Beubarz

de Image de profil de Maxime LionheartMaxime Lionheart

Avec le soutien de  Cabot, Ilsa, Marmotine 
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La lune surplombait la ville de Lille, en cette nuit où les étoiles tentaient de supplanter les lumières de la cité. Alors que les habitants étaient endormis, une femme se mouvait dans la pénombre. Elle sautait d’immeuble en immeuble avec une agilité déconcertante, et finit par s’arrêter en face du musée de la ville. Elle esquissa un sourire, et susurra :

– Que le show commence !

Quelques semaines plus tard, la cohue de la rentrée envahissait la ville de Lorient. Les collèges et les lycées s’activaient à nouveau après deux mois de léthargie tandis que l’université accueillait la future élite de la région. Une jeune femme se tenait devant l’entrée, la fixant sans oser l’emprunter. Elle avait de longs cheveux noirs qui lui tombaient jusqu’en bas du dos, et elle arborait une mine fatiguée qu’elle tentait de dissimuler derrière une paire de lunettes de soleil. Elle serrait fermement son sac en bandoulière, si bien qu’aucun voleur n’aurait pu le lui voler. Après une grande inspiration, elle décida de se jeter dans la gueule du loup et grimpa les marches de l’entrée à la va-vite. Elle emprunta la porte d’un pas décidé mais à peine eut-elle pénétré l'immense hall de l’université qu’elle se figea. En effet, elle se rappela qu’elle ne connaissait pas les lieux et n’avait aucune idée de l’endroit où se déroulait sa prérentrée. Elle se frotta le visage, fatiguée par son manque de discernement, et se dirigea vers l’accueil en marmonnant. Une dame d’âge moyen s’y trouvait. Elle affichait un air blasé et feuilletait un magazine féminin, le tout derrière sa plaque de verre. La jeune femme frappa à la vitre, mais la secrétaire ne lui prêta pas attention et attrapa sa tasse de thé pour en siroter une gorgée. L’étudiante fronça les sourcils et donna un gros coup de poing, ce qui fit sursauter la dame. En colère, elle grogna :

– Vous voulez quoi ? Vous ne voyez pas que j’étais occupée ?!

– J’ai cru comprendre ça en effet, ironisa l’étudiante. J’aimerais juste savoir où à lieu la prérentrée des Lettres Modernes. Et c’est « Chômage » en sept lettres ?

La secrétaire remit ses lunettes, rangea ses mots croisés, se racla la gorge puis plongea dans un immense classeur qu’elle tenait près d’elle. Après quelques secondes, elle se figea puis indiqua :

– 2ème étage, Salle Bermudes, prenez l’escalier sur votre gauche.

- Merci beaucoup ! répondit la jeune femme avec enthousiasme. Je…

– Par contre coupa-t-elle avec un sourire sadique, elle a commencé il y a 30 minutes… En retard votre premier jour, chapeau.

– QUOI ?! Mais… RAAAHHHH !!!

Sans plus attendre, l’étudiante courut en direction des escaliers tandis que la secrétaire redégaina son crayon pour reprendre son activité favorite. No gravit les escaliers quatre à quatre, si vite qu’elle risque plusieurs de glisser sur l’une des marches. Une fois arrivée au deuxième étage, elle pivota sur sa gauche, puis se ravisa et changea de direction quand elle vit un panneau indiquant la salle dans le sens opposé. Elle sprinta sur toute la longueur du couloir, bousculant deux ou trois élèves qui passaient par-là. Lorsqu’elle s’approcha de la salle, elle entendit la voix d’un homme qui énonçait des noms à la chaine. Il faisait surement l’appel, et cela poussa notre héroïne à accélérer la cadence. Elle freina tant bien que mal devant la porte et s’exclama en l’ouvrant :

– Me voilà ! Me voilà...

Tous les regards se posèrent sur elle. Le professeur plongea dans son cahier, puis dit sur un ton ironique :

– No je suppose. En retard votre premier jour, c’est ce que j’appelle un exploit.

– C’est marrant, j’ai l’impression d’avoir déjà entendu cette phrase, souffla-t-elle.

- Vous avez dit quelque chose ? interrogea le professeur de sa voix caverneuse.

