L’anomalie d’Hervé LE TELLIER

L’anomalie à mon sens ne devrait pas seulement être le titre de ce roman, l’anomalie est d’avoir attribué le prix Goncourt à ce roman.

C’est dit et il fallait bien que quelqu’un fasse cette remarque !

Ce roman est présenté par les critiques comme un roman de science-fiction. Il s’agit de mon point de vue plus d’un roman d’anticipation que de science-fiction.

L’auteur nous embarque, c’est le cas de le dire, sur un vol d’Air France qui, à quelques mois d’intervalle, atterrit 2 fois à New-York, la 1ère fois en mars et la 2ème fois en juin de la même année, après la même tempête, avec le même commandant de bord, les mêmes passagers et alors que ce commandant est décédé entre les 2 vols et n’aurait donc pas dû pouvoir piloter le second vol. Il en est de même pour un des passagers qui, entre les 2 vols, s’est suicidé.

L’idée du trou spatio-temporel ou similaire se veut nouvelle. Cette idée a pourtant été exploitée maintes fois dans d’autres livres ainsi que dans des films et, la manière dont elle est traitée dans ce roman n’est pas satisfaisante.

Le roman débute avec la présentation d’un nombre choisi de personnages clés qui seront les personnages des 2 vols et l’auteur brosse de manière superficielle les vies de ces personnes, leurs occupations et métiers, leurs états d’âme, leurs personnalités, leurs amours contrariés ou pas, leurs maladies, ….

Le lecteur retrouve les personnages du début du roman en juin, après l’atterrissage du 2ème vol considéré comme « fantôme » mais pourtant bien réel.

Les personnages du second vol sont retenus dans un hangar par le FBI, la CIA, l’armée américaine et d’autres organismes gouvernementaux qui tentent de comprendre ce qui s’est passé en faisant appel à des scientifiques, aux représentants des grandes religions pour d’éventuelles explications par ces représentants qui de plus, auront pour mission de rassurer les populations une fois cette anomalie spatio-temporelle révélée au citoyens du monde.

Cohabitent donc, dans ce hangar, les personnages et leurs clones, ceux du vol du mois de mars, les passagers de ce 1er vol étant entre-temps retournés en France et ceux du vol du mois de juin retenus à New-York.

FBI, CIA ont la charge d’informer les passagers de juin qu’ils ont leurs clones (les passagers de mars) et vice-versa en France et à New-York et que des solutions de « cohabitation » devront être mises en œuvre, un programme de nouvelle identité étant proposé aux personnes qui le souhaitent.

Une histoire de cet type aurait pu, de la part de l’auteur, donner lieu à une véritable réflexion philosophique et psychologique. Tel n’est pas le cas. L’auteur survole son histoire et ses personnages, ce n’est pas totalement nul mais ce n’est ni innovant et encore moins passionnant, parfois un peu simpliste, voire trop consensuel, le livre devant plaire à la majorité. Les personnages sont sans profondeur psychologique ou affective, les descriptions et réflexions sont banales et n’apportent rien de nouveau d’un point de vue littéraire, philosophique ou psychologique.

Un roman qui manque d’épaisseur, d’une analyse profonde de la situation quelque peu ubuesque dans laquelle les personnages sont plongés.

Un prix Goncourt et un succès littéraire peu mérités de la part de lecteurs qui ne sont vraiment pas exigeants quant à la qualité de leurs lectures.