle la surprit. Elle bougea sur son siège rembourré et en apprécia le confort. Les tableaux de Claude et Tom Star habillaient les murs de la pièce. Caroline laissa échapper un petit rire sournois, en dénigrant leurs apparences parfaites. Le sol, d’un orange et vert fluo, offrait à la salle une certaine modernité audacieuse. Jetant un œil à sa montre, elle constata qu’elle avait cinq minutes d’avance. Ses yeux parcoururent les rangées. Sous chaque siège reposait un sac de bienvenue. Elle se pencha et en saisit un, curieuse de découvrir son contenu. À l’intérieur, Caroline trouva un stylo floqué du nom de son entreprise, Standardi
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Pourquoi me dévisages-tu? T’en as pas vu assez ? Qu’est-ce que tu attends de moi ? Est-ce que tu vas vraiment partir comme ça ? Est-ce que j’ai peur ? Est-ce que j’ai mal ? Qu’est-ce qui se cache derrière ton masque ? Et si je faisais quelque chose d'inattendu, tu dirais quoi ? Et si je disparaissais, tu ferais quoi ? Où est-ce que j’irais ? Est-ce que tout ça peut s’arrêter ? Penses-tu encore à moi ? Est-ce que moi, je compte pour toi ? Que se passerait-il si je… ? Pourquoi tu ne m’écoutes jamais ? Est-ce que je deviens folle ? Que ferais-tu si je partais de chez nous maintenant ? Est-ce que tu me retiendrais ? Ou bien tu m’ignorerais ? Finiras-tu par me serrer les poignets ? Pourquoi me dévisages-tu? Quoi, tu trouves que je tourne en boucle, c’est ça ? Quand tout ça va-t-il finir ? Est-ce que je crois encore à notre amour ? Est-ce que quelqu’un d’autre m’attend quelque part ? Est-ce que la vie n’est qu’un simple leurre ? Y a-t-il une autre version de nous ailleurs ? Est-ce que tu souffres autant que moi ? Quelle est la différence entre vivre et survivre ? Est-ce que tu la connais, toi ? Comment peut-on s’en sortir ? Pourquoi, quand on attend un miracle, il ne vient jamais ? Pourq
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Pourquoi n’est-il pas à l’heure ? Les secondes s’égrènent et je crains qu’il m’ait oubliée. J’attends. 12 h 15. Je frissonne en songeant à l’intense attraction qui s’est manifestée hier, lorsque nous nous sommes frôlés pour la première fois. Le vacarme des lieux avait disparu, il n’y avait plus que lui et moi, savourant cette tension palpable. J’aurais aimé qu’il succombe à cet élan passionné en m’embrassant fougueusement, mais je pense qu’il préfère vivre ce moment dans l’intimité. Nous partageons une attirance brûlante que j’attise aujourd’hui en portant une robe moulante rouge, sa couleur préférée. Cette présentation soignée l’incitera sans doute à m’inviter ce soir chez lui. J’en serais flattée. Ou préférera-t-il passer un agréable moment avec moi au cinéma, devant un film d’amour ? Nous n’avons pas encore discuté de ce sujet, mais il aime peut-être le théâtre. Oui, pourquoi ne pas échanger notre premier baiser devant un spectacle. Ou non… un pique-nique dans un parc, avec une bonne bouteille de champagne : ce serait le pied ! Quand il entre dans la salle de pause, mon souffle se coupe. Il est beau, comme toujours. La tenue de travail qu’il porte met en valeur sa silhouette. Je
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— Viens, dépêche-toi, Tim, le Durantozore prépare une attaque ! Je saisis la main de Max. Il se met à courir, son bras élastique traîne sur le sol. Le couloir sombre de l’école s’étire. Nous allons si vite que je perds tout repère. Dans l’embrasure d’une porte, Clémence apparaît. Ses yeux cousus d’un fil noir me fixent avec inquiétude. Malgré sa peur, son sourire reste figé, comme celui d’une poupée. Elle me parle d’une voix pressante : — Dehors, le Durantozore nous attend. Il veut nous anéantir. Il faut le défier et gagner. Toute la classe compte sur nous ! La tyrannie s’achève aujourd’hui ! Un grondement éclate. Les murs vibrent et s’écroulent à mes pieds. Une silhouette gigantesque surgit. Le ciel vert bouteille m’écrase. Clémence me touche le nez et s’exclame : — Soldat, tu es maintenant prêt pour le combat ! Casques en place, carquois pleins sur l’épaule, arcs en main : nous nous approchons de la bête. Autour de nous, une centaine d'élèves crient : — À bas le Durantozore ! Les énormes paluches poilues du monstre frappent le sol. Clémence et moi tanguons quand mon camarade s’effondre. La créature tente de l’attraper, mais le corps mou de Max glisse entre ses doigts. Paniqués, n