– Nan mais vous savez, balbutia No. Les bus, les bouchons, la lune, Hiroshima. Plein de bonnes raisons de ne pas arriver à l’heure.

– Oui ça va, je connais la chanson, l’interrompit-il en se posant sur sa chaise. Allez-vous asseoir pendant que j’explique le fonctionnement de l’Université.

Honteuse, elle s’avança tête baissée en direction d’une table au fin fond de la classe. Il n’y avait qu’une seule personne à cette dernière, et c’était une fille à lunettes qui regardait sans cesse son portable, tout en soupirant à chaque fois que le professeur ouvrait la bouche. No s’approcha d’elle et lui demanda par politesse :

– Bonjour, je peux m’installer ici ?

L’étudiante se tourna vers elle, la dévisagea, puis soupira de nouveau en prenant un air agacé. No le prit pour un « oui » et s’assit à côté d’elle.

Une fois posée, elle constata qu’elle avait encore réussi à se faire remarquer et que c’était loin d’être le meilleur départ pour une nouvelle vie. Elle souffla avec un air triste et posa son sac sur la table, résignée à subir tout sa vie son éternelle maladresse.

Alors qu’elle déballait ses affaires, elle observa les différentes personnes qui allaient être ses camarades pour l’année à venir.

Il y avait de tout. Des ouesh, des populaires, des babas cools, des gothiques ou même des personnes ordinaires. Cependant, elle remarqua que la gent masculine était peu présente et que donc ce n’était pas cette année qu’elle allait encore trouver quelqu’un. Soudain, une question du professeur la sortit de ses pensées :

– Y a-t-il des spéciaux parmi vous ?

Une grande majorité de la classe leva la main fièrement, et les rares personnes qui ne le faisaient pas se cachaient dans leurs cahiers ou évitaient le regard des autres. Le professeur et ne put s’empêcher de le commenter:

– Vous savez, pour ceux qui n’ont pas de dons, ce n’est pas une tare. Ça ne va pas avoir d’impact majeur sur votre scolarité, cela concerne juste des matières auxquelles vous pouvez assister afin d’obtenir des points supplémentaires. Il ne faut donc pas avoir honte.

Ces mots rassurants n’étaient qu’une façade. La situation des non spéciaux était peu enviable. Dans le meilleur des cas, ils étaient ignorés. À l’inverse, ils étaient les cibles de multiples brimades et autres sévices physiques en tout genre. No poussa un soupir d’exaspération. Elle ne supportait pas ce traitement et n’avait pas hésité à le faire savoir par le passé. Cela lui avait de multiples expulsions de plusieurs établissements scolaires. Mais cette fois, elle décida de ne pas faire de vague, la discrétion étant sa priorité.

Finalement, la rentrée s’acheva et donc les élèves purent se rendre en avance à la cafétéria. Le professeur était tellement content que ça se termine qu’il fut le premier à sortir et à foncer dehors pour fumer sa cigarette. No se leva, et constata qu’elle était la dernière personne à se trouver dans la salle. Alors qu’elle rangeait ses affaires, elle se dit :

– Je sens que l’année va être très longue... Obligée de m’enterrer ici, tu parles d’une vie.

Elle mit son sac sur son épaule et se dirigea vers la sortie lorsque son portable se mit à vibrer. À peine eut-elle décroché qu’une voix de l’autre côté de la ligne hurla dans ses oreilles :

– Alors c’était comment cette rentrée ? Tu t’es fait des amis ?! Faut pas que tu restes toute seule. Je peux venir si tu as besoin.

Les yeux de No roulèrent à l’entente de cette voix et elle parvenait à peine à masquer son agacement :

– Maman, je ne suis plus adolescente. Je peux gérer ma vie seule. Et on va dire que ça s’est passé. J’espère que ça va le faire.

Une discussion s’engagea entre la mère et la fille, et No marqua une pause devant la sortie. Après quelques secondes, elle sentit une présence derrière elle. Elle regarda dans la vitre mal lavée face à elle, et vit une forme se dessiner dans son dos. C’est à ce moment qu’elle entendit :

– J’aimerais passer s’il vous plait.

