de Papillon Bleu

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Sur le sable blanc de la plage, Maï dessinait des volutes du bout de son pied chaussé d’une petite sandale dorée.

Sa longue robe blanche traînait sur le sol.

Immortalisez cette image dans votre esprit : une plage de Grèce, le sable pâle aux reflets dorés, la mer turquoise dans laquelle se reflète un ciel sans le moindre nuage.

La scène se prête aux plus beaux contes de fées.

Pourtant...

La robe de Maï était déchirée par endroits. Du sang coulait le long de ses cuisses, et l’étoffe légère était tachée de terre et de rouge.

Son visage, tourmenté, trahissait une douleur intérieure profonde. Elle s’agrippait aux bras, et ses ongles s’enfonçaient dans sa peau fragile en traînées écarlates.

Des larmes silencieuses glissaient le long de ses joues. Elle penchait la tête en avant, le dos courbé, comme brisée par des souffrances trop grandes pour son corps frêle.

Soudain, elle se redressa et s’avança dans l’eau pour se jeter dans les bras d’un jeune homme dont seul le torse émergeait des flots.

Mon amour…

Il prit son visage trempé entre ses mains à la peau dorée et plongea ses prunelles d’un bleu très pâle dans ses yeux noirs.

Princesse… Que t’ont-ils fait ?

Ses lèvres tremblaient. Sa respiration s’accéléra au souvenir des atrocités qu’elle venait de subir. Il la regardait en silence, et son visage se ferma.

Non. Ils ont osé…

Maï éclata en sanglots.

Je suis souillée… Ils m’ont déshonorée, je ne mérite même plus de vivre… J’ai honte de mon corps…
Princesse… Non… Le seul honneur détruit est le leur. Tu n’as rien fait. Tu es victime de leur horreur… de leur haine…
Je ne… je ne serai plus jamais la même… Ils… ils m’ont brisée…

Elle gémit, et sa voix se brisa en même temps que son âme. Elle se glissa plus avant dans les bras de son amant.

Des voix graves, haineuses et bruyantes brisèrent soudain le calme de la plage retirée.

Elle est là, cette pute !
Putain !
À mort !
Elle a déshonoré la déesse !
Quel monstre !

Maï avait été dévouée, dès sa naissance, au service d’Artémis, déesse de la chasse, de la Lune, de la forêt et des jeunes filles.

Troisième fille du roi de Thalasséion, c’était son destin de la servir toute sa vie.

Tout sentiment amoureux lui était interdit, tout autant que toute relation charnelle.

Pourtant, envoyée au temple à l’âge de douze ans, son cœur était déjà pris. Par Alkyôn, une sirène mâle qu’elle avait rencontré au cours de ses promenades solitaires sur la plage.

Les deux jeunes gens s’aimaient d’un amour pur et sincère. Mais… Lui était sirène, et elle, servante vierge de la déesse. Ils étaient condamnés à ne se voir qu’en secret.

Quelques jours plus tôt, ils avaient été surpris ensemble par des enfants du village pêcheur. Ces derniers avaient prévenu les autorités… et Maï fut considérée comme déshonorée.

Mais la destruction de son statut, de sa confiance, de son amour-propre, ne leur suffisait pas.

Le cousin de Maï — qui figurait parmi ses violeurs la veille — banda son arc et visa la sirène au cœur, le visage tordu d’une haine féroce.

Non ! hurla Maï.

Avant que son amant ait le temps de réagir, elle se jeta devant lui. La flèche la transperça en plein cœur, ce cœur si plein d’amour pour lui…

La sirène poussa un hurlement déchirant qui déclencha un orage terrible.

Le grand chêne qui ombrageait la plage depuis des siècles se brisa dans un craquement sinistre, frappé par un éclair furieux.

Avant de disparaître dans les flots rougis en emportant son aimée, la sirène lança une malédiction sur les habitants :

"Vous qui n’avez su accepter l’amour brûlant et la pureté, soyez maudits !
Que vos filles naissent muettes, que vos fils craignent la mer.
Que vos cœurs s’assèchent, que vos nuits soient hantées par ses pleurs.
Plus aucun amour ne fleurira sur vos rivages.
Plus aucun chant ne bercera vos enfants.
Vous avez renié la lumière… alors la mer, à jamais, vous tournera le dos."

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Table des matières

Le chant brisé de Thalasséion

Le feu sous la mer

Sous les racines du pin

Les Marches dorées du Temple oublié

En réponse au défi

Lancé par Papillon Bleu

Les contes ont traversé les siècles, portés par les voix des anciens, les rêves des enfants et l’imaginaire des peuples. Mais un conte n’est jamais figé. Il respire. Il évolue. Il attend qu’un nouvel auteur ose le réinventer.

