Cité de Lumenaria — 1h12 du matin

Le silence était pesant, presque irréel, dans l’immense salle de cristal noir. Les pas des cinq adolescents résonnaient comme des coups de marteau dans une cathédrale oubliée. Sophie Foster avait le cœur qui tambourinait dans sa poitrine. Chaque battement semblait crier : Tu n’as pas le droit d’être là. Tu n’as pas le droit.
Mais elle avança quand même.

Le socle d’onyx au centre de la pièce semblait attendre depuis des siècles qu’on vienne le réveiller. Dessus reposait un artefact d'une beauté étrange : une sphère argentée, gravée de runes anciennes qui pulsaient doucement d'une lumière bleu pâle, comme si elle respirait.

— C’est de la folie, murmura Fitz à sa gauche, le regard tendu vers les ombres de la salle. Si le Conseil nous surprend ici…

— Ils nous renverront tous à Exillium, termina Keefe, un sourire en coin, mais avec une étincelle d’angoisse dans les yeux. Charmant pensionnat.

— On ne peut pas reculer maintenant, souffla Sophie, les yeux fixés sur la sphère. Tu sens ça ? Elle… appelle.

Dex fronça les sourcils, déjà accroupi près du piédestal, ses doigts passant lentement sur les inscriptions.

— Ce n’est pas un simple artefact de transmission. C’est un liant dimensionnel. Ultra instable, ultra interdit.

— Donc parfait pour une mission scolaire classique, grogna Biana.

La sphère pulsa plus fort. Une onde de magie s’échappa du piédestal, traversant les corps de chacun d’eux comme un courant électrique. Sophie eut un frisson.

Puis un souffle, presque un murmure, s’éleva dans la pièce. Une voix ancienne. Ni masculine, ni féminine. Juste… présente.

"Sang ancien. Deux mondes. Une faille oubliée."

Les lumières s’intensifièrent. Les runes s’animèrent, dansant autour de la sphère. Sophie tendit la main.

Elle ne savait pas pourquoi. C’était instinctif. Elle devait le faire.

Fitz tenta de la retenir. — Sophie, attends ! On ne sait même pas si—

Trop tard.

Ses doigts frôlèrent la surface glacée de la sphère. L’artefact s’illumina d’un coup, aveuglant tout le monde. Puis…

Le sol se mit à trembler.

— QU’EST-CE QUE TU AS FAIT ?! hurla Dex, déséquilibré.

— C’était pas moi ! cria Sophie, la voix couverte par le vacarme.

Un vortex noir s’ouvrit au-dessus du piédestal, aspirant tout autour dans un vent hurlant. Le sol se fissura. L'air devint irrespirable.

— Retirez-vous ! cria Fitz.

Mais l’attraction du portail était trop forte.

Keefe, le premier, fut happé dans la faille, un dernier "WOUHOUUUU !" arraché à sa gorge avant de disparaître.

— Keefe ! hurla Biana.

Sophie sentit ses pieds quitter le sol.

Une seule pensée lui traversa l’esprit : Je crois que je viens de briser deux mondes.

Puis tout devint noir.

Forêt interdite — Écosse, même heure

Harry Potter avait l’habitude des choses étranges.

Mais même lui devait admettre qu’une lumière verte tombée du ciel en pleine nuit, suivie de hurlements dans la Forêt interdite, ce n’était pas une coïncidence. Hagrid lui avait parlé de l’impact en marmonnant quelque chose à propos d’un "œuf cosmique" et d’"énergies perturbatrices".

Harry, naturellement, avait pris sa cape d’invisibilité et était parti seul.

Il avançait maintenant, baguette levée, au milieu des arbres noirs, les bottes s’enfonçant dans l’herbe humide.

— Lumos.

Le faisceau de lumière révéla… quelque chose.

Une silhouette, effondrée contre un arbre, haletante.

Harry s’approcha, lentement, méfiant. Il n’était pas seul. Il sentait qu’il n’était pas seul.

Puis la silhouette leva la tête.

Une fille. Blonde. Plus âgée que lui d’un an ou deux, peut-être. Habillée étrangement — une sorte de tenue semi-élégante, pas du tout moldue, mais clairement pas de Poudlard non plus.

Ses yeux — ambrés, brillants — se posèrent sur lui. Et Harry sentit une chose rare chez lui : une présence. Elle n’était pas normale. Elle était… comme lui. Marquée.

— Tu n’es pas humain, murmura-t-elle, avant de se raviser. Enfin... pas complètement, si ?

— Et toi, tu n’es pas d’ici, répondit Harry sans lâcher sa baguette.

— C’est… compliqué.

Puis le sol vibra de nouveau.

Une explosion magique retentit derrière elle.

Cinq autres silhouettes tombèrent du ciel dans un tourbillon de lumière.

Harry recula d’un bond. Sophie, elle, se redressa brusquement.

— Keefe ! Fitz ! Vous allez bien ?!

— Ça dépend, grommela Keefe en se relevant en grimaçant. Est-ce que “atterrir sur un troll et survivre” est un bon début de journée ?

Fitz regarda autour de lui, stupéfait.

— C’est où, ici ? C’est pas chez nous.

Sophie se tourna vers Harry, toujours figé, baguette levée. Elle s’approcha d’un pas.

— Tu peux la baisser, tu sais. Je crois qu’on aura besoin d’un ami, ici.

Harry hésita.

Mais quand elle posa sa main sur son avant-bras… quelque chose passa entre eux. Une chaleur. Un écho magique.

Il baissa la baguette.

Pas totalement rassuré.

Mais intrigué.

Quelque chose — ou quelqu’un — les avait suivis à travers le portail. Et ce n’était pas aussi amical que Sophie.