La jeune femme fit volte-face et grogna :

– Tu ne peux pas attendre…

Elle s’arrêta net. Face à elle se tenait un rouquin barbu avec d’immenses cernes sous les yeux, un visage inexpressif et un regard de psychopathe. Sous la panique elle bégaya, et ne put lui donner une réponse cohérente. Le visage de l’étudiant se fronça tandis qu’il répéta :

– Je peux passer ?

No acquiesça d’un signe de la tête et se décala, ce qui permit à son camarade de quitter la pièce. En le suivant du regard, elle remarqua que plusieurs personnes le fixaient avec insistance et chuchotaient comme des commères. Cependant, elle fut interrompue par sa mère qui aboya dans le combiné :

– No ? Tu m’entends ?! NO !!! ARRÊTE DE RÊVASSER POUR UNE FOIS !

Piquée au vif, elle s’engagea dans une longue dispute avec son interlocutrice qui dura sur toute la durée du trajet entre l’université et son appartement.

No raccrocha devant sa porte d’entrée, et lorsqu’elle l’ouvrit, elle fut accueillie par le jeune chaton qu’elle avait adopté pour lui tenir compagnie en Bretagne. Elle avait loué un appartement dans la périphérie la ville. Elle attrapa son chat, se jeta dans son canapé tout en prenant soin d’allumer la TV, souhaitant s’aérer l’esprit après une journée compliquée pour ses nerfs. Elle stoppa son zapping compulsif sur une chaine d’information en continu et la laissa en fond pendant qu’elle se préparait un encas. Tandis qu’elle attrapa de quoi se faire une boisson chaude, la voix de la journaliste résonna dans son appartement très peu meublé. Elle expliquait que les autorités n’avaient toujours pas retrouvé la trace de la voleuse aux deux millions d’euros dérobés dans une bijouterie, et ce malgré les nombreuses vidéos de surveillance. Elle ajouta qu’elle était la principale suspecte dans le vol des différentes œuvres du Musée de Lille, et dans d’autres affaires similaires depuis environ un an. No eut un rictus nerveux et changea aussitôt de chaine.

Le soir venu, elle sortit de chez elle avec une pelle pliante cachée dans son sac, et se mit à marcher en direction d’un bois non loin de son habitation. Une fois devant cette étendue boisée, elle sortit une carte de sa poche et compta chaque pas qu’elle faisait tout en s’y enfonçant. Après trois bonnes minutes de marche, elle s’arrêta devant un vieil arbre, et commença à creuser devant ce tronc qui semblait titiller les étoiles. Sa pelle heurta finalement un objet métallique. Elle lâcha son outil et plongea ses bras dans le trou. Elle en extirpa une drôle de boite de fer qu’elle ouvrit à l’aide d’une clé attachée autour son cou. Il s’y se trouvait une quantité astronomique de bijoux, qui scintillaient de mille feux à la lumière de son portable. Elle en attrapa quelques-uns, referma le contenant puis le replongea dans le trou qu’elle reboucha aussitôt. Elle quitta prestement la forêt, regarda tout autour d’elle, et s’essuya les mains sur le chemin de retour. Une étrange silhouette la surveillait depuis les toits, No n’ayant aucune idée de sa présence. Elle se figea lorsqu’elle la vit croiser une autre femme qui promenait son chien. L’ombre changea de cible et se mit à suivre l’autre personne tandis que No rentrait chez elle.

Épuisée, elle balança les bijoux dans un coin sa chambre et s’installa dans son lit. Face contre le matelas, elle leva légèrement la tête et posa son regard sur une photo de famille posée sur sa table de chevet. Elle la contempla quelques instants. Le visage de son père était effacé et on ne voyait que sa mère ainsi que ses frères. Elle changea de côté pour la fuir, n’ayant pas envie d’obscurcir ses pensées. Elle finit par s’endormir sans prendre soin d’essuyer les larmes qui coulaient sur son oreiller.

Le lendemain, No se leva de bonne heure afin de ne pas être en retard à son premier véritable cours de l’année. Elle alluma une radio locale sur son pc puis s’installa pour prendre son petit-déjeuner. La présentatrice énumérait les différentes nouvelles de la matinée. La journaliste évoqua notamment la disparition d’une jeune femme d’une trentaine d’années, qui n’a plus donné signe de vie après être allée sortir son chien.