Ces défis sont là pour cela.

Chaque semaine, un conte ancien ou un mythe célèbre devient le point de départ d’un exercice de réécriture créative. Le but n’est pas de recopier, mais de revisiter. D’oser transformer l’histoire, d’en explorer une autre face, d’en extraire une vérité oubliée ou d’en proposer une version moderne, sombre, poétique, absurde ou intime.

Pourquoi ces défis ?

Parce qu’écrire, c’est aussi dialoguer avec la mémoire collective.
Parce qu’un bon auteur est d’abord un lecteur, puis un inventeur.
arce que réécrire, c’est comprendre. Et créer, c’est libérer.

Ce que tu trouveras ici :

- Un conte ou mythe de départ, avec un cadre précis et des pistes de transformation.

- Des règles claires (longueur, format, consignes).

- Des ressources documentées pour enrichir ta réflexion (origine du conte, interprétations, symboles).

- Et surtout : la liberté d’explorer ton style et ta voix d’auteur.

Premier défi : "La Petite Sirène" – entre vagues et silences

Les règles :

- Réécriture libre :
Tu peux changer l’époque, le lieu, le genre des personnages, les enjeux… Mais le cœur du conte (le sacrifice, la quête d’identité, l’amour impossible) doit rester reconnaissable.

- Pas de plagiat :
Ton texte doit être une œuvre originale. Tu peux t’inspirer librement, mais pas reproduire les formulations ni les scènes à l’identique.

- Format libre :
Nouvelle, scène théâtrale, extrait de roman, lettre, monologue intérieur…
Longueur conseillée : entre 500 et 3000 mots.

- Ambiance au choix :
Tu peux pencher vers la poésie, l’horreur, la fantasy, le contemporain, le futuriste…
Et si ta sirène ne voulait pas devenir humaine ? Si c’était un garçon ? Une créature hybride ? Un robot ? Un rêve ?

- Langue : français uniquement pour ce défi (sauf mention contraire dans les prochains).

1. Hans Christian Andersen (1837) – le conte original

La Petite Sirène n’est pas une princesse Disney.
Dans la version d’Andersen :

- La sirène sacrifie sa voix pour avoir des jambes.
- Chaque pas humain lui cause une douleur atroce.
- Le prince épouse une autre.
- Elle refuse de tuer l’homme qu’elle aime pour survivre et finit par se dissoudre dans l’écume, accédant à une existence spirituelle.

Pistes d’écriture : réécriture tragique, introspective, spirituelle. Que se passe-t-il si elle refuse le pacte ? Si elle choisit la mer ? Si elle vit, mais perd son identité ?

2. Mythologie grecque – les premières sirènes

Les sirènes sont d’abord des créatures mi-femmes, mi-oiseaux, gardiennes de savoir ou de mort.
Dans L’Odyssée, elles chantent pour attirer les marins vers leur perte.

Pistes d’écriture : Et si la sirène était une gardienne d’un savoir ancien ? Si le chant était une malédiction ? Si l’amour était une ruse pour survivre ?

3. Folklore médiéval européen

Au Moyen Âge, les sirènes deviennent mi-femmes mi-poissons, souvent associées à la séduction, au péché, ou à des mariages impossibles.
Parfois, elles sont capturées par des humains et perdent leurs pouvoirs.

Pistes d’écriture : inversion des rôles (l’humain sous l’eau ? la sirène prisonnière ?). Et si c’était une histoire de vengeance ou de révolte contre l’humanité ?

4. Légendes nordiques et celtiques

Selkies : femmes-phoques qui vivent sur terre quand elles retirent leur peau.
Havfrue (sirènes scandinaves) : créatures ambivalentes, parfois bonnes, parfois destructrices.
Si elles tombent amoureuses d’un humain, elles perdent souvent leur voix ou leur liberté.

Pistes d’écriture : inspiration nordique ou celte, sirène masculine, transformation réversible, pactes magiques…

5. Contes orientaux et asiatiques

Dans certaines versions chinoises ou japonaises, des femmes-poissons tombent amoureuses d’humains mais ne peuvent rester sur terre sans danger.
Le thème de la métamorphose interdite ou du lien impossible est central.

Pistes d’écriture : inspiration asiatique, monde onirique, sirène gardienne d’un temple, pacte ancien entre mer et terre…

Commentaires & Discussions

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