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Autour d’un feu, trois amis profitaient des derniers instants d’une soirée déjà bien entamée. — Eh, Tiago, tu te souviens quand Benji est tombé dans la fontaine ? Il se débattait comme une baleine faisant de l’aqua-fit. Benjamin leva les yeux au ciel en secouant la tête. — J’étais bourré… Et sérieusement, tu vas vraiment m’attaquer sur le poids que je faisais il y a quinze ans ? Déconne pas, Dimitri. — Ça sert à ça les enterrements de vie de garçon, se remémorer le bon vieux temps, hein l’ami ? Tiago bâilla bruyamment. La longue marche de l’après-midi l’avait épuisé. — Si on peut appeler "ça" un enterrement de vie de garçon… Désolé Benji, mais faire un trail de 15 km sous le soleil, dormir dans une tente et manger de la viande séchée autour du feu… Je n’appelle pas ça faire la fête. Qu’est-ce que je ne ferais pas pour toi ! C’est fou que dormir dans la forêt soit devenu ta passion. J’ai vu ton équipement, c’est impressionnant, tu as même pensé à la pelle pour enterrer notre merde. Benjamin remua les braises avec un bâton. — Qu’est-ce que tu veux, j’aime la randonnée, le calme de la nature, et je voulais quelque chose d’intime. Je suis content que vous soyez là, les gars! Regardez l
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— J’suis comme un putain de chien enragé. J’te jure, j’vais pas lâcher l’affaire. L’alibi de Marcel Parnaut ? Une foutue blague. Regarder l'émission Fort Boyard avec sa femme ? Tu parles… elle est forcément dans le coup. La vérité est souvent plus compliquée qu’elle n’y paraît, mais j’le sens dans mes tripes, c'est lui le coupable. Pierre ne s’est pas volatilisé comme ça en laissant Claire et les gosses derrière. C’est impossible. Ce carnet, c’est notre unique preuve, notre seule piste. Marcel devait 20 000 euros à Pierre. Et j’en ai vu tuer pour bien moins que ça. L’argent ou le cul comme mobile, c’est pas un cliché, c’est la règle. Quand je lui ai passé les menottes, j’étais sûr de le faire craquer. Mais ce salaud m'a rien donné. Faut lui faire peur. Retourner fouiller la baraque de Pierre. Et mettre la pression à la mégère de Marcel. T'en penses quoi ? — Euh... Papi, Mamie dit que t’es plus dans la police depuis des années. Que tu racontes toujours la même histoire et que, jour après jour… c’est toi qui disparais.
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Non mais sérieux… je les entends rire d’ici ! Alors que moi, je suis coincé dans ma chambre à faire ces fichus exos de physique-chimie. Bla bla bla… je comprends rien. J’écarte les lames de mon volet cassé (merci Robin et son ballon). Je crois que Papa devait le réparer le week-end dernier, mais là, ça se passe comme pour le lavabo de ma salle de bain… je peux toujours attendre. D’ici, je vois la tignasse blonde de Robin, mon pote Phil et une jupe plissée blanche. Nan ?! Me dis pas que Lisa est passée au parc aujourd’hui ! Elle ne vient jamais. Trop dégoûté… Elle est belle et drôle. Si elle apprend que je suis bloqué chez moi, je vais passer pour un bolosse. J’aurais dû écouter Papa quand il m’a prévenu que cette fois, Maman ne rigolerait pas. Ce 6 sur 20 au contrôle du barjo M. Laurent (alias Einstein) aura eu raison de mon été. Même le plan “vacances chez Mamie” devient soudain ultra tentant. Mais c’est trop tard, j’ai hurlé que je n’irai pas. (Bravo à moi…) Je mâchouille la gomme de mon crayon. Dehors, ça rigole toujours. Et là, je vois que Fanny se ramène avec son hoverboard ! C’est pas vrai… Ça fait des semaines que je veux l’essayer. J’hésite, mais je m’en voudrais trop de ne
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Un soir dans la pénombre, Je me surprends à compter les ombres. Le monde s'efface, peu à peu, Me laissant seule, la tête en feu. Les souvenirs s’éveillent, M’éloignent du pays des merveilles. Mon corps vacille dans l’obscurité, Dernier instant de lucidité. Mes pensées se déchaînent, Embarquée dans une épopée soudaine. Bloquée dans les fêlures de mon esprit, Je cherche, en vain, la sortie. Un frisson me rappelle que je respire, J’ignore ce que cette idée m’inspire. Sous la lueur d’un réverbère, Je t’aperçois — et tout s’éclaire.
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Notre camion résiste encore, malgré le manque d’argent lié au chômage. Ah, ce fragile cocon sur roues. Une bagatelle, parfois transformée en rigolade, une mascarade pour alléger les nuits où les insectes s’invitent dans notre couchage : Barnabé, Astérix, Marsupien… Les petits coquins nous toisent pendant nos câlins. Mon mari, paniqué, s’empresse de les sauver, tandis que je retiens mon souffle, prête à les éclater. Une activité amusoire ! Il fait chaud, et nous devons repartir, trouver un parking où nous reposer. Je touche mon ventre, deux semaines de vie en moi, un secret que je ne souhaite plus garder. Mais je n’ose pas le lui annoncer. La sueur sur son front, sa moue hésitante me retiennent encore. Puis, dans son regard, je comprends : le camion ne fonctionne plus. Assise dans la poussière, je lui saisis la main. Corps contre corps, nous respirons ensemble, liés pour toujours par ce futur désiré. Des larmes glissent sur nos joues, tandis que je lui annonce la venue de notre enfant tant attendu. Et dans le creux de mon cou, sa voix roque et fragile murmure : « Tu es mon monde. »
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Une femme oscille entre joie, peur et souvenirs douloureux, sentant une présence rôder dans l’ombre de son bonheur naissant.
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