No cessa de macher son croissant et écouta plus attentivement le bulletin, où il fut ajouté que son chien avait été découvert mort dans un buisson, et qu’une étrange matière surnaturelle se trouvait tout autour de lui, et que les autorités compétentes étaient déjà sur l’affaire. La jeune femme éteignit la radio. Elle se rappela avoir croisé une femme qui promenait son chien la nuit dernière, et conclut qu’il s’agissait d’elle. Ses mains commencèrent à trembler, puis s’arrêtèrent. Elle avait de la compassion pour la victime, mais elle n’avait pas le luxe de s’inquiéter pour quelqu’un d’autre. Elle jeta un coup d’œil à sa montre et vit qu’une fois encore, elle était en retard. Dans la panique, elle s’habilla n’importe comment, mit les bijoux dans son sac et claqua la porte de son appartement.

Tandis qu’elle sortait de son immeuble, elle vit un cortège de voitures de police filer à toute allure devant elle. Elle frotta nerveusement son bras gauche et se dirigea vers l’abri de bus le plus proche. Dès l’instant où elle fit assise à ce dernier, un autocar s’arrêta dans la rue d’en face. Elle vit le rouquin de sa classe en sortir, accompagné d’un grand blond vêtu de cuir et un brun de plus petite taille avec des lunettes de soleil. Elle fut surprise de voir l’un des membres du trio armé d’un sabre aussi grand que lui. Sa curiosité attisée, elle songea de longues secondes à les prendre en filature, mais elle céda finalement à la raison et grimpa dans le bus qui l’amenait à l’Université. Après tout, elle n’aimerait pas qu’un inconnu ne la suive alors pourquoi le faire. Elle s’arrêta en chemin afin de vendre ses bijoux dans une boutique de prêteurs sur gages, mais aucune d’entre elles n’étaient ouvertes, ce qui la força à modifier ses plans et donc rejoindre son école avec des bijoux de grande valeur en poche.

Elle arriva à la moitié du premier cours de la matinée, et après s’être excusée une dizaine de fois, elle rejoignit le fond de classe. En sortant ses affaires, elle vit que le rouquin était déjà là en train de tapoter sur le clavier de son ordinateur. Surprenant qu’il puisse revenir aussi vite, car même si c’était un spécial, il fallait être incroyablement rapide pour revenir aussi vite.

Le bruit de son crayon percutant le sol interrompit son questionnement et la poussa à suivre la leçon, tandis que l’enseignant lui jetait des regards assassions.

Les jours filèrent et très vite, une routine s’installa. Elle allait en cours, rentrait chez elle et recommençait le lendemain. Après un certain temps, elle parvint à se joindre à un groupe de filles, après de nombreuses tentatives de rapprochements avec différents membres de sa promo.

Cependant, ces personnes n’étaient pas du tout en accord avec sa personnalité et lui servaient plus de faire valoir qu’autre chose. Elle rêvassait pendant que ses amis s’extasiaient sur des chorégraphies de jeunes coréens. Elle aperçut le rouquin qui parlait avec une autre fille de leur classe. Sans s’en rendre compte, elle observa le duo qui se posa à une table non loin de la leur. Soudain, plusieurs personnes s’approchèrent du jeune homme et commencèrent à le harceler de questions, des questions auxquelles il se contenta de répondre vaguement. Pour se sortir de cette situation, il finit par écrire quelque chose sur un bout de papier pour l’une des membres du groupe, qui s’en allèrent en gloussant comme des groupies. No fit la moue, et demanda en se tournant vers ses camarades :

– Vous savez qui c’est le rouquin à la table d’en face ? Il a l’air connu.

Toutes tournèrent la tête vers l’étudiant sans aucune discrétion, puis l’une d’entre elles dit avec une voix très aiguë :

– Bah, il est dans notre classe, tu devrais le savoir. Il se nomme… heu… je ne sais même pas comment en fait.

– Ouais je sais qu’il est dans notre classe, grogna No. Je voulais juste savoir si c’était une célébrité. Ce n’est pas la première fois que je vois des gens lui demander un autographe.

Les filles se regardèrent, et aucune d’entre elles ne semblait pouvoir lui offrir la réponse qu’elle souhaitait. No ne cacha pas son agacement et marmonna quelques adjectifs peu flatteurs à leur sujet. Soudain, Il se leva, salua son amie et se dirigea vers les étages supérieurs. Sans une once d’hésitation, elle laissa ses amies en plan et se mit à le suivre d’un pas décidé. Elle le poursuivit dans les couloirs de la fac et lui emboita le pas lorsqu’il entra dans une des salles d’informatiques de la faculté.

Il s’assit au fond de la pièce, et elle l’imita, poussant le vice jusqu’à se mettre juste à côté de lui. L’atmosphère devint si pesante autour d’eux que plusieurs étudiants quittèrent la pièce. Le jeune homme tapait nerveusement sur son clavier. Il se sentait comme épier et n’arrivait pas à cacher sa gêne. No quant à elle multipliait les coups d’œil dans sa direction sans aucune vergogne.

Pour une raison inconnue, Elle souhaitait en savoir plus sur cet élève qui était toujours silencieux en cours. Cela ressemblait au début d’un mauvais Shojo, mais ce n’était pas son intention. Il voulait juste comprendre qui il était, qu’est-ce qui le rendit si détaché des autres. L’étudiante essaya à plusieurs reprises d’amorcer une conversation avec diverses méthodes à l’efficacité douteuses, mais rien n’y faisait, il ne lâchait pas son écran du regard. Après de longues minutes qui parurent des heures, No s’apprêtait à enfin dire un mot mais le garçon sauta hors de son siège et quitta précipitamment la pièce sans lui prêter attention.

No resta figé quelques instants, prise au dépourvu par la rapidité d’action du jeune, tandis que les gens encore présents dans la salle jugeaient son comportement. Ne souhaitant pas en rester là, elle agrippa et quitta la salle avec fracas.

Malheureusement, il s’était déjà évanoui dans la masse étudiante qui peuplait l’université. Désabusé elle décida de s’offrir un café pour se remonter le moral. Elle constata en fouillant ses poches qu’une fois encore elle avait oublié son argent chez elle, et plutôt que de demander de l’argent à ses amies, elle décida de s’amuser un peu. Deux personnes passèrent près d’elle, et en une fraction de seconde, No décida qu’elles allaient être ses futures victimes. Sa main droite s’entoura d’une étrange aura blanche, et une fraction de seconde, elle fit les poches d’une des deux étudiantes. Sa victime ne se rendit compte de rien et continua son chemin. No poursuivit son chemin puis se planqua dans l’un des nombreux couloirs cachés de l’immense bâtisse. Fière d’elle, elle admira son butin qui allait lui permettre de se faire plaisir pendant plusieurs jours. Mais une voix masculine vint interrompre son seul moment de satisfaction de la journée :

– Je peux savoir ce que tu comptes faire de ce que tu viens de voler ?

– Oh ça ? C’est vraiment… QUOI ?! Hurla prise la main dans le sac.

Face à elle se tenait le rouquin qu’elle avait tenté de suivre quelques instants plus tôt. Ses yeux étaient fixés sur le portefeuille qu’elle tenait dans les mains. Une seconde suffit. L’effet fut celui d’une simple brise. No constata avec stupeur que l’objet du crime était maintenant dans les mains de son interlocuteur. Ce dernier lui tourna le dos puis déclara :

– Je vais faire comme si je n’avais rien vu. Je vais expliquer que le portefeuille a été trouvé par une âme charitable et qu’on m’a chargé de le rapporter. Quant à toi, je te suggère de ne plus recommencer.

Puis il s’en alla, sans ajouter un mot. No était gelée sur place. Comment quelqu’un avait pu la voir faire ? C’était la première fois. C’était inconcevable. Elle était considérée comme l’une des meilleures dans ce domaine. Sa fierté venait d’être bafouée, et elle ne pouvait laisser cet affront impuni. Tout l’intérêt qu’elle avait pour lui avait disparu, et elle ne souhaitait plus qu’une chose, se venger. Elle pencha la tête hors de sa cachette et le vit dans le couloir en train de discuter avec sa victime Sa colère atteint son paroxysme lorsqu’elle le vit rendre son trophée. Elle ne pouvait plus contenir sa frustration qui se transforma en colère. D’une foulée lente qui devint très vite un sprint, elle fonça en direction du rouquin, et une fois ce dernier à portée de voix, elle hurla de toutes ses forces :

– HEY !

Le garçon tourna la tête, haussa un sourcil, laisser un échapper un « Oh non tout mais pas ça » puis se mit lui aussi à courir. Cela agaça encore plus No qui se décida à ne pas le laisser lui filer entre les doigts une fois de plus. Sous le regard abasourdi des nombreux étudiants, une course poursuite s’engagea entre les deux. Il descendait les escaliers quatre à quatre tandis que No sautait par-dessus les barrières pour parvenir à refaire son retard. Il se mit à zigzaguer entre les étudiants pour perdre No qui le suivait tant bien que mal, et ce ne fut que sur le parvis de l’université qu’elle ne put que constater son échec.

Il attrapa le bus qui était sur le point de repartir et s’y engouffra sans plus attendre. il fit un signe de la victoire depuis la fenêtre à No qui était arrivée trop tard pour l’y rejoindre, et qui était en train de bouillir tout en le voyant s’éloigner.

Le jeune homme s’affala dans le siège le plus proche, enfila ses écouteurs et laissa sa musique l’emporter afin qu’il puisse se reposer. Mais alors qu’il se croyait enfin tranquille, il sentit une drôle de sensation lui parcourir le corps, une sorte de mauvais pressentiment. Il tourna légèrement la tête, et vit avec effroi que No était toujours à sa poursuite. Elle sautait de lampadaire en lampadaire, tandis que son corps était entouré de la même aura blanche qu’elle avait utilisé auparavant. Bien qu’effrayé, il ne pouvait qu’admirer sa ténacité ainsi que sa capacité à sa mouvoir aussi aisément. Cela continua jusqu’à la gare, ou il pénétra après avoir été le premier à se jeter hors du bus, afin de conserver le peu d’avance qu’elle avait sur No, qui ne lâchait pas d’une semelle.

Pendant qu’il traversait les lieux, la voix du speaker qui annonçait le départ imminent du train résonna dans tout le hall. C’était son seul salut. Son seul moyen de fuir cette folle furieuse. Il se rua vers le premier quai et courut vers le TER qui commençait à allumer ses moteurs. Il grimpa dans la première voiture qui fut à portée, et verrouilla aussitôt la porte derrière lui. Il aperçut No sur le quai, toujours en train de le fixer, ce qui lui donna des sueurs froides. Il s’affaissa dans un siège et s’empressa d’attraper son téléphone portable. Il composa un numéro, et dès que son interlocuteur eut décroché, il dit :

– Allo ? Tu ne vas jamais me croire ! J’ai été suivi ! C’était effrayant... Je te jure... Je n’aime vraiment pas les gens !

Epuisée par une utilisation de ses pouvoirs, No resta quelques instants immobiles sur le quai pour récupérer. Il avait réussi à s’enfuir, et une fois de plus il s’était joué d’elle. Elle s’aperçu que la nuit n’allait pas tarder à tomber, et fit un bref crochet pour récupérer ses affaires qu’elle avait laissé à l’université.

Pour se remontrer le moral, une fois rentrée chez elle, elle s’offrit une pizza comme elle les aime, avec une quantité anormalement élevée de fromage. Lorsqu’elle sortit du restaurant avec son plat à la main, Elle constata que la population avait déjà déserté les rues de la ville, et que la route allait encore être bien longue pour rentrer chez elle. Elle admira les étoiles, et se dit qu’elle avait oublié à quel point elles étaient belles. Soudain, son visage afficha une certaine mélancolie.

Elle se sentait seule dans cet endroit ou elle ne connaissait personne, ou personne n’envisageait son existence. Peut-être elle n’aurait pas dû quitter la grande ville, peut-être elle aurait dû rester à Lilles. Elle commençait à regretter sa décision, et soupira que son père avait surement, qu’elle était incapable de se gérer elle-même.

Avant que la solitude ne la fasse un peu sombrer dans le désespoir, elle referma sa veste et se mit en route vers chez elle, motivée par les différentes odeurs que dégageait sa pizza. La lune était pleine ce soir-là et sa lumière éclairait les ruelles qui étaient abandonnées par les lampadaires de la municipalité. Elle s’engagea dans l’une d’entre elle qu’elle pensait être un raccourci. Mais plus elle s’y engouffrait, plus elle sentit l’atmosphère y devenir pesante, et la température semblait avoir chuté bien en dessous de la normale pour la saison. Soudain, à une intersection, elle entendit un cri suivit d’un craquement sinistre. Elle tourna lentement la tête en direction de l’origine du cri, et masqua aussitôt sa bouche pour ne pas pousser un hurlement.

Devant-elle se tenait une silhouette en lévitation qui tenait entre ses bras une femme au teint blafard et aux dénués de toute vie. Ses bras ensanglantés trainaient sur le sol et la silhouette, en train de l’embrasser, la manipulait comme une vulgaire poupée de chiffon. Soudain, la lueur de la lune s’intensifia, et révéla l’identité de l’agresseur. Il s’agissait d’une femme aux cheveux blancs, avec une énorme cicatrice sur la joue gauche et qui était vêtue d’une robe totalement noire. Au milieu de sa tenue se trouvait un trou qui la traversait de part en part, et un liquide grisâtre s’en écoulait lentement. No pouvait voir quasiment à travers elle, si bien qu’elle arriva très vite à une seule conclusion. Il s’agissait d’un fantôme.

Cependant, la créature n’avait pas encore remarqué la présence de No, et là se trouvait sa chance pour s’en sortir. Elle fit un premier pas en arrière, suivit d’un deuxième et c’est au troisième pas qu’elle commit l’irréparable. Elle posa le pied sur un morceau de verre qu’aucun n’aurait pas détecter à ce moment de la nuit.

Le bruit, amplifié par l’étroitesse de la rue, parvint jusqu’au fantôme qui se stoppa dans sa sombre entreprise. Elle laissa tomber le cadavre comme une vulgaire pierre, et se tourna lentement vers No qui était immobile, paralysée face à cette sinistre créature ?

A la vue d’une potentielle nouvelle victime, la créature poussa un hurlement strident qui fit se fissurer les vitres alentours et fit fuir les nombreux chats des alentours. Elle s’éleva de toute sa hauteur et déclara tout en pointant No du doigt :

– Tu as l’air délicieuse … TON ENERGIE EST A MOI !

Le fantôme s’élança et vola en direction de No qui était encore à moitié sourde à cause de hurlement du poltergeist. Le monstre fit apparaitre dans sa main droite des griffes acérées capable de lacérer la chair de n’importe quelle créature lambda. No finit par se reprendre alors que le fantôme réduisait de plus en plus la distance que les séparait. Ses jambes étaient encore toutes tremblantes, ses muscles endoloris mais elle n’avait pas le choix, sa vie en dépendait. Elle devait encore utiliser ses pouvoirs. Elle concentra le peu d’énergie qu’il lui restait, et s’entoura une nouvelle fois de son aura blanche, a la surprise du revenant qui sentait sa cible allait s’échapper. D’un geste désespéré, elle plongea ses griffes en avant mais c’était déjà trop tard.

D’un bond, No s’éleva de plusieurs mètres dans les airs et prit appui sur l’un des murs des bâtiments entourant la ruelle, pour rebondir sur celui qui lui faisait face. Elle répéta plusieurs fois l’opération pour atteindre les toits et disparaitre du champ du vision de la revenante. Cette dernière se n’était pas avouée vaincu et vola elle-aussi vers les hauteurs. Mais lorsqu’elle les atteint, No n’était déjà plus là, et les badauds alertés par le bruit commençaient déjà à affluer. Sur le point de s’enfuir, Le fantôme vit une carte sur l’un des toits. Il n’y avait aucune photo, seulement un nom, celui de No ainsi que le nom de l’université ou elle étudiait.

- No hein ? chuchota la créature avec un sourire sinistre. J’ai très hâte d’aller t’y rendre une petite visite.

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